• Communiqué de la Ligue des droits de l'Homme
« La LDH prend acte des résultats du premier tour des élections régionales. Constater le niveau historique atteint par le Front national n’enlève rien à la nature de ce parti. Ses dirigeants ont appris à faire révérence à la démocratie. Ils ne sont pas devenus, pour autant, des démocrates. Le Front national continue d’être l’héritier de tout ce que notre pays a pu connaître de détestable dans son histoire, et nul ne doit s’y tromper : sa victoire, fût-ce dans une seule région, aura une résonnance symbolique désastreuse et des conséquences dramatiques pour la vie démocratique, économique, sociale, associative ou artistique de ce territoire.
Mais combattre l’imaginaire mortifère de ce parti suppose que l’on entende d’abord ces milliers d’espoirs déçus ou trahis. C’est d’abord notre impuissance collective à proposer un autre avenir qui est en cause. Cela implique que les choix offerts aux électeurs et aux électrices expriment clairement que d’autres chemins sont possibles. Peut-être encore pire que le Front national lui-même sont ses idées, reprises par les uns et les autres et qui deviennent ainsi une maladie chronique de notre pays.
En reprenant certains des projets du Front national, de manière plus ou moins édulcorée, on accrédite l’hypothèse d’une société repliée sur elle-même, aux libertés surveillées et où chacun sera l’ennemi de l’autre. User de la peur, celle que provoque la violence du monde, l’injustice de notre société ou l’image de l’autre pour gouverner entraîne autant d’illusions à court terme que de désastres pour l’avenir.
Nous avons besoin d’une autre ambition que celle qui consiste à cultiver l’exercice du pouvoir.
Les enseignements à tirer de ces résultats électoraux ne peuvent être de renoncer à nos principes. Mais ceux-ci ne peuvent reprendre le dessus que s’ils sont affirmés sans détours. Nous devons tout mettre en œuvre pour construire un autre projet qui se développe dans une démocratie ouverte et solidaire, inscrite dans le monde et l’Europe et ancrée dans notre pays. C’est notre responsabilité collective ».
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