Une seule question : Votre réaction face aux résultats du Front National aux élections régionales de dimanche dernier ?
• Jean-Pierre Brecq (Saintes) : « Je ne peux pas accepter que le FN fasse des scores dépassant tout entendement dans des communes de Saintonge »
« En tant que militant de gauche et membre PRG de Saintonge, fidèle et respectueux des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de tolérance, je ne peux accepter que le FN fasse des scores dépassant tout entendement dans certaines communes. Ce territoire agricole, peu industrialisé, où les emplois de services et d’administration sont les plus importants ! Le taux de chômage est important, mais pas démesuré par rapport à d’autres secteurs (les jeunes peu diplômés et les séniors sont les plus touchés) et le travail saisonnier est un acteur qui résout de manière temporaire ce phénomène. Le tourisme et l’accueil sont en pleine évolution si les politiques volontaires et innovantes sont entreprises et soutenues par un accompagnement départemental et régional. La formation des jeunes et la réinsertion doivent être encore plus soutenues avec des projets innovants. Les structures existent, encore faut-il les encourager ! Cela peut expliquer ce désaccord exprimé par certains citoyens.
Le flux de population, dite de l’immigration, est relativement faible et s’intègre assez bien. Les métiers du bâtiment, l’hôtellerie et la restauration sont porteurs d’emplois qualifiés. Mais l’offre est supérieure à la demande, donc il y a des pistes sur les formations à mettre en place.
L’offre routière et ferroviaire de notre territoire est très mal utilisée. Les réserves foncières demeurent importantes. Encore faut-il s'y intéresser de manière profitable et non spéculative ! Je ne comprends pas l’inquiétude des citoyens qui pensent que le FN, qui recueille tant de suffrages, pourrait d’un coup de baguette magique pallier des situations. Jusque-là, je n'ai pas eu connaissance de leur part des propositions et des solutions en direction de la jeunesse et du développement économique du territoire... à part d’être contre toutes initiatives en faveur des sujets évoqués.
Les humanistes, femmes et hommes, qui se sont battus pour développer et conserver le bien vivre ensemble sur ce beau territoire avec talent sont vigilants et soucieux des phénomènes actuels où l’insécurité est quasiment nulle. Alors, toutes ces idées véhiculées par ces gens-là n’ont rien à faire dans ce territoire. Dans leurs propos, utiliser la peur, l’anti développement, l’anti social, l’intolérance ne doit pas être loi dans notre Saintonge Républicaine ».
• Michel Souris (Saintes)
« Pierre de Coubertin a dit : L'essentiel n'est pas de gager mais de participer. En tout cas, voilà ce que j'avais mis sur ma page Face Book et mon journal Facebook (avant même de connaître les résultats).
Quand on est démocrate, vaste sujet, et que l'on met un bulletin dans l'urne, on doit être prêt à en admettre et surtout à en supporter le résultat. On peut fermer le ban »...
• Gilles Clavel (Jonzac) : Même pas peur !
« Je n’ai pas peur du Front National. Et comme Jean-Pierre Masseret, candidat du Parti Socialiste dans le Grand Est, je suis persuadé que pour combattre le Front National, il est préférable de l’affronter plutôt que de pratiquer la “politique de la chaise vide”.
La philosophie politique de l’extrême droite n’a pas changé depuis les années 30 et il faudra bien que nos concitoyennes et nos concitoyens, qui ont apporté leurs suffrages au Front National dimanche 6 décembre dernier, prennent conscience qu'il s'agit d'un parti antiparlementaire comme le furent les ligues d’extrême droite qui, le 4 février 1934, mettaient en danger la République.
Pour autant, je ne fais pas confiance à la Droite Parlementaire pour assurer le combat idéologique face aux idées mortifères du Front National. Dans ce combat, elle déjà failli et souvent par complaisance pour celles-ci.
Je suis convaincu que seul le courage politique est audible et qu’il faut que la Gauche Parlementaire continue à porter ses valeurs dans toutes les instances où elle peut être présente ».
• Didier Catineau (région de Saintes) :
La montée logique du Front national
« Au lendemain du premier tour des élections régionales de décembre 2015, chacun s’étonne, s’esclaffe sur les scores inédits du Front national. Mais ouvrez donc les yeux ! Que fait donc ce parti depuis plus de trente ans ? Il surfe avec complaisance sur le mécontentement des Français, joue sur les différences entre communautés, parle d’insécurité dans des lieux où on ignore jusqu’à l’usage des caméras de surveillance et des tasers si rassurants pour certaines catégories d’hommes en arme chargés de nous protéger, déforme les propos de certains pour mieux manipuler l’opinion.
A titre indicatif, dans mon village au cœur de la Saintonge, sur les 300 suffrages exprimés, 130 se sont portés sur la liste Front national. Et pourtant, aucun Islam particulier aux alentours, aucune insécurité qui ne puisse être traitée par la gendarmerie du chef-lieu. Et pourtant, de nombreux électeurs préfèrent porter leur choix sur ce parti qui sait si bien pratiquer la langue de bois ou certains vocables comme « République », « patriotisme », « liberté ».
Ces mots, qui sont aussi utilisés par les autres partis, ne sont pas choisis innocemment. Ils sont la représentation intrinsèque du peuple français dans ce qu’il a de divers tant dans sa richesse que dans ses origines.
Et puis, ces élections régionales ne me plaisent pas. On me demande de choisir des personnes pour diriger une région qui m’a été imposée, qui a été redessinée de manière absolument aléatoire. Où est donc la démocratie dans tout ça ?
Je veux bien choisir des maîtres, mais je ne suis pas un serviteur auquel on impose la demeure dans laquelle je dois aller. C’est aussi simple que cela.
Le parti socialiste, la droite dans toutes ses composantes s’intéressent-elles à mon quotidien ? Que ferais-je quand la capitale Bordeaux m’appellera pour des démarches administratives ? Ai-je vraiment le choix des transports ? Que vont devenir les lycées et collèges qui sont de sa compétence ? Autant d’interrogations qui, il me semble, ne sont pas clairement solutionnées.
Au lieu de débattre de ces vrais problèmes, on préfère faire de la politique tel un terrain de jeu où les quilles se renversent, les alliances évoluent et la morale est bien éloignée de mon sentiment d’appartenance à cette collectivité régionale que l’on m’impose, contre mon gré, sous prétexte d’économies. La belle affaire !
Le Front national a très bien compris tout cela et plutôt que de s’attaquer frontalement aux autres formations politiques qui lui sont opposées, il fait semblant d’écouter les Français, va aller dans son sens, dénonçant et relayant ce mécontentement, ces grondements exaspérés qui se font jour de plus en plus fréquemment. Il ne propose rien de particulier car il veut le pouvoir avant tout, mais il fait semblant d’écouter.
Et les 130 électeurs de ma commune qui ont voté Front national n’ont cure de toutes ces diatribes. Ce qu’ils voient, c’est qu’on les écoute, qu’on leur promet, comme les autres d’ailleurs, mille et une réalisations toutes plus fumeuses les unes que les autres. A cette différence près, c’est que la Gauche et la Droite réunies s’épuisent à se combattre alors que le peuple de base souffre. Et qui écoute cette souffrance, plus que quiconque ? Le Front national, n’en déplaise à tous les fâcheux qui chercheront à me prouver le contraire.
Les électeurs qui votent Front national ont besoin qu’on les aime, ont besoin de se savoir importants. Les jeunes qui votent Front national veulent de la politique concrète et non pas comme actuellement un mouvement confit dans l’inaction et les vitupérations.
Le Front national lui, a promis de les écouter.
Pleurez donc à présent sur ces scores étonnants car ils ne représentent qu’un mécontentement teinté de haine de l’autre et de prises de force à venir.
Dimanche prochain, il y a plus de 50 % de non votants de dimanche dernier qui peuvent changer encore les choses, profondément. Votez blanc ou votez plus traditionnel, mais votez pour une France inventive et raisonnable, innovante mais certainement pas pour le racisme, la peur de l’autre et la terreur de la différence. Je veux bien du changement, mais pas l’incertitude des chemins de misère annoncée par la venue d’un parti qui fera tout pour nous diviser ».
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