Ils en font une tête, les perdants du casting. Ils se voyaient déjà héros du grand film des Régionales selon un système bien rôdé qui s'est toujours vérifié dans le passé : un coup à droite, un coup à gauche selon l'ordre établi du balancier. Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande. What's else ?
Depuis quelque temps, une femme s'invite aux réjouissances. Au départ, elle est arrivée plombée par les déclarations de son vieux père Jean-Marie. Agitateur professionnel - un second rôle - il était le poil à gratter de la scène publique et l'on se souvient de ses déclarations parfois indécentes.
Marine, sa fille, a fait du Front National une voie navigable. Ce parti, généralement constitué d'insatisfaits venant de la droite dure et de l'extrême gauche déçue par ses propres leaders, a progressé.
Egérie de ceux qui boudent les partis traditionnels, elle a tissé sa toile, constitué un réseau et puis elle a surtout bénéficié des œillères de ses rivaux. Ne la prenant pas au sérieux, aucun ne pensait qu'elle pouvait creuser derrière elle un sillon. Ils l'ont déstabilisée, marginalisée, électrocutée, ridiculisée. Comment pourrait-elle faire mieux qu'eux, installés douillettement dans leurs apparatchiks et persuadés de leur supériorité ? La Rome antique avant l'arrivée de Barbares.
Certains se sont encroûtés dans leur rôle au point de couper les ailes aux jeunes pousses qui, pourtant, auraient été bien utiles à la régénérescence de leurs formations ; d'autres ont fait de la politique une profession au point de se damner pour elle.
Marianne est bonne fille. Toutefois, elle est comme la Terre en pleine COP21, elle secoue son échine ! Marianne, c'est la République et les citoyens qui la composent. Des Français fatigués et meurtris par l'actualité, prêts à se serrer les coudes sans pour autant être crédules.
Dimanche, la moitié d'entre eux s'est exprimée aux Régionales, ce qui est bien peu. Certains ont tranché, glissant dans l'urne un bulletin FN alors que ce candidat n'avait même pas fait campagne sur le terrain. Pas une réunion, pas une déclaration ; seules une profession de foi et des affiches.
En dehors de Marion et Marine Le Pen, les électeurs ne savent rien des candidats FN, quels films ils regardent à la télé, ce qu'ils lisent, ce qu'ils aiment ou pas. Inconnus du grand public. Qu'importe, ils les ont choisis « parce les autres, ils les ont assez vus » disent-ils. Et de citer les affaires qui ont éclaboussé des ministres et des personnalités.
En soirée, tandis que le Parti socialiste avait grise mine (à l'exception de la Bretagne et l'Aquitaine Poitou-Charentes Limousin), les Républicains faisaient leur mea culpa : « nous avons entendu le message, les électeurs sont en colère ». Bref, on a pris une bonne gifle. « On a compris, on ne recommencera pas ». Recommencer quoi ? Depuis au moins quinze ans, la modernisation de l'Etat devrait être en marche et la loi sur le cumul des mandats est incomplète. Pour ne pas perdre leurs avantages acquis et leurs vieux serviteurs, les partis ont préféré composer afin de rester le plus longtemps possible aux commandes.
La politique a besoin d'un renouvellement, tout simplement parce que les citoyens forgent leurs espoirs sur de nouveaux visages en symbiose avec leur époque. Pour preuve, les jeunes figurent en premier lieu parmi les abstentionnistes. Pourquoi ? Parce qu'ils attendent d'avoir face à eux des candidats qui leur donnent l'envie s'avancer, de s'engager.
La nature ayant horreur du vide, Marine Le Pen occupe un espace qui réunit la foule des mécontents. La majorité ne célèbre pas Pétain et ne cautionne pas l'extrême droite, elle est en attente de jours meilleurs. Emploi, attentats, migrants…
Dans le rôle du Père Noël 2015, Marine le Pen vient donc de décrocher le premier rôle. Ses détracteurs sont furieux, surtout les Républicains qui pensaient tirer leur épingle du jeu. Les sondages l'avaient dit.
L'après élection sera certainement dure pour Nicolas Sarkozy dont le retour s'annonce plus compliqué que prévu parce que, précisément, il n'incarne pas le renouveau. Pour s'imposer, il devra travailler plus pour gagner plus ! La primaire à droite devrait être cinglante, Alain Juppé n'ayant pas l'intention de s'incliner.
Quant à François Hollande, il a du plomb dans l'aile et il le sait. Après tout, il lui reste la Corrèze où le climat est nettement plus doux. La douceur des collines, la verdeur de paysages.
Quels que soient les résultats de dimanche prochain, Marine Le Pen est en route pour les Présidentielles de 2017. Là encore, elle voudrait être la première. Ils seront nombreux à l'attendre dans la salle de spectacle pour la flinguer. Pas pour elle-même, mais parce qu'elle a révélé leurs faiblesses. C'est là que le bât blesse...
1 commentaire:
Marine Le Pen Père Noël ?...Ou Père Fouettard pour la république et la démocratie ?
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