Ce livre, paru à la Société des Ecrivains, s'intitule "Derrière les volets". Une séance de dédicace est prévue à l'espace culturel du Centre Leclerc de Jonzac le 5 décembre de 15 h à 18 h. Venez nombreux soutenir cet auteur dans sa démarche. Et ouvrir le débat.
• Philippe Bellenger, dans ce premier livre, vous traitez de sujets gravissimes, l'inceste, le viol et la violence dont vous avez été victime et auparavant votre mère. Comment êtes-vous parvenu à libérer la parole ?
• Ce livre a-t-il été long à écrire ?
J'ai mis cinq ans. Pourquoi ? Parce que le fait de l'écrire déclarait des crises d'angoisse, j'avais mal d'avouer ces terribles moments. La douleur ne se guérit jamais même si j'ai suivi une psychothérapie pendant sept ans.
• Dans votre existence, le bourreau n'est autre que votre beau-père. A quel âge ont commencé ses agissements ?
Quatre ans et demi jusqu'à 14 ans. Il avait aussi des attouchements avec ma sœur et mon frère.
• Pourquoi votre mère ne disait-elle rien ?
Ma mère m'a juré qu'elle n'avait jamais rien vu. Toutefois, dans certains cas de violence physique à mon égard, arrivés à la limite, elle intervenait pour calmer son mari. Lequel agissait envers nous quand elle était absente…
• Quand avez-vous brisé le silence ?
A quinze ans, j'ai décidé de le dénoncer. Mon professeur de français se doutait de quelque chose et m'avait dit "si tu veux partir, tu peux venir chez moi". Le déclic, c'est que je voyais mon beau-père faire la même chose avec mon frère qu'avec moi. Je ne supportais pas non plus sa violence : il prenait tous les motifs possibles pour me frapper, y compris devant tout le monde.
• Etes-vous resté traumatisé ?
Tout à fait. Mal-être, humiliation, des mots et des situations que je ne supportais pas, manque de confiance, regard terrible sur la société. J'ai fait des cauchemars longtemps ainsi qu'une dépression. Aujourd'hui, je me reconstruis.
• En devant adulte, vous auriez pu devenir bourreau à votre tour ?…
Je savais que je n'étais pas pédophilie, j'ai eu cette chance. Mes enfants peuvent témoigner, ils savent que ce sont pas des enfants battus, ni malmenés.
• Quel message voulez-vous délivrez ?
Si quelqu'un voit ou se doute de quelque chose, qu'il ne baisse pas les yeux. Il y a des gens qui ne veulent pas voir, on ne veut pas faire d'histoires dans les familles. Il faut abattre ce mur d'hypocrisie, ne pas baisser les bras, avoir la force de prévenir la gendarmerie.
• Le livre commence par les malheurs de votre mère qui, elle aussi, a été violée. Comment avez-vous obtenu tous ces détails ?
J'ai voulu savoir la vérité. Un jour, nous avons eu une vraie conversation. Elle a fini par avouer qui était mon véritable père. Est-ce qu'une situation de viol en amène une autre ? C'est la question que je me pose. Une suite sera donné à ce premier ouvrage, la période de l'adolescence.
• Craignez-vous des réflexions désagréables ?
Pas du tout, je prends la responsabilité de ce que j'ai écrit. J'assume tout de A à Z. Je défends ceux qui souffrent en silence, sans main tendue. Se soumettre au silence, s'obstiner à se noyer dans le regard des autres, vouloir désespérément s'oublier, s'acharner à étouffer sa douleur, activent un feu dévastateur qui nous consume jusqu'à notre mort, les quelques rescapés lambeaux de notre intégrité. Être l'acteur soumis ou un témoin silencieux d'une ignominie ne doit pas nous emprisonner indéfiniment dans nos irréfrénables peurs.
• Derrière les volets, société des Ecrivains, en vente au Centre Leclerc de Jonzac prix 18,95 euros. Copie numérique à la FNAC et Amazon
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