« Tiens, Emmanuel Macron est à la télé ». Savourant une pizza, David abandonne sa spécialité italienne pour regarder « un ministre qui sort des sentiers battus ». Une des olives en tombe de l'assiette. Autour de la table, ses copains partagent sa curiosité : « Macron, on a envie de l'écouter » et puis Laurent Delahousse le passe au crible. Dans ces conditions…
Thomas est le seul à ne pas être enthousiaste : il se moque des élections régionales de décembre, « n'ira pas voter » assure-t-il et pour lui « ils sont tous à mettre dans le même panier ». Le "ils" est sympa car il utilise généralement des qualificatifs moins agréables à l'oreille.
David est à l'opposé, il se sent pleinement citoyen. Du haut de ses 23 ans, il bosse et consomme. Pas beaucoup mais assez tout de même pour s'acheter un smartphone et faire le plein de sa petite auto.
Le reportage présente Emmanuel Macron sous toutes les coutures. Principe de l'émission ! « Pas mal les échanges » s'exclame David. Il veut tout savoir sur le personnage qui revendique son appartenance à gauche, malgré des positions variant de la ligne habituelle du PS. Les 35 heures par exemple. Le sujet est sensible : qu'on puisse les remettre en cause, c'est toucher à Martine ! Blasphème.
Pas facile pour un ministre de dire publiquement son sentiment. Emmanuel Macron le sait bien, mais il a un joker. Son vocabulaire, étranger à la gauche traditionnelle, est utile au Gouvernement qui possède en lui une aile "adroite". Une frange d'électeurs à ne pas négliger. Il incarne ces "leaders " qui ont une vision internationale des affaires, ne détestent pas l'argent et vivent pleinement leur époque dont ils détiennent les codes. Eloignés des bobos dont ils sont parfois les enfants, ils ont un caractère indépendant forgé à l'expérience. Une mutation nécessaire. Le monde a changé et les schémas de l'après-guerre ne sont plus adaptés au XXIe siècle. Et puis Macron a un service après-vente assuré : si de mésaventure il perdait son poste de ministre, il rejoindrait aussitôt la société civile. What's else ?
Il n'est pas né dans le cocon des apparatchiks qui enseignent vocabulaire et attitude à leurs rejetons, du moins aux survivants. La concurrence étant rude, nombreux sont châtiés ou châtrés avant de prendre leur envol. Que d'esprits talentueux ont été sacrifiés sur l'autel d'élus encastrés dans leurs rochers au point de désirer y demeurer une éternité ! Cette sclérose en place est un obstacle à la modernisation du pays.
Lassés, les Français n'attendent plus grand chose de leurs gouvernements successifs. Les promesses du style « travailler plus pour gagner plus » ne semblent avoir bénéficié qu'à Nicolas Sarkozy. Pourtant, ils ne veulent pas décrocher la lune, simplement avoir du boulot, pas trop de problèmes, une vie normale. Qui peut leur assurer cette tranquillité dans un monde où sévit une nouvelle guerre qu'on nomme terrorisme ? Mal dans leur peau, ils se rapprochent de Marine le Pen. A défaut de leur chanter des berceuses, elle tente de les rassurer sur des lendemains meilleurs. Paroles ?
« La France vit dans la crainte et la défiance » reconnaît Emmanuel Macron. Loin du Big Bang, il préconise une refondation du système avec une gauche et une droite ouvertes, des coalitions qui en vaudraient la peine, et une plus large participation de la société civile.
Homme en mouvement, il combat l'isolement qui résulte de fonctions électives consommées sans modération : « on se coupe des réalités, d'autres formes de vie ». Pire, s'organisent autour des édiles « une société de cour contemporaine » qui ne l'intéresse pas. « Il faut avoir un cap, l'expliquer et avancer » souligne-t-il. Encore faut-il ne pas avoir d'entraves…
David est convaincu : « Il n'a pas la langue de bois. J'aimerais bien qu'il devienne président de la République ». Ses copains aussi, Thomas le réticent y compris. Emmanuel Macron déclare que dans 30 ans, il aura quitté l'arène politique. Agé de 38 ans, il a du temps devant lui.
A suivre dans la série "Game of Trône" entre Hollande, Sarkozy, Valls, Fillon, Juppé, Montebourg, Le Maire, Ségolène Royal, Fabienne Dugas Raveneau, Jeanne Journolleau ? Il en manque, non ?
N.B.
Emmanuel Macron sur France 2 |
• Emmanuel Macron a été inspecteur des Finances et banquier avant d'être nommé secrétaire général adjoint à la Présidence de la République de mai 2012 à juin 2014. Depuis août, il est ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique.
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