lundi 2 mars 2015

Politique : « Le cumul des postes s'est mis
à créer des roitelets ou des grands Ducs,
selon l'habileté de l'élu »

Le Front National est en tête des intentions de vote aux élections départementales qui auront lieu dans trois semaines. C'est paradoxal. Les élections locales sont généralement peu politisées et les candidats sans étiquette s'y bousculent, candidats de proximité au militantisme souvent hésitant.
Le Front National a toujours eu beaucoup de mal à remporter un simple canton et voilà que les sondages le donnent en tête avec 30% à 33% des intentions de vote ! Les électeurs du Front National sont donc nouveaux et nombreux. Ils ont envie de renverser la table, comme jadis Pierre Poujade fit élire Jen-Marie Le Pen en 1956 au cri de "sortez les sortants" !
Aujourd'hui, les sortants peuvent pousser de cris d'orfaie, inventer des fronts républicains et faire semblant de défendre la République, ce n'est pas la République qui est visée : ce sont eux ! Certes, c'est terriblement injuste pour beaucoup qui ont accompli leur mandat avec courage et efficacité, mais ce ne sont pas eux qui sont mis en accusation. Ce sont les partis qui ont fini par créer des "carrières politiques " réservées à leurs membres dont c'est devenu le métier.
A l'origine, la représentativité républicaine était bénévole. D'indemnisée, ce qui était bien normal, elle est devenue salariée , si bien que le cumul des mandats a entraîné le cumul des salaires tandis que le cumul des postes s'est mis à créer des roitelets ou des grands Ducs, selon l'habileté de l'élu. Il peut exister, par exemple, une femme parlementaire ayant pour assistant à l'Assemblée Nationale un mari par ailleurs conseiller général, ce qui fait trois salaires ou un président de Communauté de Communes chargeant d'études une société dont son fils est le seul employé.
La multiplication de ces exemples fait désordre. En même temps, la représentation nationale se trouve soumise à la constante pression de l'éxécution des traités signés pour construire l'Europe ou pour organiser le commerce mondial. Or, de nombreux membres ignorent tout de leur contenu qui s'oppose souvent aux mesures à court terme qu'exige la situation économique ou sociale. D'où le fameux « c'est la faute à Bruxelles ». Pourtant, la convergence des politiques économiques et budgétaires est inscrite dans le Traité de Maastricht et elle est indispensable à l'existence de l'euro... François Hollande, pour se faire élire, a fait des promesses qu'il savait ne pas pouvoir tenir et Nicolas Sarkozy, avant lui, avait fait à peu près la même chose.
Alors, on renverse la table et on met Marine le Pen à la place ! On sort les sortants, mais pour faire quoi ? Pour appliquer le programme du Front National, il faut revenir cinquante ans en arrière. Les citoyens sont-ils prêts? En réalité, il faudrait un peu modifier nos institutions : élire un président pour sept ans mais pour un seul mandat ; réduire le nombre de députés qui ne pourraient siéger que deux mandats de sorte qu'ils puissent vraiment représenter les citoyens.

Xavier de Roux

3 commentaires:

Chantal17 a dit…

Vers le vote désespéré…

Selon la Constitution, article 3, " La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. "

En fait, nous sommes nombreux à ne plus, ou ne pas avoir l’impression d’être " représentés " : insuffisance de choix parmi les candidats qui se présentent, flou des programmes, programmes inappliqués, application de l’article 49-3…

Quant aux référendums, ils sont fort rares : en 1992, référendum sur le traité de Maastricht, en 2000 sur la réduction du mandat présidentiel à cinq ans, en 2005 sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe. Seulement 3 en plus de 20 ans !

Tant et si bien que le nouvel article 11 de la Constitution, entré en vigueur le 1er janvier 2015, est passé sous silence ! À l’initiative d’1/5ème des membres du Parlement, soutenue par 1/10ème des électeurs inscrits sur les listes électorales, un référendum peut être organisé.

Avec si peu de considération pour le « simple » citoyen, comment s’étonner dès lors de l’importance du taux d’abstention ? Ou de votes désespérés, en l’occurrence au profit du FN…

Chantal Bourry

Anonyme a dit…

Vers le vote désespéré…

Selon la Constitution, article 3, « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. »

En fait, nous sommes nombreux à ne plus, ou ne pas avoir l’impression d’être « représentés » : insuffisance de choix parmi les candidats qui se présentent, flou des programmes, programmes inappliqués, application de l’article 49-3…

Quant aux référendums, ils sont fort rares : en 1992, référendum sur le traité de Maastricht, en 2000 sur la réduction du mandat présidentiel à cinq ans, en 2005 sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe. Seulement 3 en plus de 20 ans !

Tant et si bien que le nouvel article 11 de la Constitution, entré en vigueur le 1er janvier 2015, est passé sous silence ! À l’initiative d’1/5ème des membres du Parlement, soutenue par 1/10ème des électeurs inscrits sur les listes électorales, un référendum peut être organisé.

Avec si peu de considération pour le « simple » citoyen, comment s’étonner dès lors de l’importance du taux d’abstention ? Ou de votes désespérés, en l’occurrence au profit du FN…

Chantal Bourry

Jean-Paul Négrel a dit…

Excellente analyse !Roitelets et grands ducs...on pourrait ajouter des coucous et quelques rapaces diurnes...Face à cette volière, le citoyen de base est un pigeon à qui l'on impose une caricature de démocratie. L'essentiel n'est-il pas de se retrouver pour très longtemps là où la République est si généreuse, et la rente si importante ? Et d'y propulser le copain (ou la copine) qui en échange a fait quelques promesses ? Cela même au prix du trucage légal des élections à l'issue desquelles la notion de quorum et de représentativité réelle du corps électoral n'est que superfétatoire !

Concernant l'Europe, elle s'autodétruit notamment en se concurrençant elle-même à la faveur des travailleurs détachés, des délocalisations internes, et du «dumping social» . Le TCE imposé de force sous sa forme « simplifiée» ne prévoyait pas et ne prévoit pas une indispensable harmonisation sociale et fiscale à l'intérieur de l'Europe, et même l'interdit !

Le mur est proche ! Les citoyens surfiscalisés, grâce à la scandaleuse «optimisation fiscale» et ses paradis, ces citoyens là, avec ou sans emplois, sont très fatigués ! Le système est vicié, et les emplois et entreprises détruits grâce notamment aux vautours des LBO !

Jean-Paul Négrel
http://www.la-cagouille-libre.fr