Dernièrement, le dr Jean-Claude Beaulieu a animé une conférence aux Archives sur le thème : Secourir, sauver, soigner, au service de santé des armées en opérations extérieures. On ne présente plus Jean-Claude Beaulieu, chirurgien qui a opéré bon nombre de Saintongeais à la clinique Sainte-Anne ou à l’hôpital. Durant quarante-sept ans et demi, il a exercé un métier passionnant, mais pas seulement puisqu’il a été député (où il appartenait à la Commission de la Défense), conseiller départemental et son grade de colonel dans la réserve militaire l’a conduit sur de nombreux champs d’opérations : Bosnie, Afghanistan, Djibouti, Tchad, etc.
Retour sur cette existence bien remplie !
Jean-Claude Beaulieu est né à Payroux dans la Vienne limousine, en juin 1944. La période est plutôt difficile dans cette zone de démarcation où les résistants ripostent à l’ennemi. À peine né, il échappe à un massacre. En effet, les Allemands attaquent un village voisin, Joussé, et le brûlent. Le 4 août, ils tuent toute la population du Vigeant et incendient les maisons : « Ils recherchaient le colonel qui encadrait le réseau et voulaient s’en prendre également à Payroux où je me trouvais avec ma mère, dans la maison de mon grand-père. Les maquisards les ont arrêtés » confie Jean-Claude Beaulieu. Il garde pour Paul Rogeon, le médecin qui l’a mis au monde, une sincère affection. « C’était un homme courageux. Il a soigné beaucoup d’hommes blessés durant la guerre. Je suis resté en contact avec lui très longtemps ».
Jean-Claude Beaulieu passe son enfance à Poitiers où son père est haut fonctionnaire. Il poursuit ses études au lycée Henri IV où il obtient plusieurs prix d’excellence. Féru de lettres anciennes (latin, grec), mais aussi de mathématiques, de physique et d’histoire, il a l’esprit vif. Le proviseur le verrait bien faire Sciences Po et l’ENA. Il choisit médecine. À cette époque, la faculté de médecine de Poitiers est rattachée à celle de Bordeaux. « Ma promotion comptait moins d’une trentaine de candidats » se souvient Jean-Claude Beaulieu qui fait partie des heureux élus avec mention bien.
Dès la première année, il accompagne le directeur de la clinique La Providence dans ses visites aux malades et assiste à des opérations. « J’avais 19 ans. Avec le recul, je m’aperçois que c’était une situation unique ». Reçu au concours de l’externat, il rejoint le centre de traumatologie de Pellegrin, à Bordeaux. En 5e année, arrive celui de l’internat : « il y avait 17 places pour tout le Sud-Ouest. Les épreuves consistaient en quatre heures d’écrit et un grand oral public. Vingt minutes par question devant un jury qui en imposait, sans compter les spectateurs. Cette ambiance provoquait une émotion certaine chez les étudiants ! ».
Jean-Claude Beaulieu tire son épingle du jeu. Il est nommé chef de clinique à l’hôpital Saint-André et assistant à la faculté de médecine qui se trouve alors Place de la Victoire.
| En 1969, le service de chirurgie digestive du professeur Doutre |
Marié depuis 1967 avec Françoise qu’il a rencontrée alors qu’elle est anesthésiste à la maternité de Pellegrin, Jean-Claude Beaulieu a eu l’occasion de faire un remplacement à Jonzac. « Peu à peu, avec mon épouse, nous avons pensé quitter Bordeaux pour nous installer dans cette sous-préfecture de Charente-Maritime. En effet, nous recherchions un établissement à taille humaine. Pierre Ducau, que j’ai rencontré en 1964, y travaillait depuis 1968, après avoir racheté la clinique au docteur Peu Duvallon. Nous avons choisi de nous associer en 1972. Nos relations ont toujours été basées sur le respect et l’estime mutuels ».
| Jean-Claude Beaulieu (à droite) est spécialisé en chirurgie viscérale, orthopédie, traumatologie et gynécologie |
En 1996, une page se tourne. La clinique Sainte-Anne est vendue. Ainsi en ont décidé ses responsables d’un commun accord. La clinique Pasteur de Royan rachète le droit d’exploitation des lits tandis que les murs sont vendus au CH de Jonzac. Aujourd’hui, cet espace accueille le service de psychiatrie la Passerelle : « Pierre et moi-même souhaitions que le bâtiment conserve un usage médical ».
« Autrefois, il n‘y avait pas d’urgences à Jonzac »
À compter de cette date, Jean-Claude Beaulieu intervient à temps plein à l’hôpital de Jonzac. Déjà lointaine est sa première intervention, une appendicite qu’il a pratiquée à l’hôpital des enfants de Bordeaux en 1965 ! Tout au long de sa carrière, les actes se sont succédé et quand il est entré en politique, l’assistance qui participait aux réunions comptait bien souvent d’anciens patients ! Cette proximité crée incontestablement des liens.
« L’accident de l’autoroute de Mirambeau m'a particulièrement marqué. Alors maire, Claude Belot avait décidé, alors que la Préfecture n’y était pas favorable, d’envoyer les victimes sur l’hôpital de Jonzac situé à proximité. Je peux en témoigner. Tout le monde était mobilisé, prêt à soigner les blessés ».
Le chirurgien insiste sur un point : les progrès accomplis en médecine grâce aux nouveaux matériels. Ainsi, les cœlioscopies permettent des interventions plus sûres et de grands progrès ont été réalisés en anesthésie et réanimation. Les durées d’hospitalisation s’en trouvent réduites. L’arrivée du pacemaker a facilité la vie des patients qui souffraient de problèmes cardiaques.
Au fil des années, l’hôpital a fait l’objet d‘importants travaux. « Autrefois, il n‘y avait pas d’urgences à Jonzac. Les médecins généralistes organisaient les gardes et tout se passait bien » remarque Jean-Claude Beaulieu qui a assisté aux évolutions de la profession. « Je n’ai pas compris pourquoi on a changé le système de formation médicale. N’était-ce pas mieux de rédiger et de participer à un oral ? Nos maîtres étaient des humanistes et les cours magistraux nous passionnaient. Nous n’avions pas encore de polycopiés ! ». Jean-Claude Beaulieu a pris sa retraite de chirurgien en janvier 2012.
Parmi ses autres activités, Jean Claude Beaulieu a participé activement à la vie politique. Conseiller municipal de Jonzac, conseiller régional, député, il a été conseiller général du canton de Jonzac. Entre autres, il avait été chargé, par Dominique Bussereau, de développer une coopération entre le département et Wuhan, une ville importante de la vaste Chine.
Colonel de réserve, sur tous les fronts
| Des moment que le dr Beaulieu n'oubliera pas |
L’intéressé évoque ces périodes particulières où peuvent se poser de nombreuses questions : « Servir au travers de l’engagement politique, de l’engagement professionnel, de l’engagement humaniste, permet ainsi de porter un message de foi en l’homme, dans le respect de l’autre. Je crois profondément que la richesse de l’homme dans sa diversité est un chemin, un idéal à poursuivre plutôt qu’une réalité atteinte. Il faut donc, en dehors de tout esprit polémique, en restant simplement nous-mêmes, chercher ensemble les vérités qui éventuellement dérangent et choisir de bâtir ensemble ».
| Intervention en Afghanistan |
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