Cette vente, organisée samedi après-midi à Royan par J.R. Geoffroy et L. Boggero, commissaires priseurs, et le cabinet d'expertise de Philippe Ravon, a réservé des surprises. En effet, un tableau de Jean-Baptiste Perronneau, contemporain de Quentin de la Tour, estimé entre 20.000 et 30.000 euros, a été adjugé 297.600 euros (240.000, plus frais) après une âpre bataille livrée entre deux collectionneurs privés. Le suspense était à son comble dans la salle, le public voyant grimper le prix sur l'écran d'affichage... en se demandant jusqu'où iraient les enchères. Enfin, Me Geoffroy frappa le pupitre du fameux coup de marteau, clôturant l'offre finale. La salle des ventes de Royan se souviendra longtemps de ce moment particulier !
Il s'agit d'un record pour cet artiste du XVIIIe siècle dont la cote n'est généralement pas aussi élevée ! Reconnaissons que le tableau est particulièrement réussi. La notice du catalogue apporte des explications : « Ici est représenté en 1743 Antoine-Charles II Lorimier, jeune officier à la carrière prometteuse et descendant d'une famille de notables parisiens. Immortalisé en buste, de profil vers la gauche mais le visage subtilement tourné vers le spectateur, il est vêtu d'un habit de velours gris, rehaussé de galons dorés, entrouvert sur une fine dentelle qui souligne l'élégance de son rang. Le fond bleu clair, caractéristique de Perronneau, met en valeur le modelé du visage et la noblesse du port. Ce portrait n'est pas seulement une démonstration de virtuosité technique ; il est aussi le témoignage d'un homme à la croisée des destinées de l'Ancien Régime. Né à Paris en 1722, Antoine Charles de Lorimier devient capitaine de dragons, conseiller du roi, et membre de La Chambre aux deniers de Sa Majesté, En 1747, il épouse Marie-Benoîte Auvray de Boismillet, fille d'un écuyer et officier supérieur. A la fin de sa vie, il se retire à Sceaux où il meurt en 1810. Ce pastel fut longtemps conservé au sein de la descendance familiale, transmis par Charles Antoine Lorimier. Né de son union non officielle avec Charlotte Russell, comtesse de Tressan, l'œuvre passa à leur fils Charles-Antoine Ladan Bockairy (1762-1844), puis à sa petite-fille, Mme Jean Soulange-Renard (née Antoinette-Joséphine-Lucie Ladan-Bockairy, 1805-1895). Cette dernière le transmit à son fils, M. Soulange-Renard, qui le céda à Charles Pardinel vers 1907. L'œuvre entra ensuite dans la prestigieuse collection de François Coty, célèbre industriel du parfum et mécène passionné d'art, qui constitua dans les années 1920-1930 une impressionnante collection privée composée de peintures, sculptures, objets d'art et mobilier ancien, principalement exposée dans ses hôtels particuliers à Paris et au château d'Artigny. Ce pastel fut intégré à cette collection à l'occasion de la vente organisée à la Galerie Charpentier (Paris), les 30 novembre-1er décembre 1936, sous le numéro 27 du catalogue, où il figura comme le Portrait d'Antoine Charles Lorimier (ll.). L'œuvre fut ensuite acquise par la vicomtesse Vigier, avant d'être de nouveau mise en vente à Paris, au Palais Galliera, les 2-3 juin 1970, sous le numéro 12 et racheté par Marcel Renard, père de l'actuel propriétaire et descendant du modèle, Antoine-Charles II Lorimier. Parfait exemple du talent de Perronneau à saisir l'intériorité de ses modèles, ce portrait séduit par la précision de son exécution, la fraîcheur de ses coloris et la prestance du modèle ».
Autres grands moments
• Pendule « à la montgolfière » époque Louis XVI, en bronze doré et marbre blanc, montant fuselés cannelés, base trilobée reposant sur des pieds toupies. Cadran marqué de Cronier à Paris. Expert M. Girardot. Adjugé 22 940€
• Tableau de Tsuguharu Foujita (1886-1968). La Contemplation, 1917. Scène champêtre représentant un enfant devant une fleur et un couple devant un oiseau. Encre de Chine noire et peinture à tempera sur papier vergé, signée et située en bas à droite en japonais « Fait à Paris Fujita Tsuguharu » et en français « T. Foujita Paris ». Cette oeuvre a probablement été exposée à la galerie Chéron, rue La Boetie, en 1917, année de son retour à Paris. Cette première exposition, organisée en juin, rencontra un tel succès qu’elle fût renouvelée en novembre de la même année. Expert Philippe Ravon.
Adjugé 43 400 €
• Important vase de forme rouleau en porcelaine de Chine dynastie Qing, époque Kangxi, de la famille verte à décor continu d’une scène de guerriers devant une forteresse, scène probablement tirée du roman des trois royaumes. Expert Fray. Adjugé 20 088€• Sur place, sept téléphones pour joindre des collectionneurs privés (Europe, Chine, Moyen-Orient) ayant voulu participer à la vente, plus Drouot, Interenchères et le public nombreux dans la salle.
Prochaine vente à l'Hôtel des Ventes de Royan
Mercredi 29 octobre à 14 h 15, collections, chasse, bronzes animaliers, pietra dura, maquettes, Swarovski, Tintin, entier fond de maison. Exposition partielle à l'Hôtel des Ventes : mercredi 29 octobre de 9 h à 12 h.
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