jeudi 16 octobre 2025

Académie de Saintonge : Le prix de la Haute Saintonge remis à à Jean-Paul Dous pour Jacques Chardonne 1884-1968, un gentilhomme en littérature

La cérémonie de remise des prix de l'Académie de Saintonge a eu lieu dimanche 6 octobre salle Jean Gabin à Royan. Le prix de la Haute-Saintonge a été décerné à Jean-Paul Dous pour Jacques Chardonne 1884-1968, un gentilhomme en littérature (Ed. L'Harmattan)

Jean-Paul Dous
Rapport de Christophe Lucet : Le quasi effacement de Jacques Chardonne (1884-1968) a amputé le paysage littéraire et intellectuel français d’une figure essentielle. Si ce prix pouvait contribuer à réparer une injustice, ce serait merveille. Car l’œuvre de l’auteur de Claire et des Destinées sentimentales, profonde et légère, précise et détachée, exprime ce que l’esprit français peut avoir de plus subtil et pénétrant, dans un style cristallin, capable d’épouser les facettes de la réalité et les mouvements de l’âme. En 1940, le choix de l’écrivain charentais d’appuyer Vichy et la collaboration au nom d’une certaine idée de la civilisation européenne, voyant dans le national-socialisme triomphant – et non dans les horreurs nazies – une chance de régénérer la France, lui a coûté cher. Mais le rejet dont il a été l’objet après avoir gagné une belle audience dans l’entre-deux-guerres, tient aussi à la nature d’une œuvre qui n’a jamais cherché l’éclat de la parure, préférant le charme discret d’une belle porcelaine et d’un vieux cognac.

Avec une finesse et une justesse dignes de son modèle, Jean-Paul Dous nous entraîne sur les pas d’un écrivain qu’il n’hésite pas à comparer à Montaigne. Loin des fausses grandeurs, attentif à nos élans et nos contradictions, plus intéressé par les tempéraments que par les idées, Chardonne plonge dans le présent pour y dénicher ces instants de grâce qui sont le précieux de la vie. Et après-guerre, de jeunes écrivains emmenés par Roger Nimier ont vu en lui un maître. A notre tour, lisons ou relisons ces romans déroutants, ces essais vivifiants, mais aussi la correspondance étincelante qu’il échangea avec un autre réprouvé, Paul Morand, et qui vaut bien mieux que la réputation sulfureuse qui lui a été faite.


Aucun commentaire: