jeudi 20 septembre 2018

Site Saint-Louis : « la renaissance d’un grand quartier de Saintes » souligne Christian Schmitt

Christian Schmitt est l'élu chargé du site Saint-Louis dont une partie (2,5 hectares) sera confiée à un investisseur privé afin d’y faire des aménagements. Propriété de la ville, les 1,5 ha restants s’insèreront dans un vaste plan de valorisation du patrimoine saintais. A l’heure où les détracteurs au projet de « cession » font entendre leurs voix, l’élu explique la démarche de la municipalité et pourquoi un musée à cet emplacement présenterait des inconvénients...


Vue imprenable sur la ville (© Nicole Bertin)
Visite guidée du site avec Christian Schmitt, élu chargé du projet, et Wolfgang Autexier
Samedi dernier, une quarantaine de personnes ont manifesté contre la vente du site Saint-Louis à des investisseurs privés.
On y notait la présence de plusieurs représentants de la gauche saintaise dont Serge Maupouet, François Elhinger et du conseiller régional Stéphane Trifiletti. Christian Schmitt, élu de la majorité, s’étonne des questions que posent les membres de l’opposition alors que deux réunions sur le sujet ont été organisées au sein de la mairie. « Ils ont été informés. Nous y avons présenté les documents qui pouvaient l’être » dit-il. En effet, la procédure étant en cours, une discrétion entoure le dossier. Cette situation explique pourquoi les plans d’aménagement de Linkcity (filiale Bouygues), société ayant été retenue par la municipalité car « performante tant au niveau du prix de rachat du site que des structures à réaliser », n’ont pas été communiqués publiquement, de même que ceux des autres groupes ayant soumissionné, Duval et Nexity.

Pour mémoire, rappelons que les locaux de l’ancien hôpital ont été acquis à l’époque de Bernadette Schmitt à la fin des années 2000 ; que son successeur Jean Rouger a présenté un vaste projet de réhabilitation du site Saint-Louis résultant d’un concours de jeunes architectes et qu’enfin, l’équipe de Jean-Philippe Machon n’y a pas donné suite pour une raison simple : « la Ville ne peut pas financer 16 millions d’euros ».
Dans ces conditions, comment valoriser le site Saint-Louis où les structures du centre hospitalier, abandonnées  depuis vingt ans, affichent triste mine malgré les couleurs rayonnantes laissées sur les murs par les graffeurs ? Quel état misérable alors qu’il est le lieu le plus emblématique de la cité avec vue imprenable sur l’horizon ? Ouvert dans la journée, il incite à la promenade pour les uns tandis que les autres l’empruntent pour rejoindre les parties haute et basse de la ville. Se balader dans cet espace presque désert a quelque chose d’émouvant, comme si les fantômes du passé surgissaient, ressuscitant avec eux une intense activité médicale, chirurgie, maternité, opérations, consultations. En prêtant l’oreille, on croirait entendre le bruit des ambulances conduisant quelque malade aux urgences. Ambiance surréaliste…

En 2012, les plans du premier aménagement prévu par Jean Rouger, alors maire. 
On remarque l'emplacement particulier du site au cœur de la cité
Les murs de l'ancien hôpital, abandonné en 2007, ont fait le bonheur des graffeurs
Cet immense plateau rocheux, flanqué de falaises abruptes, est un endroit stratégique de par sa position dominante. Lieu de pouvoir depuis des lustres, le logis du Gouverneur, construction la plus ancienne encore visible, a été converti en hôpital dès la fin du XVIIe siècle. Tradition qui s’est perpétuée jusqu’au début du XXIe siècle.

Un véritable promontoire.... et des vignes sur le "palier"
Impressionnant !
Le logis du Gouverneur (sera transformé en hôtel de standing)
Vue de la cour intérieure qui possède deux beaux cèdres

« Les fouilles ont une importance primordiale pour l’histoire de la cité »

Christian Schmitt en profite pour rappeler comment s’opèrent les fouilles, financées par la ville (et qui représentent un investissement certain). Le premier diagnostic a déjà été réalisé. A partir de différents sondages, les archéologues définissent les strates d’occupation, gauloises, romaines, médiévales, etc.
Dès que le permis de construire est déposé (c’est-à-dire que les deux parties, municipalité et investisseur, se sont accordées), sont programmées les fouilles préventives que la DRAC délègue au service d’archéologie de la Charente-Maritime. Si les professionnels sont disponibles, ils interviennent. Sinon, un appel d’offres est lancé auprès de sociétés spécialisées (Inrap par exemple). Les opérations se déroulent sur les niveaux de sols concernés par les travaux. Quand des vestiges importants sont mis au jour, les recherches se poursuivent : « les temps d’intervention des archéologues sont comptabilisés dans le planning » explique l’élu.
Imaginez l'apparition de belles mosaïques, la "tension" va monter d’un cran ! « Tous ces témoignages nous permettront de poursuivre l’écriture de l’histoire de Saintes. Les recherches, effectuées à la Providence, ont révélé une rue gallo-romaine, des magasins, et aussi des éléments du Moyen-Age. Nous ne faisons pas fi du passé, bien au contraire. Saint-Louis est un enjeu important pour la connaissance de la ville, l’emplacement de certains bâtiments, etc ».


Future résidence pour séniors
Bâtiment où seront aménagés des logements par la Semis
Les fouilles terminées, l’investisseur pourra entrer dans la phase concrète selon le cahier des charges établi. Le logis du Gouverneur (non classé) ainsi que la chapelle construite au XIXe siècle seront valorisés. Ils devraient être transformés en hôtel de standing, quatre étoiles. Des commerces sont prévus. Le bâtiment à gauche de l’entrée (côté du place 11 novembre) devrait accueillir une résidence pour personnes âgées tandis que le grand bâtiment situé en face de la Providence abritera des logements sociaux faits par la Semis. « Tout le reste peut être conservé ou démoli par l’investisseur » souligne Christian Schmitt. Si elle est avérée, la destruction des nombreux blocs de l’hôpital sera un titanesque chantier... d’autant que s’y trouve de l’amiante !

Les nombreux locaux de l'ancien hôpital devraient être détruits
... ainsi que cette maison
Profitons-en pour immortaliser ces graffs car ils risquent de disparaître !
Les deux entrées (accès) seront aménagées. La mairie conservera un hectare et demi propice à la découverte de la ville. Le site est inclus dans un futur circuit qui partira de l’Abbaye aux Dames (voire des aqueducs de Fontcouverte) en passant par l’arc de Germanicus, la Charente, la cathédrale Saint-Pierre. Un ascenseur permettra de se rendre sur le site Saint-Louis, d’y admirer le paysage, avant de rejoindre la basilique Saint-Eutrope et l’amphithéâtre.
- Que pensez-vous d’un musée sur le site Saint-Louis ? Christian Schmitt estime que ce n’est pas une bonne idée : « il faudrait tout raser pour accueillir cette immense structure… et tout bétonner »..
Les parkings du 11 novembre sont actuellement destinés aux marchés et stationnement. Ils garderont leurs fonctions avec certaines améliorations. La gare routière pourrait être achetée par la mairie (au Département ou à la Région ?). Des logements sociaux y seraient réalisés avec parking également. Le cours Reverseaux sera transformé « en vrai cours urbain avec création d’un accès vers le vallon des arènes ». La rue Dangibeaud fera l’objet de toutes les attentions. 

Sur la terrasse, le H de l'hôpital pour les hélicoptères. Souvenir, souvenir...
Dans les salles, des matériels médicaux sont encore visibles (ici la maternité)
Si tout va bien, le compromis de vente devrait être finalisé avant la fin de l’année. Et l’élu de conclure : « c’est un beau projet qui permettra à cette friche qu’est devenue le site Saint-Louis de revivre. Il s’agit purement et simplement de la renaissance d’un grand quartier de Saintes »…

La chapelle édifiée au XIXe siècle (sera conservée)
Les vitraux ont été créées par le maître verrier bordelais Dagrand
© Nicole Bertin

• Saint-Louis n’est pas inscrit à l’ordre du jour du conseil municipal du 26 septembre. La réponse de Domaines, quant à la valeur du site, étant arrivée récemment et la commission s’étant déjà réunie, le sujet sera abordé début novembre afin que chaque élu ait étudié les documents. « Sinon, on va encore dire que la mairie ne communique pas » souligne Christian Schmitt. Ceci dit, le site Saint-Louis peut être abordé dans les questions diverses…

• Vu sa position, on comprend que les notables de Mediolanum (capitale gallo-romaine) aient installé leur capitole sur ce site et vraisemblablement des temples (dont l'un dédié à Jupiter ?)

Un promontoire protégé par de hauts murs...
• L’hôpital a quitté Saint-Louis en 2007 pour rejoindre l'ensemble que nous connaissons aujourd’hui. La mairie est propriétaire des anciennes structures (immenses) dont une large partie sera vraisemblablement détruite lors de l’aménagement du site. L’immeuble qui est face à la Providence accueillera des logements construits par la Semis.
Outre les vestiges que conservent le sous-sol, les parties les plus anciennes du Logis du Gouverneur possèdent des détails intéressants dont une croisée d’ogive dans la cave…


Cave du Logis du Gouverneur et néon sur croisée d'ogive !
• Le site a accueilli une forteresse médiévale, puis une citadelle au début du XVIIe siècle à l'initiative du gouverneur de la ville, Louis de Perne. Le cardinal de Richelieu ordonna le démantèlement de ses fortifications. N'en subsiste que le logis du gouverneur transformé en hospice sous le nom d'« hôpital général Louis-le-Grand » en 1656. Les locaux peuvent alors accueillir jusqu'à 150 malades et indigents.
En 1876, l'architecte Eustase Rullier a réalisé les plans de la chapelle. Dans le chœur, les baies sont ornées de vitraux créés par le maître-verrier bordelais Dagrand.

• La mystérieuse église Saint-Agnant : Lors du renforcement de la falaise en 1996, avaient été découverts, en surplomb de la rue Berthonnière, les vestiges de ce qui devait être l’église Saint-Agnant. Des sépultures de l'antiquité, du haut Moyen-Age jusqu'au XIIIe siècle, avaient été "observées". A l'époque, l'archéologue de la ville était M. Buisson. Il semble que le site n'ait jamais été fouillé.

C'est au fond de cette impasse que se trouvera l'ascenseur reliant la partie basse de la ville 
au site Saint-Louis (rue de l'Hospice)

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