Mercredi, lors du conseil municipal, on s’attendait à ce que l’opposition intervienne au sujet du site Saint-Louis. Le public a du attendre les questions diverses pour assister à des échanges plutôt musclés...
Un conseil plutôt "rude" pour le maire Jean-Philippe Machon |
Pourquoi le dossier du site Saint-Louis irrite-t-il les membres de l’opposition et certains Saintais ? La réponse est simple. La municipalité actuelle, dans l’incapacité de concrétiser le projet de l’ancien premier magistrat Jean Rouger (coût 16 millions) a choisi de solliciter des investisseurs extérieurs. Ainsi 2,5 hectares sur les 4 de ce promontoire fameux seront-ils vendus - dès que la décision aura été entérinée le 5 novembre prochain au conseil et les actes passés - à la société Linkcity, filiale du groupe Bouygues.
Ce choix fait grincer des dents, à commencer par l’élue Josette Groleau qui parle de « vente à la découpe ». Le contexte s’est corsé puisqu’une manifestation s’est déroulée sur le site lors des journées du patrimoine. Son objectif ? Expliquer les projets prévus par les responsables qu’on pourrait résumer par cette formule : « dès que les privés auront pris possession des lieux, vous pourrez circuler, il n’y aura plus rien à voir ! ». A voir, c’est précisément ce qui motive les amoureux du patrimoine. Ils aimeraient que ce lieu emblématique reste « saintais » car abritant en ses entrailles les témoignages d’occupations successives, Gaulois, Gallo-Romains et autres générations. Les pouvoirs, qui se sont succédé, ont toujours privilégié cet emplacement et pour cause. Perché sur les hauteurs, il domine les environs et le fleuve. Important quand les époques étaient troublées…
Christian Schmitt (au centre) a du répondre aux nombreuses interrogations de l'opposition |
Bien que ne figurant pas à l’ordre du jour du conseil municipal, Saint-Louis était dans l’air du temps. Au moment des questions diverses, les élus de l’opposition ont regretté de ne pas avoir accès aux informations concernant les appels d’offres des trois groupes ayant soumissionné, Linkcity, Duval et Nexity. La réponse reste identique : « certains documents doivent rester confidentiels tant que la décision n’est pas définitive. Vous avons montré ce qui pouvait l’être ». Et s’il manque certains éléments pouvant être « transmis», ils le seront à qui de droit. D’où la réaction de Josette Groleau : « comment vous sentez vous vis-à-vis des Saintais en maintenant une telle opacité ? C’est un déni de démocratie. Vous allez nous placer devant le fait accompli quand une grande partie de Saint-Louis aura été cédée ». Le maire explique que cette attitude découle des règles de la procédure juridique. Et d’ajouter : « nous sommes impatients de communiquer officiellement les conclusions car il s’agit d’un très beau projet ».
Dans la salle, on brandit des pancartes... |
Un échange musclé s’engage alors entre le maire et François Ehlinger sur la manière dont les deux hommes conçoivent l’histoire de Saintes. Pour le représentant de l’opposition, tout ce périmètre regorge de témoignages anciens : « prenons la gare routière par exemple où vous voulez faire des logements sociaux. A faible épaisseur, vous allez tomber sur une tour médiévale. Chaque pierre porte le signe d’un compagnon. Selon les spécialistes, elle serait aussi importante que celle du Louvre et dans un état parfait. Et pas loin, on devrait identifier l’ancien rempart à un mètre de profondeur environ. Je ne comprends pas que vous ne défendiez pas votre patrimoine. Ce n’est pas supportable. Depuis que vous êtes élu en 2014, votre spécialité est la dissimulation et le mensonge. J’en veux pour preuve la prairie de la Palu où les services de l’Etat n’étaient pas informés de vos intentions et c’est la même chose avec Saint-Louis. Or, vous engagez l’avenir de la ville ».
Cette déclaration recueille les applaudissements de la salle. Jean-Philippe Machon souligne que les manifestations de la salle ne sont pas autorisées : « l’approche des élections municipales de 2020 excite les convoitises et conduits à des excès ».
L'opposition (François Ehlinger, Philippe Callaud, Josette Groleau, Serge Maupouet, Renée Lauribe Benchimol, absente Brigitte Favreau) |
S’ensuit une conversation nettement moins « complaisante » entre François Ehlinger et Christian Schmitt au sujet des fouilles préventives. « Lorsqu'elles ont eu lieu à la Providence où elles ont révélé des détails intéressants, je n’ai vu personne s’émouvoir ou lancer une pétition sur le net contre l’Ehpad en prévision. Le site Saint-Louis est abandonné depuis 2007, date du départ de l’hôpital. Soit on ne fait rien et on laisse l’ensemble devenir une friche, soit on y crée un nouveau quartier avec les moyens dont nous disposons. Il faut également savoir que chaque fouille est destructrice en ce sens où plus on creuse et remue le terrain, plus on déstabilise le milieu » remarque l'élu chargé du dossier. François Ehlinger s’emporte : « Vous dites n’importe quoi. Allez donc au Portugal, à Canimbriga, et vous verrez que les bâtiments mis au jour sont loin d’avoir été détruits par les archéologues ».
Philipe Callaud surenchérit : « Vous savez bien que Bouygues ne fera que des fouilles superficielles et qu’au final, on ne découvrira pas ce qui peut être découvert. Cette vente à un privé est une catastrophe. Si vous aviez agi dans le cadre d’une zone d’aménagement concerté en partenariat avec la Semis, la ville aurait pu garder la maîtrise du foncier ». Accablé par les salves, Christian Schmitt précise que l’ensemble des fouilles est à la charge de la ville et non de l’investisseur. Lesquelles se déroulent où des bâtiments ont été démolis.
Une nombreuse assistance |
• Une idée des échanges : l’opposition à Christian Schmitt et Jean-Philippe Machon : « si vous êtes amenés à vous recycler, pourquoi pas en agents immobiliers ? ». Laurence Henry, remontée avec ses lunettes roses, est encore plus incisive envers le maire à qui elle prédit « une curatelle ». Philippe Callaud préfère calmer le jeu. Notons au passage que Jean-Philippe Machon a gardé un calme olympien…
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