Baignes, une commune dont les habitants ont du cœur |
C'est alors que Bernard pousse la porte de l'établissement : « j'étais venu prendre une bière chez François quand j'ai aperçu Kristian qui semblait totalement désemparé. Il n'avait pas d'argent sur lui. La priorité était de lui porter assistance et nous avons pensé aux numéros d'appel traditionnels, le 15, le 115, les pompiers et les gendarmes ». Chacun se renvoie alors la balle, si l'on peut dire. François et Bernard ont du mal à croire qu'en France, pas un organisme ne veuille s'occuper d'un étranger sans toit. Il est vrai que nous sommes un dimanche ! Jusque-là, Kristian n'a pas réussi à établir un dialogue avec les gens qu'il a croisés : « Tout le monde se méfiait de lui. Pourtant, c'est un gars gentil, pas agressif ».
Parmi les hébergements qu'on suggère à François et Bernard pour lui, se trouve l'hôpital psychiatrique Camille Claudel à Angoulême. Contactés, les services répondent que l'homme n'est pas assez perturbé pour y être conduit. « La gendarmerie nous a conseillé d'alerter le maire de la commune. Nous l'avons joint par téléphone » se souvient Bernard. Or, Baignes ne dispose pas de logement d'urgence pour les personnes en difficulté. On verra demain... mais que faire pour le moment ? Bernard choisit d'accueillir Kristian chez lui pour la nuit : « je n'allais pas le laisser dehors, avec des vêtements mouillés de surcroît. A la maison, il a pris une douche, j'ai fait un grand feu de cheminée et nous avons discuté avec Google Traduction. Il m'a dit qu'il était soudeur et que son souhait était de rentrer chez lui au plus vite ».
Le lendemain, comme convenu avec le premier magistrat, Bernard conduit Kristian à la mairie qui prend les choses en main. « Ses papiers étaient en règle. Il a pris un bus de la SCNF qui l'a acheminé à la gare d'Angoulême pour Paris. Sur un plan, nous lui avons montré comment rejoindre l'Ambassade de Pologne qui était avertie de sa situation. C'est elle qui se chargera de le rapatrier » explique Gérard Deletoile. L'élu n'avait jamais été confronté à une telle situation. François et Bernard non plus et ils ont montré, en s'investissant personnellement et généreusement, que la solidarité n'est pas un vain mot.
Comment Kristian est-il venu jusqu'en France ? Par le biais de sociétés qui recrutent dans les Pays de l'Est en faisant miroiter des emplois lucratifs. Ceux qui tombent dans les mailles du filet déchantent rapidement car ils sont exploités dans la majorité des cas. Il serait arrivé de Pologne à bord d'une fourgonnette où ils étaient entassés une douzaine...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire