Comment parler de Sophie Guilmineau au passé ? Quand la nouvelle de sa mort brutale a été annoncée, nous qui l’avons connue dans une vie "antérieure" avons eu du mal à y croire. Elle s’est éteinte doucement à l’hôpital, évitant des souffrances que cette femme généreuse ne méritait pas. Attachée commerciale à l’hebdomadaire La Haute-Saintonge dont le siège est à Jonzac, elle avait cessé son travail pour raisons de santé. La première pensée va à sa famille, son mari "Titou", ses enfants Sandrine et Audrey que nous avons vu grandir et à son cher Ludovic qui, du ciel, doit reprocher à sa mère de le rejoindre si tôt.
Sophie appartenait au noyau "historique" de la Haute-Saintonge quand cette dernière en était à ses balbutiements. Dans les années 80, Bernard Lévêque, héritier d’une famille d’imprimeurs, avait repris l’entreprise et le journal de son père qu’il s’était empressé de baptiser du nom de « Haute-Saintonge » en clin d’œil au territoire qui s’émancipait. Les choses n’étaient pas faciles car un titre dans une ville, c’est bien, mais deux avec Saintonge Hebdo, c’est déjà plus compliqué. L’heure était donc à la mobilisation des énergies, avec le recrutement de correspondants, et aux nouvelles technologies. C’est ainsi que Sophie, qui arrivait du Crédit Agricole, avait été recrutée au poste de secrétaire. Jeune, déterminée, elle correspondait à ce qui fait la force et l’esprit d’une équipe : une personne sur laquelle on peut compter.
Cette fidélité sans faille, Sophie l’a déployée tout au long de sa carrière même si le secrétariat l’a rapidement lassée (d’autant qu’après les photocomposeuses, les premiers ordinateurs arrivaient sur le marché). Rapidement, elle se trouva fort à l’aise dans le secteur publicitaire, fonction qu’elle conserva durant des décennies. Toujours sur le terrain ! Elle était imbattable pour vendre une annonce, preuve de son professionnalisme, démarchant sans avoir besoin d’arborer une mini-jupe pour convaincre la clientèle ! Elle aimait son job et c’est avec enthousiasme quelle avait décroché le premier prix des commerciales de la SEPL (société que chapeautait Murielle Debouté), voyage qui l’avait conduite avec son mari en Sicile. Ce déplacement, amplement détaillé à son retour, ses collègues ne l’oublieront pas car il avait été ponctué de mésaventures. Voulant se rendre au sommet de l’Etna, un Italien l’avait arnaquée (ce qui est assez classique) et le cratère du volcan était invisible ! Durant des vacances, il en avait été de même autour du lac de Payolle où son mari avait eu des problèmes avec un cheval qui s’était emballé. Durant les longues soirées où nous « montions » le journal à une époque où les maquettes attendaient les écrans, dans la grande salle du 28 Boulevard Denfert Rochereau, combien de fois avons-nous ri de ses péripéties !
Sophie, c’était la joie et la simplicité avec cette dimension supérieure qu’ont certains êtres à ne pas s’attacher à l’aspect matériel. Jamais un mot de travers et une inclination à la tolérance, sans critique envers ses proches sauf quand la hiérarchie lui demandait trop d’administratif ! Elle était discrète, généreuse et curieuse du monde qui l’entourait. Je me souviens personnellement de nos sorties à des festivals de théâtre et d’une quinte de toux persistante en plein Bérénice !
Sa santé, Sophie ne l’a pas vraiment protégée, fumant des "brunes" et profitant du temps présent. Comme si elle savait qu’un jour ou l’autre, elle lui jouerait des tours. Parfois, nous la prévenions : « vous toussez trop, ce n’est pas normal »… Certains l’imitaient pour une prise de conscience. Elle se marrait, préférant en rire de crainte d’avoir à en pleurer. Elle n’a jamais compté sa peine, ni ses heures au volant de sa voiture sillonnant la région. Son employeur pourrait lui décerner une médaille pour son engagement et son implication…
Un matin, le quotidien a basculé et Sophie s’est trouvée en arrêt de maladie, une situation inadmissible pour elle. D’ailleurs, se souciant peu de l’échéance ultime, la cigarette était restée sa compagne, provocation à cette vie qui n’a d’importance que celle qu’on veut bien lui donner. Sophie s’en est allée la même semaine que Johnny Halliday et Jean d’Ormesson. Un signe. Elle restera dans nos cœurs.
Nous adressons nos sincères condoléances à son époux Patrick, ses filles Sandrine, Audrey, ses petits-enfants, Ludivine, Kallie, Jayson, Hailey, à Marie-Noëlle Martini et Freddy Ziethen, sa sœur et son frère, et toute la parenté.
Nicole Bertin et ses collègues des temps pionniers
Les obsèques de Sophie Guilmineau seront célébrées samedi 9 décembre à 15 h 30, en l’église de Guitinières, suivies de la crémation dans l’intimité familiale.
2 commentaires:
très beau texte en son honneur...ttes mes sincères condoléances à sa famille mais aussi une grosse pensée à vous tous qui avez travaillé quotidiennement à ses côtés..
Je viens de lire l hommage a maman je te remercie nicole du fond du coeur tu lui rend le plus bel hommage que j ai lu.
Merci bises sandrine la fille de sophie
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