La Pietà de Chaniers, œuvre de Justin Chrysostome Sanson. La beauté des lignes et des formes est à souligner. |
Abîmée par les déménagements d’un curé qui voulait modifier son emplacement, cette imposante sculpture a subi des dégradations, c’est pourquoi elle a été placée dans un angle de la chapelle latérale, à l’abri des regards. Et pourtant, elle est digne d’intérêt : « ses dimensions lui confèrent une grande solennité » remarquait Odile qui avait éprouvé une sincère émotion en la découvrant.
L’auteur de cette sculpture est connu. Il s’agit de Sanson - Justin Chrysostome Sanson - qui fréquenta l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, séjourna à la Villa Médicis et obtint le Grand Prix de Rome en 1861 pour son bas-relief « Ulysse ramenant Chyséis à son père ». Sa création la plus remarquée fut incontestablement la fameuse Pietà dont la version première a été réalisée en bronze et en marbre. Les deux exemplaires furent médaillés au Salon de 1869 et à l’Exposition universelle de Paris en 1878. Plus tard, des copies suivirent dont l’une, en plâtre, se trouve à Chaniers.
Le socle de la Pietà était brisé en plusieurs endroits ; la jambe gauche du Christ était fêlée et son pied gauche ne valait guère mieux. « Si rien n’est fait, le pied de Jésus risque de s’émietter » s’inquiétait Odile.
Importante, la mission de sauvetage comptait plusieurs volets, du repérage au montage financier qui permet d’honorer les frais occasionnés par la rénovation. L’étudiante devait sensibiliser des mécènes, des entreprises et organiser des manifestations qui lui permettraient de dégager une trésorerie. Elle s’appuyait également sur l’Evêché et la mairie de Chaniers.
Eric Pannaud et Odile Papapietro |
Le Père Bernard de Lisle |
Daniel Bro de Comères, représentant la Fondation du Patrimoine |
Une nombreuse assistance réunie dans l'église |
La délicatesse des traits du Christ |
2017 correspond à la phase opérationnelle. Au début de l’année, des professionnels de la restauration sont intervenus. Il s’agit d’Amandine Perrin, de Bordeaux, dont on peut admirer le travail soigné et Fernando Costa qui a consolidé le socle de la statue. Les services techniques municipaux ont réalisé les derniers aménagements et placé un éclairage.
Lors de l’inauguration, samedi dernier, le premier magistrat a exprimé sa satisfaction : « je suis heureux d’avoir participé à une aventure avant tout humaine, fruit de la volonté forte d’une étudiante, de l’engagement d’une grande partie de la population, d’une restauratrice d’art talentueuse, d’un artisan déterminé, d’une disponibilité des services de l’Etat et des responsables de l’art dans la région et bien sûr du conseil municipal ».
Le père Bernard de Lisle rappela ce qu'est une Pietà, scène douloureuse où Marie enserre Jésus dans ses bras. Outre l’impact émotionnel immédiat, « se dégage de cette œuvre quelque chose de plus profond entre l’homme et son créateur. Cette restauration démontre que le laïc et le religieux peuvent travailler ensemble, c’est un signe dans notre société éclatée » dit-il.
Odile Papapietro fit part de sa joie. Elle a conduit sa quête à son terme : « quand on m’a dit que les travaux de la Pietà étaient terminés, j’ai voulu la voir. Je suis arrivée fin septembre et tout de suite, j’ai pensé "comme elle est belle !". En dehors des considérations esthétiques, elle incarne l’esprit de Sanson qui revit ici à Chaniers. L’art, c’est aussi le geste humain et surtout la transmission du patrimoine aux générations futures ». Sentiment partagé par Daniel Bro de Comères, représentant la Fondation du Patrimoine.
Cette manifestation s’est terminée par un concert donné par les saxophonistes du conservatoire de musique de Saintes.
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