mercredi 21 juin 2023

Jonzac : Hommage de Claude de Rocher à Jean-Marry Doucet

Claude de Rocher et Jean-Marry Doucet ont longtemps travaillé ensemble. « Nous étions les plus vieux piliers du Service du Cognac » souligne Claude de Rocher qui rend un vibrant hommage à « un maître, un ami, presque un frère »


« Adieu Jean-Marry, adieu à tous les bons moments passés ensemble, adieu aussi aux galères ! Nous sommes toujours restés solidaires.

Lorsque je suis arrivé à Jonzac, en 1972, célibataire débarquant d'une grande ville dans la campagne, j'étais un peu pommé. Mais tu étais là pour m'accueillir, m'aider à trouver un logement, me faire rencontrer tes amis. En 72, je me souviens, tu faisais construire ta future maison et le soir en revenant de tournée, on y faisait un détour pour voir l'avancement des travaux. C'est ainsi que 9 ans plus tard quand je fis construire la mienne, tu me fis profiter de ton expérience. 

Je me souviens que tu n'aimais pas trop le bricolage, mais comme tu me rendais souvent service dans les chantiers, parfois hasardeux que j'entreprenais, tu as fini par y prendre goût au point que tu t'es lancé, entre autres, dans la construction d'une cabane de jardin ! Précision, je n'y ai participé qu'en arpète. Tu as ensuite beaucoup bricolé.

Tu m'as renvoyé l'ascenseur en m'initiant au jardinage, potager, verger, en me donnant de nombreux végétaux à planter sur mon terrain. Aujourd'hui, ils ont grandi, sont beaux et me permettent de penser à toi quand je les vois. Travailler au jardin est une activité qui, après la construction navale et la navigation, m'est aujourd'hui devenue, grâce à toi, une passion.

Ces anecdotes, si futiles qu'elles paraissent, ont pourtant participé aux liens d'entraide et d'amitié qui nous ont unis tout au long de nos carrières respectives, En effet, côté job, tu m'as fait découvrir et m'as appris cette mission de service public qu'étaient les Indirects, si particulière au SSC qui venait juste d'être créé. Des tâches fort concrètes, sur le terrain.

Ainsi, m'as-tu fait connaître la viticulture, la distillation, les eaux de vie et leur vieillissement, toute une culture, un patrimoine, tout ce qui allait devenir mon terrain d'exercice, Pour moi ça changeait la donne, car à cette époque, j'étais prêt, avec à peine trois ans d'ancienneté aux Impôts, à quitter cette administration dont le caractère financier ne m'intéressait pas. Ainsi, en découvrant l'aspect économique grâce à toi, y suis-je resté et ai-je fait souche à Jonzac.

Tu m'as également fait découvrir la richesse de la vie associative de Jonzac dans laquelle, au gré des ans, je me suis engagé à tes côtés, les FRANCAS, ensuite dans le sport, la culture ou la FCPE. Tu m'as fait participer au sein du syndicat à l'amélioration de nos conditions de travail ou au maintien d'un service public en accordant un sursis aux Recettes Locales. Ensemble, nous prenions les initiatives d'ajuster nos missions pour qu'elles soient plus pertinentes. Ainsi notre passage en Douanes s'est-il fait en douceur ayant été écoutés et suivis par une hiérarchie attentive, s'enrichissant de notre expérience.   

Après quatorze ans de retraite, il me reste les nombreux souvenirs que peuvent laisser près de 40 années de proximité, dévoués aux mêmes tâches. Au point que les nombreuses anecdotes que nous avions vécues tout au long de notre carrière, nous avions envisagé de les relater dans un recueil qui ne verra pas le jour. Il aurait pu intéresser un historien. 

Je suis aujourd'hui très fier d'avoir ainsi œuvré fort modestement à tes côtés. Un maître, un ami, presque un frère ! Voilà à quel point tu m'es cher et dans quel profond désarroi nous plonge ta disparition. Je te dois beaucoup et t'en remercie du fond du cœur. Un cœur brisé par la peine immense de t'avoir perdu trop vite ».

Ton vieux collègue, Claude de Rocher


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