Réunion de quartier |
« Mercredi dernier, j'ai assisté à une réunion de quartier où le Maire a été interrogé sur le projet des gradins. Il a soigneusement esquivé le sujet et déclaré que ceux qui étaient contre les gradins avaient une « vue extrêmement étroite ». Les 7500 signataires de la pétition, les signataires de la charte pour la préservation de l'amphithéâtre, les archéologues, les historiens, les érudits, les sociétés savantes, les amoureux du patrimoine sont tous étroits d'esprit selon notre premier édile. Cette remarque parce qu'il veut faire croire que si on est contre les gradins, on est contre l'ensemble de ses projets de valorisation. Or, nous sommes contre les gradins, mais nous sommes pour la restauration du site, la rénovation de son accueil, la création d'un nouveau musée archéologique, la valorisation de la gallo-romanité à Saintes, des restitutions 3D et de la réalité virtuelle, les fêtes romaines à venir »...
Une vue pas si étroite !!! |
« Le maire s'est ensuite positionné en sauveur de l'amphithéâtre en déclarant que « si rien n'est fait, il ne restera qu'un tas de pierre d'ici dix ans » et semble annoncer un grand programme de restauration du monument. Pourquoi ce changement de discours ? La mairie a visiblement reçu le rapport des sondages réalisés en décembre par les archéologues d'Evéha. Comme on s'en doutait, le travail sérieux des archéologues doit mettre en évidence la grande fragilité du site entre autre à cause des infiltrations et l'état désastreux des vestiges. L'objectif du maire est devenu la "survie du site". Il n'y aurait eu que deux programmes de restauration au XXe siècle, le dernier datant des années 70. Faux, il y a eu un programme de restauration dans la première moitié des années 90 ».
• Les révélations d'un article de Thierry Collard dans le journal Sud-Ouest de février 1995
« C'est en 1994, après un grand programme de restauration de plusieurs années, que l'archéologue municipal et l'animateur du patrimoine de l'époque s'étaient rendu compte que les fortes sonorisations des spectacles provoquaient les fameuses micro-fissures sur les vestiges et que l'hiver, l'eau qui s'y infiltrait gelait et faisait éclater les maçonneries. Une preuve ? Un article du Sud-Ouest daté du 21 février 1995 (voir ci-dessous) que Cécile Trébuchet (Présidente de Médiactions) a retrouvé. Dans cet article, les témoignages de Christian Gensbeitel (animateur du patrimoine) et Jean-François Buisson (archéologue municipal).
Lors de la réunion de quartier, le maire s'est appuyé sur sa collaboration avec les universitaires de Bordeaux Montaigne : ça tombe bien ! Christian Gensbeitel est justement maître de conférence en histoire de l'Aat à Bordeaux Montaigne, actuellement missionné par la mairie pour l'étude de Saint-Eutrope et sa restauration. Jean-Philippe Machon pourra facilement l'interroger sur la fragilité de l'amphithéâtre et les problèmes de micro-fissures.
J'ai également eu le témoignage de l'archéologue municipal de l'époque qui m'a expliqué le contexte de cette découverte : Une pièce de théâtre (Bérénice de Racine jouée en 1994 par la troupe de Marguerite Marie Lozac'h), un lieu (l'amphithéâtre, qui n'est pas un théâtre, son architecture n'est pas adapté pour l'acoustique d'une pièce de théâtre), des organisateurs (qui sont obligés de pousser les sonorisations de manière abusive pour que tout le monde entende).
Quelques jours après la représentation, l'archéologue constate des fissurations importantes sur des mortiers qui venaient pourtant d'être restaurées. L'archéologue et l'animateur du patrimoine alertent la municipalité et la presse. La maire de l'époque, Michel Baron, demande à l'entreprise de restauration de faire marcher son assurance décennale pour se faire rembourser et réparer les fissures. C'est pour cette raison qu'il n'a jamais été rédigé de rapport scientifique concernant ce phénomène. Par contre, la municipalité a pris le problème très au sérieux en décidant de cesser les spectacles à forte sonorisation (opéras, pièces de théâtre, concerts) pour préserver le monument. Elle en a profité pour clôturer l'amphithéâtre afin de le protéger des visiteurs qui montaient parfois sur les maçonneries fragiles. Selon l'archéologue, si la mairie de l'époque n'avait pas pris ces décisions, l'amphithéâtre n'existerait plus aujourd'hui. Quand on s'intéresse vraiment à l'histoire, même à l'histoire récente, on s'en sert pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, sinon elles se répètent. Pour rappel, le phénomène des sons à basse fréquence qui fissurent le mortier des maçonneries est connu dans plusieurs monuments antiques : le théâtre d'Ephèse, le théâtre d'Aspendos, l'amphithéâtre de Saintes ».
Jean-Philippe Machon déclare « qu'il n'existe aucune preuve scientifique sur les effets sonores ». Cet article de Sud-Ouest, daté de 1995, prouve le contraire |
« Le maire vient donc de prendre conscience de l'extrême fragilité de l'amphithéâtre. Je suis rassuré de constater qu'il écoute les archéologues d'Evéha. Pour ne pas perdre la face, il a adapté son discours et annonce un grand programme de restauration indispensable qu'on ne peut qu'approuver (sous réserve qu'il ne soit pas conditionné à la réalisation de gradins après, puisque le son des opéras qu'il veut y organiser fissurera les maçonneries comme en 1994 avec Bérénice). Depuis six mois, nos engagements étaient pour alerter sur la fragilité du site archéologique, pour la préservation du monument. Nous le répétons, nous sommes fondamentalement contre les gradins et pour la restauration du site. Tout ceci, on le rabâche avec constance depuis plus de six mois !
Pour être complet, lors de cette réunion de quartier, le maire a également annoncé la présentation à venir de l'étude sur l'amphithéâtre à la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), la tenue d'un second comité de pilotage pour la fin du mois de mai. Il n'a donné aucune information sur une présentation publique du projet qu'il avait pourtant promise avant la fin de l'année 2017, puis avant la fin du premier trimestre 2018 ».
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