mercredi 9 mai 2018

Les propriétaires de moulins en assemblée à Jonzac : le centre des congrès accueille son premier forum national

Forum national et même plus avec la venue de Tarcis Van Berge Henegouwen, secrétaire de Société Internationale de Molinologie
Bonne nouvelle, la Fédération nationale des moulins de France a choisi Jonzac pour siège social, c’est donc là que seront déposées ses archives. Dans la foulée, les 28 et 29 avril derniers, s'est tenue la troisième édition du forum des moulins producteurs réunissant de nombreux exposants et participants au centre des congrès. Certains avaient même franchi l’Atlantique, la capitale de la Haute Saintonge accueillant une délégation de Marie-Galante (Guadeloupe).

De nombreux exposants réunis au centre des congrès
Ouvrez le ban : ce forum était le premier à être organisé dans le nouveau centre des congrès de Jonzac. A marquer d’une pierre blanche puisqu’il constitue le maillon qui sera suivi - nous l’espérons - d’un véritable dynamisme quant à l’occupation de cette structure réalisée par la CDCHS. Que les eaux baptismales soient versées sur le front des propriétaires de moulins est plutôt bon signe. La communauté est fraternelle et le moulin, qu’il soit à vent ou à eau, est intimement lié à l’histoire des peuples depuis l’Antiquité. Lesquels ont toujours eu du grain à moudre !

Des rencontres passionnantes
Une thèse devenue un beau livre sur les moulins
Les produits "Jonzac" dont la farine du moulin du Cluzelet
La vie des moulins : Celui de Reguignon à Marcillac en Gironde est devenu un restaurant cher à Joëlle Brard et François Huchet !
Durant deux jours, des conférences ont été organisées alliant à la fois passé, présent et avenir puisque le moulin s’insère dans de nombreux créneaux, « activité ancrée dans la vie économique, culturelle et touristique des territoires ». Quant aux techniques de demain, elles furent abordées dimanche lors d’un débat animé par Eric Drouard, architecte. Quel long chemin depuis les tout débuts jusqu’à l’éolienne ou l’hydrolienne, productrices d’électricité… dans un monde souvent partagé quant aux choix de la transition énergétique. Le sujet est vaste !

Débat animé l'architecte Eric Drouard

La Fédération en assemblée générale dimanche matin
Les moulins du Cluzelet et chez Bret

Lors de l’inauguration , dimanche matin, Eric Jullion, président de l’Association départementale des amis des moulins de Charente-Maritime et Alain Eyquem, président de la Fédération des moulins de France, dirent tout le plaisir qu’ils avaient à se trouver à Jonzac. Ils se définissent comme « des nostalgiques optimistes » passionnés par ces constructions qui ne sont pas à reléguer aux oubliettes. Au contraire, « elles ont de l’avenir » estiment-ils. Pour preuve en Nouvelle-Aquitaine, dans le pays et plus généralement dans le monde (d’où la présence du hollandais Tarcis Van Berge Henegouwen, secrétaire de The International Molinoligical Society), des hommes et des femmes participent à leur réhabilitation. Avec ténacité et imagination comme le font les "gardiens" du Moulin d’Edmond dans le Puy de Dôme ! En respectant les techniques ancestrales aussi « parce qu’un moulin à farine ou une minoterie ne sont pas des strucures ordinaires ». Elles ont une âme ! En conséquence, elles abritent des valeurs à protéger et perpétuer.

Inauguration dimanche matin en présence d'Alain Eyquem, Claude Belot, 
Eric Jullion et Christophe Cabri

Dans ce domaine, la ville de Jonzac montre l’exemple. Elle possède deux moulins, du Cluzelet et chez Bret, qu’elle a restaurés. Face à cet engagement, la Fédération a choisi de faire de cette ville son nouveau siège social. Ses documents seront prochainement transférés à l’annexe des Archives départementales, annonce qui ravit le premier magistrat. 
Claude Belot en profita pour rappeler comment s’était opéré le sauvetage des deux moulins, le départ se situant il y a 25 ans avec l’aménagement de la zone devant accueillir le complexe aquatique des Antilles. Il évoqua ses conversations avec Jean Maingot qui travaillait à l’usine d’incinération  : « nous avons échangé sur la façon dont on pouvait rénover ces témoins d’une période où les terres étaient principalement destinées au blé ». Il est vrai que les moulins sont légion dans le secteur, les plus célèbres se trouvant à Meux sur la ligne de crête ! Ceux de Jonzac ont été reconstitués dans les règles de l’art et l’achat d’une pièce utile a eu lieu à Saint-Maurice de Tavernole pour la somme de 5000 francs ! 
Ouvert au public, le moulin du Cluzelet propose de la farine que le particulier peut acquérir (ainsi que des baguettes de pain réalisées par la boulangerie de la Porte de Ville). Quant au moulin de chez Bret, outre sa production d’huile de noix, il possède un volet pédagogique et archéologique non négligeable. « Agréments de la vie », ils font désormais partie du quotidien des habitants qui leur vouent une affection particulière.

La Société Internationale de Molinologie (TIMS), active depuis 1965, est la seule organisation dédiée aux moulins à l'échelle mondiale. Elle compte environ 500 membres dans plus de 30 pays. Son secrétaire, Tarcis Van Berge Henegouwen (à gauche de la photo), 
était présent à Jonzac.
Fort d’un nombre honorable d’inscriptions, ce forum a été un succès, représentant « un monde dynamique qui évolue tout en faisant un clin d’œil à l’histoire ». Ligne directrice tracée par les responsables !

Aux multiples apparences et mécanismes, les moulins sont une vieille histoire !
Iconographie médiévale
De la Grèce aux Pays Bas en passant par Jonzac !
Marie-Galante, l’île aux cent moulins !

Bienvenue à nos amis de Marie-Galante, Joseph Cornano, président de l’Association pour la valorisation du patrimoine de Marie-Galante, Nicole Joseph, maire adjoint et Cynthia Chapoulie, chargée de communication, qui ont apporté le soleil des Caraïbes à ce forum. « Leur venue en Haute Saintonge montre la vitalité de notre Fédération » s’est réjoui Alain Eyquem

Lors de l'inauguration, venant de Marie-Galante, Joseph Cornano et Nicole Joseph ont présenté leur association et offert des présents (livre sur la Guadeloupe et rhum produit sur l'île)

Une bonne occasion pour présenter leur action de sauvegarde des moulins, l’île en ayant compté plus d’une centaine autrefois. « Ils fonctionnaient d’octobre à la fin juin, époque à laquelle on démontait les ailes avant la période cyclonique. Le dernier à tourner fut celui de Grand Pierre jusqu'en 1941. Sous leur apparente uniformité, ils présentent une grande variété architecturale. Ils mesurent entre six et neuf mètres et les ailes sont orientées vers l’Est face aux alizés. Les murs, d'une épaisseur d'un mètre dans la partie inférieure, sont percés de trois portes, la porte principale tournée vers l’Ouest à l'abri du vent, et deux autres portes plus étroites donnant au Nord et au Sud. La canne à sucre était broyée côté porte principale. La coiffe, en glissant sur un rail de couronnement, permettait de modifier l'orientation des ailes. Cela se faisait en utilisant la queue déplacée par au moins six hommes » expliquent les historiens. 
Actuellement, on en dénombre 73. Certains sont relativement bien conservés (dont le moulin de Bézard), mais la majorité nécessiterait de restaurations. 

La délégation de Marie-Galante présente à Jonzac
L’objectif de l’association est de créer une route de moulins permettant de les découvrir à l’occasion d’une agréable balade axée sur le patrimoine et les espaces naturels. « C’est un projet qui nous tient à cœur » souligne le président Joseph Cornano. A noter que les moulins de Marie-Galante sont placés sous les "ailes protectrices" de la Communauté de Communes.


• Le moulin de Bézard a été restauré il y a quelques années par des charpentiers de la région d’Angers. Construit en 1840, classé aux Monuments Historiques depuis 1983, c'est le dernier vestige d'une habitation-sucrerie. Il figure parmi les rares moulins à être dotés d’une structure et d’un équipement moderne à la fin du XIXè siècle. La construction a été entièrement réalisée en pierre de taille. Le moulin est équipé de 3 rolles en fonte disposées à l’horizontale fournissant un broyage plus efficace. Le toit a été conçu pour résister à la violence des vents. Il ne fonctionnait plus depuis 1920. C'est en 1994, grâce au premier chantier-école implanté en Guadeloupe, qu'il a été restauré à l’identique et remis en état de marche. 

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