de Saintes a effectué une demande de diagnostic archéologique préalable auprès des services de l’Etat (service régional de l’Archéologie, Drac Nouvelle-Aquitaine). Le Préfet de Région a, par arrêté, saisi l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui intervient depuis le lundi 14 mai et ce jusqu’au vendredi 1er juin
Le tombeau de Saint-Eutrope dans la crypte (© Nicole Bertin) |
L’église prieurale Saint-Eutrope est établie dans un ancien faubourg de Saintes, sur un éperon qui domine le vallon des Arènes, où se développait une nécropole antique. Elle fut construite à l’emplacement d’une basilique funéraire déjà signalée au VIe siècle, dédiée à la mémoire de celui qui est considéré par la tradition comme l’évangélisateur de la Saintonge.
Ce monument bénéficie, malgré les destructions et les lacunes, d’un certain nombre de sources et de documents iconographiques anciens, qui permettent de jalonner son histoire et les grandes lignes de son architecture. Depuis les actes relatifs à sa donation à l’ordre de Cluny et à sa consécration à la fin du XIe siècle, jusqu’aux documents liés à la renaissance du culte du saint au XIXe siècle, l’église et le prieuré qui lui était attaché ont fait l’objet de nombreuses références.
Dès le XIIe siècle, le Codex Calixtinus (Guide du Pèlerin) accordait à Saint-Eutrope et à sa relique une place de tout premier plan dans la description des chemins menant à Compostelle.
Dotée d’une crypte exceptionnelle, le chevet de l’église romane qui s’y superpose et les rares vestiges de la nef - malheureusement détruite en 1803 - qui s’y articulaient, l’église est réputée pour la qualité exceptionnelle de son décor sculpté, formant un des ensembles les plus remarquables de la production romane au tournant des XIe et XIIe siècles. Bien qu’amoindri, le monument roman est complété par d’intéressantes adjonctions gothiques au XVe siècle, dont son beau clocher à flèche flamboyante.
L’église est inscrite depuis 1998 au titre du patrimoine mondial de l’Unesco comme composante du Bien culturel « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ».
Un monument remarquable (© Nicole Bertin) |
• L’objectif des sondages archéologiques dans la crypte, sur le parvis et aux abords de l’église
Le programme de réhabilitation engagé par la ville de Saintes sur l’église basse (crypte) et la partie romane de l’édifice offre l’opportunité d’approfondir les études archéologique, architecturale et historique actuellement en cours sur cet édifice majeur.
Le diagnostic archéologique a pour objectif de répondre à plusieurs questions architecturales, archéologiques et sanitaires. Le long du mur gouttereau septentrional, ces sondages ont permis de mettre au jour plusieurs sarcophages du haut Moyen Âge en parfait état de conservation ainsi que plusieurs sépultures contemporaines du monastère clunisien, montrant que les niveaux de sol médiévaux étaient proches des niveaux actuels.
Dans la crypte, le diagnostic a permis de déterminer le niveau d’apparition du substrat rocheux et de localiser plusieurs sépultures mais aussi de mieux documenter l’aspect originel de certaines élévations.
Au niveau de l'escalier du XIXe siècle et du parvis, cette intervention a pour but de retrouver et de déterminer l’état de conservation des maçonneries de l'ancienne nef - dont seuls subsistent des élévations du mur méridional - arasée à partir de 1803 et de documenter les niveaux de sol de cette partie de l’édifice.
Ce dernier point est d’autant plus important que l’une des particularités de l’église Saint-Eutrope était d’être dotée d’une nef située à une hauteur intermédiaire entre la crypte et le chevet. La circulation entre ces niveaux pose d’ailleurs encore question aujourd’hui. Enfin, ces sondages devraient d’autre part permettre d’observer des éléments du cimetière médiéval qui s’étendait au nord de la nef.
L'église haute (© Nicole Bertin) |
Cette étude s’inscrit dans le prolongement des recherches déjà menées de façon sporadique dans le passé, en particulier celles liées à la commémoration du 900e anniversaire de la consécration du sanctuaire, en 1996, centrée sur l’étude de la sculpture, et dont le porteur du présent projet était l’initiateur. Au-delà de cette opportunité circonstancielle et bienvenue, c’est la convergence entre un certain nombre de recherches récentes consacrées à l’architecture religieuse et monastique dans le domaine aquitain qui motive ce programme autour d’un monument dont la complexité et la richesse méritent une attention toute particulière.
Enfin, l’implantation même de ce monument dans un contexte urbain nous incite à élargir d’exploration à l’échelle de son environnement proche, qui contribuera à une meilleure compréhension du rôle historique de ce prieuré clunisien.
• L’Inrap
Avec plus de 2 000 collaborateurs et chercheurs, l’Inrap est la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe. Institut national de recherche, il réalise chaque année quelques 1 500 diagnostics archéologiques et 250 fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et dans les DROM.
Créé par la loi de 2001 sur l’archéologie préventive, l’Inrap est le seul opérateur public compétent sur l’ensemble du territoire et pour toutes les périodes, de la Préhistoire à nos jours. Héritier de trente ans d’expérience, il intervient sur tous les types de chantiers : urbain, rural, subaquatique, grands tracés linéaires.
À l’issue des chantiers, l’Inrap assure l’exploitation des résultats et leur diffusion auprès de la communauté scientifique : près de 300 de ses chercheurs collaborent avec le CNRS et l’Université. Ses missions s’étendent à la diffusion de la connaissance archéologique auprès du public : ouverture des chantiers au public, expositions, publications, conférences, production audiovisuelle.
- Aménagement Ville de Saintes
- Contrôle scientifique Service régional de l’Archéologie – Drac Nouvelle-Aquitaine Recherche archéologique Inrap
- Responsable scientifique Adrien Montigny, Inrap
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