Mardi dernier, en la cathédrale Saint-Pierre de Saintes, ont été célébrées les obsèques de Michel Lis. Ce grand jardinier a rejoint les grandes roseraies de l'Eternité. Nous l'imaginons déjà inventer une nouvelle variété de fleur au parfum suave pour sa femme Marlène et une gerbe de bouquets colorés pour ses enfants et petits-enfants.
L'église était quasiment trop petite pour accueillir ceux et celles venus lui témoigner, en cet ultime instant, leur tendresse et leur amitié.
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Michel Lis et et son épouse Marlène |
Plusieurs hommages ont été prononcés dont celui de Didier Catineau,
écrivain et secrétaire de Michel Lis
: « Au jardin de Michel Lis, les oiseaux se sont tus.
Dès qu’il est arrivé à Saintes, je l’ai su ! Et j’ai également aussitôt su qu’il aimait notre Saintonge, comme moi ! Nous nous sommes rencontrés à de nombreuses reprises chez des amis communs et dans des salons du livre. C’est Madeleine Chapsal qui m’indiqua que Michel recherchait un secrétaire. Et voilà ! Depuis six ans, nous étions complices comme il n’est pas permis de l’être. Nous avons écrit de nombreux livres, des articles, des chroniques et c’était des moments de bonheur indicible. Nous explorions tous les deux l’univers du jardin, du monde animal, de la botanique : les orties, le ginkgo, la santonine, l’oiseau de pluie, l’aubergine, le poivre des moines, l’abeille, le sarcococca, le paulownia, le solidago, le hérisson. En avons-nous partagés des moments uniques, tous les deux dans son bureau niché au fond de son jardin magnifique de Saintes ! Nous évoquions Rabelais, Louis XIV, la Commune, Ravaillac, Goulebenéze, notre « petite patrie » qu’est la Saintonge. A chaque saison, sa plante ou son animal et surtout ses anecdotes historiques et ses légendes qui faisaient tour à tour sourire ou réfléchir. La Saintonge était son jardin et le reste du monde en était le miroir éternellement vif et coloré. Michel Lis aimait les plantes. Son regard pétillant sur la nature était formidable. Michel était aussi un aventurier naviguant sur un océan de fleurs, en solitaire. Il décidait en maître et cependant devait se résigner à mourir en apprenti.
La nature doit inciter à la modestie, à la tolérance, à un humanisme qui seul nous permet de vivre avec les autres, quels que soient les grades et les qualités. Descendre dans le jardin de Michel Lis, c’est aussi synonyme de séduction et de partage. Pour Michel Lis, sa muse Marlène qui le suit depuis toujours, est le rempart à tout, le refuge et l’envie de se surpasser. Son jardin est un émerveillement.
Quand vous le rencontriez, il regardait toujours loin devant lui. Le temps, le climat l’attiraient. Les anecdotes, les histoires, les conseils et aussi ses billets d’humeur sont ceux d’un Saintongeais soucieux de l’autre, respectueux de la nature. Cela commence bien souvent en franchissant le seuil de son jardin où il faut savoir écouter le rouge-gorge, voir courir le hérisson, sourire aux étirements du chat baigné de soleil et savourer l’ombre du tilleul odoriférant, envahi par les abeilles bienfaisantes.
Mais aujourd’hui, les oiseaux de son jardin sont devenus muets. Michel Lis ne les entend plus, mais il nous laisse cependant une œuvre considérable faite de chroniques, de livres, de préfaces nombreuses et de cette irrésistible envie de partager un savoir devant lequel on ne peut que se faire humble. Bon vent Michel ! »
La célébration était accompagnée par l'organiste Cédric Burgelin. Que Michel Lis repose en paix. Nous adressons nos sincères condoléances à sa famille et ses proches.
En fin d'année dernière, Michel Lis avait écrit ce très beau texte :
La vie est le plus beau cadeau de l’espoir : Espérer, c’est marquer sa volonté alors que le plus profond des désespoirs vous ronge. Pourtant, l’un ne va pas sans l’autre. C’est là une des plus grandes faiblesses de l’homme. Espérer, c’est aller de l’avant, désespérer au contraire c’est reculer et sombrer dans l’oubli. Encore faut-il que l’espoir ne soit pas qu’un fard servant à maquiller le désespoir. Le premier vient du fond de l’âme, le second du ventre. Espérer, c’est triompher du malheur.
« Gémissons, gémissons », dit l’homme qui ajoute aussitôt : « Mais espérons ». C’est une clef pour continuer à vivre dans l’absence de l’autre.
L’espoir est comme le bonheur. C’est une montre que l’on doit remonter chaque jour afin de marquer l’heure de la résilience.
« Je me souviens », disent les Québécois. Se souvenir pour ne jamais oublier, mais également pour que nos enfants nous gardent dans leur mémoire.
Dénouez les rubans de l’absence qui ne sont que vanités afin de révéler cet espoir qui monte en vous.
Les nuages des regrets ne sont que le tas de cendres de l’oubli. Faut-il donc toujours espérer afin de continuer à vivre ?
Oui, car la vie est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à nos chers disparus.
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