mardi 23 juin 2015

En 2006, Le Paléosite de Saint-Césaire
accueillait l’astrophysicien Hubert Reeves

• Les dix ans du Paléosite de Saint-Césaire

L’homme sera-t-il victime de la sixième extinction ? Comment faire vivre des milliards d'habitants sans détérorier la planète…
Retour sur cette conférence suivie par une nombreuse assistance

Hubert Reeves et Xavier de Roux, maire de Chaniers, 
l'un des initiateurs du Paléosite de Saint-Césaire
Hubert Reeves, c’est d’abord le grand astrophysicien parti à la rencontre des étoiles dès son plus jeune âge quand, avec son père, il observait la voie lactée. Cette passion ne l’a jamais quitté et il en fait son métier. Avec le temps, sa personnalité a évolué et, face aux menaces qui touchent aujourd’hui la nature,  il a pris son bâton de pèlerin. La nouvelle croisade n’est plus en Orient, elle concerne l’humanité toute entière, menacée de ce que l’on pourrait appeler «la sixième extinction». Ah, direz-vous, encore des propos apocalyptiques ! Certes, mais venant d’Hubert Reeves, ils sont fondés et s’appuient sur de solides observations. Si la menace nucléaire entre les deux grands, Russie et Etats-Unis, semble écartée (il semble néanmoins qu’on l’ait échappé bel), subsistent de graves menaces. 
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte : la planète n’est pas infinie (elle est même toute petite), les ressources énergétiques traditionnelles sont en train de s’épuiser (l’homme a mis un siècle à brûler le pétrole fabriqué en 100 millions d’années), l’eau potable se raréfie, les sols s’appauvrissent sous les traitements intensifs et les éléments polluants. Cerise sur le gâteau, l’effet de serre issu du gaz carbonique réchauffe le climat de la planète, ce qui entraînera une montée du niveau des océans avec la disparition d’îles dans un premier temps (on assiste déjà à ce phénomène), puis de régions entières. De nos jours, on sent bien que «l’homme saccage son milieu». 

Alors que faire ?

D’abord en prendre conscience et ne pas évacuer le problème en évoquant les différents cycles de la Terre au cours des âges où se succédèrent effectivement réchauffements et glaciations. Les espèces dominantes disparurent alors, permettant aux créatures plus faibles de trouver une place nouvelle. Ainsi les mammifères ont-ils survécu à la disparition des dinosaures.
La bonne vielle formule “qui va à la chasse perd sa place” est toujours d’actualité. Selon les spécialistes, nous sommes actuellement dans la phase de «la sixième extinction», c’est-à-dire la nôtre. Si par malheur elle se produisait, nous serions entièrement responsables de cette situation, contrairement aux tyrannosaures qui eurent à subir les effets d’une météorite géante (cinquième extinction) tombée en Amérique centrale. 
Imaginez un instant Royan sous les eaux, c’est-à-dire rayée de la carte, les gens se battant pour boire autour d’un malheureux puits. Tout cela fait froid dans le dos, et pourtant... 

Bref, l’heure est grave et « le vrai challenge sera de faire vivre 8 à 9 milliards d’habitants en 2050 sans détériorer la planète » estime Hubert Reeves. Pour y parvenir, il lance un appel citoyen aux Etats et aux hommes politiques. Les peuples devront changer leurs habitudes et, dans ce domaine, les réactions varieront selon les mentalités des dirigeants, c’est pourquoi la partie n’est pas gagnée d’avance. Être écologiste ne veut pas dire « j’appartiens à un parti politique quelconque, mais je respecte le vaisseau Terre, gravement endommagé, qu’il est grand temps de réparer ». Nous ne sommes plus dans l’ère du sentiment personnel, mais collectif...

Le discours d’Hubert Reeves, présenté avec simplicité et objectivité, a séduit le public venu nombreux. Durant la conférence, un violent orage, teintant le ciel d'un jaune inhabituel, se déchaîna sur Saint-Césaire. Le ciel faisait entendre sa voix mêlée à celle de l'éminent chercheur. 
Notons que depuis, une nouvelle voie s’est ajoutée à Hubert Reeves, celle du Pape François, sur le sujet environnemental…

Nicole Bertin

NDLR : Depuis cette conférence donnée en 2006, la situation n'a guère évolué, on peut même dire qu'elle a tendance à se détérorier. Qu'attendre dans ces circonstances du prochain Sommet international de Paris sur le climat en décembre 2015 ?…

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