jeudi 22 février 2018

Jacques Ros : Point de vue sur les 2500 euros votés en C.D.C de Haute-Saintonge pour Jean-Michel Rapiteau, la nouvelle taxe Gemapi et le conseil municipal de Jonzac…

Il possède cette force tranquille qui a fait la renommée d’un certain Président avant lui. Sauf que Jacques Ros, chef de file de l’opposition jonzacaise, préfère la modestie et entend toujours faire passer la raison avant les grandes envolées politiques. Fin observateur, il monte au créneau quand les arguments lui semblent justifiés. Ayant quitté le Parti Socialiste, il adhère désormais à la France Insoumise dont il trouve l’engagement plus authentique. 
Il répond à nos questions sur la mairie de Jonzac et la Communauté de Communes (entre autres)
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Jacques Ros, chef de file de l'opposition jonzacaise
• Jacques Ros, vous êtes à Jonzac le chef de file de l’opposition à Claude Belot. D’abord socialiste, vous avez rejoint la France Insoumise. Commet se porte le parti de Jean-Luc Mélenchon en Haute-Saintonge ?

Avec Muriel Villier, je suis co-responsable du groupe d’action de Jonzac. En effet, nous sommes structurés en plusieurs comités. Dès 15 militants, un groupe d‘action est créé, ce qui permet de déterminer les problématiques de terrain en petit comité, puis d’échanger quand nous nous retrouvons. Tous les groupes sont coordonnés. Ils sont quatre en Haute Saintonge : Jonzac, Pons, les Trois Monts et Mirambeau, soit une cinquantaine de militants actifs.
Quelles actions soutenons-nous ? Opposés à l’aéroport de Notre-Dame des Landes, nous sommes favorables à l’attribution des terres à ceux qui souhaitent les cultiver. Récemment, un quart d’entre nous a rejoint les 30.000 personnes qui ont fêté la victoire.
A la gare de Pons, nous étions aux côtés des autres manifestants pour dire notre opposition à la privatisation de la SCNF et soutenir la ligne de chemin de fer Saintes/Bordeaux. Un document, réalisé par nos soins, sera distribué prochainement à ce sujet puisque les gares de Pons et Jonzac sont concernées.
Nous avons également participé à la réunion organisée par le comité anti-Linky de Jonzac, à Saint-Germain de Lusignan. Au départ, j’avais un niveau d‘information peu élevé à ce sujet et cette rencontre m’a vraiment intéressé. Plus je me penche sur le problème de ce nouveau compteur que met en place Enedis, plus je comprends pourquoi cette société rencontre des oppositions.
Cette semaine, la revue Hebdo a consacré un article sur Linky qui analyse le récent rapport de la Cour des Comptes. Au départ, Enedis ne facture rien, mais elle se rattrapera par la suite et au final, ça coûtera plus cher aux usagers. La Cour des Comptes expose de vrais arguments financiers, auxquels s’ajoutent les inquiétudes sanitaires comme l’électrosensibilité et la capture des infos personnelles.
Nous avons également organisé une réunion publique à la suite du drame d'un agent d’entretien qui s’est immolé à Bussac-Forêt, à l'entreprise Calcia. Nous étions une quarantaine à aborder les problèmes rencontrés au travail.
A l’avenir, nous envisageons deux réunions : l’une sur l’eau avec l’association Nature Environnement et une autre sur la pauvreté avec, pour objectif, le logement, les vendeurs de sommeil et ceux qui s’enrichissent sur le dos des personnes défavorisées. Sur Jonzac, par exemple, des bailleurs s’arrangent pour profiter du système et nous en parlerons. Nous avons du pain sur la planche…

• Votre leader, Jean-Luc Melenchon, est assez discret pour l’instant…

Effectivement, ce qui n’empêche pas ses "lieutenants" de monter au créneau. Il s’agit d’un collectif qui a des arguments. Je pense qu’il attend d’avoir suffisamment de recul pour analyser la politique conduite par Emmanuel Macron…


• Politiquement, la droite et la gauche ont du plomb dans l’aile en France…

Effectivement, le climat politique est difficilement perceptible d’autant que le nouveau président des Républicains traverse une phase difficile. La fédération des forces dites de gauche m’intéresse. Se réunir avec le PS, mais sur quelles bases ? Le nouveau PS n’a pas de vécu et il aura à faire ses preuves. Je ne regrette pas d’avoir quitté ses rangs. La France Insoumise a une proximité politique avec Benoît Hamon. Il faut attendre et voir.


• Localement, au sein du conseil municipal de Jonzac, comment vivez-vous le rôle de chef de file de l’opposition face à Claude Belot qui envisage, selon ses déclarations dans l’hebdomadaire La Haute Saintonge, de se représenter aux prochaines municipales. Il aura alors 84 ans… 

Je vis cette fonction avec la conscience de remplir mon rôle, aux côtés de mes colistiers. Je suis fidèle aux engagements initiaux avec le même esprit : être dans l’analyse de ce qui est présenté, la critique argumentée et la proposition lorsque j’en ressens le besoin. Au dernier conseil, nous avons envisagé de créer un groupe mixte de commerçants et d’élus qui étudierait les perspectives d’avenir entre le centre ville et le secteur du Centre des Congrès. A ma connaissance, il ne s’est toujours pas réuni. C’est dommage car se donner du temps pour analyser sereinement ce qui va et ce qui ne va pas serait intéressant. Il faut qu’à la fin du printemps, les commerçants, avec l’appui de la municipalité, puissent être organisés dans le meilleur esprit. Nous avons perdu deux bons mois et n’avons toujours pas d’infos à ce sujet. L’association des commerçants doit se réorganiser et devrait procéder à l’élection d’un nouveau conseil d‘administration. Ceci explique sans doute cela.

Le centre des congrès de Jonzac
• Le centre des congrès de Jonzac, officiellement porté par la Communauté de Communes de Haute Saintonge, vous semble-t-il être un formidable outil ou le projet de trop de Claude Belot dans une ville qui compte moins de 3500 habitants ?

Le président Belot a raison de rappeler que ce centre n’est pas celui de Jonzac, mais de la Communauté de Communes qui regroupe 70.000 habitants. Quand j’ai abordé le sujet avec lui, les yeux dans les yeux, j’ai souligné que je trouvais l’équipement intéressant au niveau de son architecture, sa réalisation, mais j’ai exprimé des réserves quant à son avenir au niveau économique. Je ne le souhaite pas, mais je me pose des questions sur la pérennité de cette structure.
Claude Belot m’a répondu qu’il avait bordé le projet et s’était rendu à Nantes pour voir comment fonctionnait un outil de cette dimension. Par ailleurs, étant à l’origine des Antilles, complexe aquatique géré directement par la CDCHS, du casino et de l’hôtel qui ouvrira cette année à proximité, il assure maîtriser la gestion du centre des congrès en étant vigilant et en ne faisant pas n’importe quoi. Bien sûr, je demande à voir  ! Je pense qu’il compte beaucoup sur une relation privilégiée entre le casino et le centre des congrès.

• Que le Centre des Congrès, outil géré par une collectivité locale la CDCHS, soit lié à une structure privée, un casino, pourrait être sujet à commentaires…


Effectivement, présenté ainsi, on pourrait se poser des questions sur les liens qui unissent la CDCHS de Haute Saintonge et Antoine Arevian, gérant du casino de Jonzac, structure exploitée précédemment par le groupe Lucien Barrière.
Personnellement, j’ai une autre lecture. Le responsable du casino, considérant que sa salle de spectacle est trop petite, préfère organiser ses animations au centre des congrès flambant neuf où 500 places sont disponibles. Claude Belot et Antoine Arevian, président de la holding Arev Finance, en tireront profit tous les deux.
En fonction des textes de loi en vigueur, la ville de Jonzac profite largement de l’argent que lui verse le casino : il en est ainsi dans n’importe quelle ville qui possède un casino. En utilisant le centre des congrès, Antoine Arevian sait ce qu’il fait et ne cherche pas à perdre de l’argent ! Il s’apprête à réaliser des travaux de grande envergure dans le casino avec de nouveaux jeux qui généreront des bénéfices. Le développement du casino va s’accroître avec l’arrivée des congressistes.
A ce sujet, le planning d’occupation des salles du centre des congrès est géré par Christophe Cabri, premier adjoint de la ville de Jonzac, membre du bureau communautaire de la CDCHS et conseiller départemental…


De droite à gauche, Claude Belot, Mme Chaumeton, Jean-Michel Rapiteau, Jacky Quesson
• Revenons à la dernière réunion de la Communauté de Communes de Haute Saintonge. Vous êtes le seul élu à vous être abstenu quand il a été question de voter l'autorisation d'obtenir une indemnité mensuelle de 2500 euros bruts à Jean-Michel Rapiteau pour la direction générale de la nouvelle SEM Energies Midi Atlantic, cet élu étant par ailleurs premier vice-président rémunéré de la CDCHS, maire d’Orignolles, responsable de la Maison de l’Emploi de Haute Saintonge et chef d’entreprise…


Mise en place par la Communauté de Communes de Haute-Saintonge qui a déjà réalisé des parcs photovoltaïques, Claude Belot a souhaité créer la SEM Energies Midi Atlantic, société d’économie mixte locale dans le but de coordonner une stratégie territoriale en matière de développement des énergies renouvelables autour des bassins de vie du Sud Charente-Maritime, Sud Charente, Nord Gironde et secteur de Royan. Elle a pour actionnaires la CDCHS, la Communauté d’agglomération  de Royan, la CDC des 4 B (Charente), la Communauté de Communes de Haute-Gironde Saint-Ciers, le SDEER et des banques, la Caisse des Dépôts, le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel et la Caisse d’Epargne. Elle a été officiellement constituée le 5 février dernier.
L’objectif est d’avoir une vision globale et de promouvoir une exploitation cohérente des potentiels énergétiques. En conséquence, il s’agit de soutenir des projets d’investissement locaux, coopératifs et citoyens où interviendra une large part d’énergies renouvelables. La société aura pour capital 2200.000 euros dont 600.000 du SDEER, 200.000 de la CDCHS, 200.000 de la CARA, 200.000 de la CC Estuaire, 200.000 de la CDC de Charente, 220.000 de la Caisse des dépôts, 200.000 du Crédit agricole, 200.000 du Crédit mutuel et 180.000 de la Caisse d’Epargne. La CDCHS aura donc 9,09% du capital et disposera à ce tire de 19.998 actions.
Le président de cette SEM a été désigné. Il s’agit de Jean-Michel Rapiteau. Or, on s’aperçoit qu'il cumule cette fonction avec celle de directeur général de la SEM, ce qui lui permet, puisque cela a été voté en séance publique le 15 février, de percevoir une indemnité d’un montant maximum de 2500 euros bruts par mois.
Sans entrer dans le détail de ses multiples fonctions et casquettes, maire d’Orignolles, lié à la société de transports Rapiteau d’Orignolles, premier vice-président de la CDCHS, je me demande comment il va assumer une fonction supplémentaire. Personnellement, ce serait au dessus de mes forces de cumuler autant de mandats !
Sans devoir mettre en doute la santé de J.M. Rapiteau pour une SEM de cette envergure, le mieux aurait été de recruter une personne non élue avec les compétences requises. Cela éviterait tout sentiment de suspicion, certes malvenu, mais il vaut mieux que les choses soient claires dès le départ. D’où mon abstention au vote de l’indemnité de 25.00 euros mensuels…


•  Autre sujet qui a retenu votre attention, la compétence Gemapi, gestion des milieux aquatiques et protection contre les inondations. Une nouvelle taxe a été votée sur la CDCHS ?

La gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations est désormais une compétence de la CDCHS, comme l’a voulu le Gouvernement. Toutefois, lorsqu’on attribue une nouvelle compétence aux collectivités sans transfert de ressources avec, pour seule possibilité la création d’une taxe par habitant de 40 euros maximum, je crois que l'Etat mérite un carton rouge. A partir du 1er janvier 2018, la CDCHS va donc se substituer aux communes qui chapeautaient l’ensemble des syndicats de rivières. En conséquence, dans ce contexte difficile, elle a décidé de voter une taxe par habitant qui soit la plus équitable possible. A elle de gérer le cadeau empoisonné du Gouvernement !
Je suis monté au créneau pour une simple question d’égalité : une famille au SMIC avec trois enfants devraient payer 5 fois 40 euros maximum et une famille de cadres aisés, toujours trois enfants, la même somme.  C'est injuste.
Bernard Maindron, maire d’Allas Champagne, a eu pour mission d’étudier la question sur ce territoire de 70.000 habitants. Pour 2018, un prévisionnel a été chiffré à 558.000 euros, soit 8,40 euros par habitant. Claude Belot a tranché. Plutôt que de prélever 40 euros comme la loi l’y autorise, un coefficient de proportionnalité sera appliqué aux taxes d’habitation, foncier bâti et non bâti et contribution foncière des entreprises. Bernard Maindron a vraiment fait du bon travail et les taxes locales ne subiront seulement que des majorations à hauteur globale de 8,40 euros contre les 40 euros maximum que l’Etat autorise.

Dans cette affaire qui consiste à taxer les contribuables, je ne comprends pas la position du Gouvernement qui a fait toute sa campagne sur le contraire, disant qu’il n’augmenterait pas les impôts et qu’il donnerait du pouvoir d’achat alors que certaines catégories de la population, dont les retraités, sont pénalisées. Il s’agit d’une attitude hypocrite. Il doit prendre en compte les éléments sociaux.

En ce qui concerne la taxe Gemapi, elle ne sera pas très importante, mais je serai vigilant en 2019 sur la réalité des dépenses de fonctionnement et d’investissement. Les 558.000 euros ont été définis par rapport aux dépenses actuelles des syndicats de gestion des cours d’eau. Il s’agit de faire coïncider ce budget aux dépenses à l’euro près et non de constituer un fonds supplémentaire de trésorerie à la CDCHS. Sur le territoire, il existe des zones blanches qui n’ont pas de syndicats. Je regrette l’absence d’Elise Dabouis, sous-préfet, qui aurait pu nous apporter le point de vue de l’Etat.

Ce qui serait intéressant, c’est que les communes qui ont cette compétence en moins à assumer, donc des dépenses réduites, puissent baisser leur fiscalité locale. On verra bien si elles le font !

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