Bernadette Schmitt a été élue maire de Saintes en mars 2001, succédant à Michel Baron |
Si cette affaire fait couler de l’encre (de même que l’aménagement d’une base de loisirs à La Palu, semble-t-il), les grands projets ne datent pas d’aujourd’hui. Ils étaient déjà dans l’air du temps quand Claude Belot - actuel maire de Jonzac - était président du Conseil Général. Ainsi, cet article d’octobre 2003 extrait de nos archives.
Replongeons-nous dans le contexte : le complexe aquatique des Antilles de Jonzac vient d’ouvrir ses portes et les projets sont nombreux dans le département. Certains concernent Saintes dont le maire est pour la première fois une femme, Bernadette Schmitt (la seule jusqu’à présent).
Après avoir connu des entourloupettes alors qu’elle envisageait de constituer une CDA avec Gémozac, la fusion ayant finalement échoué en provoquant des soubresauts entre Loïc Girard, conseiller général de Gémozac, Yves Massias, président de la CDC de Gémozac et Claude Belot, président de la CDC de Haute Saintonge, ce dernier, qui était aussi à la tête du Département, fut-il pris de remords à son égard ? Toujours est-il qu’il se disait prêt à aider Madame le Maire de Saintes dans ses aménagements futurs. Si la place Bassompierre a été réalisée, la nouvelle passerelle n’a jamais vu le jour, mais ça, c’est une autre histoire !
Cet article met en scène un intervenant extérieur, Gilles Cornut Gentille, fils de l’ancien maire de Cannes qui fut ministre de Charles de Gaulle. A l’époque, il travaillait à l’aboutissement de grands projets, dont ceux de la Charente-Maritime. Sa société, située à Paris dans le VIIe arrondissement, « spécialisée dans le secteur d'activité du conseil pour les affaires et autres conseils de gestion » aurait cessé ses activités après un jugement rendu début 2018. Il est par ailleurs l’auteur de plusieurs ouvrages.
La lecture de ces archives apporte une foule de renseignements et un enseignement : il y a déjà longtemps que Saintes veut valoriser ses vestiges gallo-romains…
Automne 2003 : Les grands projets fleurissent en Charente-Maritime. Le dernier en date, les Antilles de Jonzac, vient de s’enrichir d‘un casino. A leur tour, les communes de la Saintonge Romane planchent sur de nouvelles perspectives. Des pistes ont été évoquées lundi dernier avec Gilles Cornut-Gentille. Mandaté par Léo Bertrand, Secrétaire d‘Etat au Tourisme de Jacques Chirac, il est l’un des proches collaborateurs de Claude Belot avec lequel il travaille depuis 1998.
La Saintonge Romane alors présidée par Xavier de Roux aux côtés de Jean Rouger, Michel Doublet et Christophe Dourthe |
Les thèmes sont choisis en fonction les attraits du site d’implantation. A Marennes, la future cité de l’huître est un bon exemple de concordance entre un produit, son lieu de production et son environnement. Idem pour le Pôle mécanique de la Genétouze où les 4 x 4 profiteront des pistes sableuses et forestières du Sud-Saintonge. Prochainement, le « Paléoscope » de Saint-Césaire, dans le canton de Burie, verra le jour. Son héroïne est Pierrette, néandertalienne égarée dans le monde des Sapiens, dont les ossements ont été découverts lors de fouilles à la Roche à Pierrot par les équipes des professeurs Lévêque et Vandermeersch. Yves Coppens, paléontologue renommé, sera le parrain de cette structure dédiée à nos ancêtres.
« Et que fait-on quand il n’y a pas d’éléments particuliers sur lesquels s’appuyer ? » s’interrogent les participants. La réponse vient de Jonzac où Claude Belot a « imaginé » les Antilles à la suite d’un voyage aux « îles sous le vent ». Quelles ont été ses motivations ? Il s’agissait de donner une dimension propice à l’évasion en proposant en Haute-Saintonge une structure aquatique axée sur le bien-être et la baignade avec un lagon, une partie remise en forme et une serre tropicale. Quant à l’architecture des Hendricks, ni martiquinaise, ni guadeloupéenne, elle est étonnante par sa conception !
Inauguration des Antilles de Jonzac : Nannie Hendriks, le responsable de la SEMDAS, Roelof Hendriks, architecte (aujourd'hui disparu), et Claude Belot (archives Nicole Bertin) |
Tout cela est intéressant, direz-vous, mais vous oubliez Saintes, la capitale de la Saintonge. Que s’y passe-t-il ? Dans un avenir proche, Bernadette Schmitt et son conseil municipal dévoileront au public les plans de l’aménagement de la place Bassompierre. Cette démarche est le symbole d’une volonté plus étendue. « Aller au delà de la concrétisation des dossiers portés par Michel Baron dont le Gallia et la Rue Mauny, est nécessaire. Bernadette Schmitt doit, elle aussi, apporter sa pierre à l’édifice » soulignent les observateurs.
Claude Belot a-t-il entendu l’appel ? Il n’est pas interdit de le penser. Toujou rs est-il que Gilles Cornut Gentille, « homme de confiance » chargé de mener à bien les ambitions jonzacaises - Antilles, casino, résidence Pierre et Vacances, lotissement, etc - est venu à Saintes étudier ce qui peut y être fait. Sans doute faut-il y voir un signe de réconciliation politique entre le maire de Saintes et le président du Conseil Général qui n’ont pas toujours été sur la même longueur d’ondes (en matière de Communauté d‘Agglomération par exemple)...
La mission officielle de Gilles Cornut Gentille, confiée par le Secrétaire d’Etat au Tourisme Léo Bertrand, consiste à identifier « des sites en France à vocation touristique qui ne connaissent pas actuellement l’essor que leurs atouts devraient leur faire valoir et cela pour des problèmes d’infrastructures ferroviaires, hôtelières et autres. Ces sites, harmonieusement répartis sur le territoire national, devront toutefois être à proximité de zones hautement fréquentées ».
Accueilli par le député Xavier de Roux, président de la Saintonge Romane, il estime que ce secteur présente des caractéristiques correspondant aux critères définis par le Gouvernement. L’objectif numéro un est un recensement afin d’établir les potentialités.
Gilles Cornut Gentille, chargé de suivre les projets en Charente-Maritime |
D’autres propositions sont lancées. Parmi elles, faire de Saintes, riche en édifices religieux, la cité de la pierre et du compagnonnage, voire de l’architecture au cours des siècles puisqu’elle possède de nombreux vestiges, de l’amphithéâtre en passant par la crypte de Saint-Eutrope, les édifices du XVIIIe et des éléments contemporains (ville cheminote). Un partenariat pourrait s’instaurer avec les Lapidiales de Port d’Envaux et la manifestation de Lozay, « la pierre et le ciseau ».
Il y aussi le fleuve Charente où vogue la gabare (à ce sujet, une signalétique indiquant les commerçants et autres services aux ports d’escale serait la bienvenue) et les bords de Seugne qui sont incontestablement à valoriser. Depuis que les brigades vertes de Tourisme et Pêche ont rangé leur matériel, s’y promener devient épique. Un effort est à faire dans ces communes qui possèdent un marais remarquable (Courcion par exemple), « plus riche que son cousin poitevin », où les berges sont dans un état proche de la forêt vierge depuis la dernière tempête. Promeneurs et pêcheurs apprécieraient.
S’y ajoutent le circuit des église romanes, des châteaux comme ceux de la Roche-Courbon (dédié à la Belle au bois dormant), Crazannes (Chat botté), Panloy, Le Douhet (hanté par des fantômes) et la possibilité de créer le village de Bernard Palissy à la Chapelle des Pots (on cherche des financements, Bernadette Schmitt avouant humblement que la CDC du Pays Santon n’a plus d’argent).
Bernadette Schmitt et Michel Charasse en visite dans la région |
Dans un premier temps, le représentant de Léo Bertrand souhaite rencontrer les acteurs locaux : responsables de la société d’archéologie, historiens, Semdas, Saintonge Romane, mairie de Saintes, CDC. Un groupe sera constitué qui élaborera un projet de développement. Il devrait entraîner de nouveaux besoins en capacité d’hébergement. « Aujourd’hui, un hôtel deux étoiles, capable de recevoir l’équivalent de deux cars, serait le bienvenu » constatent les acteurs locaux.
La balle est maintenant dans le camp de Gilles Cornut Gentille : « compte-tenu des atouts de ce territoire, je suis confiant en son avenir » déclare-t-il...
• Christophe Dourthe imagine des randonnées gallo-romaines à travers la Saintonge Romane, Fontaines de Vénérand, aqueduc (où la société archéologique poursuit des travaux) , thermes de Saintes, amphithéâtre de Saintes, arènes de Thénac, etc
• Quand archéologie et nettoyage ne font pas bon ménage...
Pour lutter contre les inondations de la Charente, le plan de protection prévoit un dragage du fleuve. Or, les services de l’archéologie subaquatique ne l’entendent pas de cette oreille, les pirogues et autres vestiges du temps d’avant étant nombreux en aval de Saintes, vers Taillebourg, Bussac (qui rejoignait la Chapelle des Pots par un sentier de contrebande). Elus et chercheurs essaient de trouver une « eau » d‘entente...
• Pourquoi tant de centres culturels de rencontres ?
Question de Christophe Dourthe, conseiller général qui se demande pourquoi la Charente-Maritime possède deux centres culturels de rencontres, Rochefort et Saintes et un centre de culture européen, Saint-Jean d’Angély. En France, il en existe une dizaine et Paris a l’impression de donner énormément d’argent à la Charente-Maritime pour un résultat qui ne serait pas forcément à la hauteur des espérances. Dans la salle, d’ardents défenseurs des différentes structures firent savoir que chacun travaillait à présenter des projets...
• Quand les Rochelais avaient peur de Saintes...
Xavier de Roux évoque l’époque de la construction de l’annexe du Conseil Général, projet porté avec Alain Bougeret : « Quand il a vu les plans de l’auditorium, François Blaizot, alors président, a cherché à minimiser le projet » déclare l’élu.
Les services sociaux se sont installés dans la cité santone et, compte-tenu de l’extension des activités, la surface des bureaux va être triplée. A proximité, les travaux du nouvel hôpital des Arènes se poursuivent. Ils feront de Saintes un grand centre de santé.
Photos archives © Nicole Bertin
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