Lancé en 2008 dans deux chapelles du chœur, ce vaste chantier de rénovation se poursuit avec le nettoyage complet de la nef, qui permet au vertigineux vaisseau central de retrouver, petit à petit, son éclat et son décor architectural. "Sept travées et 14 baies de vitraux sont en cours de restauration, dont la première tranche est tout juste terminée" explique à l'AFP Daniel Alazard, ingénieur à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac).
Le chantier de la nef doit s'achever fin 2016, puis le transept sera lui aussi restauré, après une pause de près de deux ans. L'aspiration des poussières et des suies sur les parois et un brossage délicat des murs ont fait apparaître les enduits originaux : des parements en fausses pierres à dominante ocre pâle, des colonnes et des arcs surlignés en blanc.
Le décor du XIIIe siècle presque totalement conservé
Le monument a la particularité d'avoir conservé la quasi-totalité de son décor du XIIIe siècle. Les travaux de restauration permettent ainsi de faire réapparaître la dimension originelle de l'édifice tel qu'il était au moment de sa consécration. "Dans la nef, il y avait une inconnue sur les décors qui pouvaient être conservés. Malheureusement, dans la première partie des travaux, sur trois travées, on a deux clés de voûte où il n'y a que très peu de décors. Tout juste quelques résiduels de polychromie. Sur une des clés, des décors à la feuille d'or sur des branches d'ogive ont été relevés par des archéologues du bâti" explique l'ingénieur de la Drac.
Outre Atlantique, on fustige le chantier de restauration
Les restaurateurs ont découvert sur les piles de la nef, à trois mètres du sol, des décors révolutionnaires avec les mots "Constitution" et "République". Mais ce passage de l'ombre à la lumière choque certains regards. C'est le cas de Martin Filler, spécialiste américain en architecture, qui a publié fin 2014 dans la prestigieuse New York Review of Books un article dénonçant la restauration. "Ce qui est le plus choquant, c'est que les travaux ne prennent pas en compte les directives universellement acceptées, établies par la Charte de Venise, il y a plus de 50 ans, à savoir que toute modification doit être réversible" déplore-t-il auprès de l'AFP.
"Même si les intérieurs de Chartres étaient initialement plus clairs, ils n'ont pas été vus dans cet état depuis des siècles. L'idée que nous puissions recréer l'aspect de la construction d'origine par des moyens artificiels est aussi aberrante que d'imaginer qu'une actrice vieillissante puisse retrouver sa jeunesse avec un lifting."
De l'autre côté de l'Atlantique, une pétition en ligne a recueilli plusieurs centaines de signatures à l'initiative d'un passionné d'art gothique, Stefan Evans, qui dit vouloir dénoncer "une restauration irresponsable".
La Drac ne veut "pas entrer dans la polémique"
Les services de l'État, via la Drac, affirment n'avoir jamais été contactés par ces critiques et n'avoir eu vent de leur mécontentement que par la presse. "Nous ne souhaitons pas entrer dans la polémique" répond la Drac qui assure à l'AFP que les chantiers "ont été pensés et réfléchis par de nombreux acteurs et scientifiques".
"Nous n'avons pas agi sur un coup de tête" ajoute l'organisme. Il invite "ceux qui se montrent hostiles aux travaux réalisés à venir sur place pour qu'ils voient ce qui est réalisé et la façon dont nous le faisons". La restauration des décors intérieurs est dissociée de celle des 520 m² de vitraux et leur célèbre "bleu de Chartres" datant de 1215 à 1225. "Les verres sont encrassés, côté intérieur, par la pollution et le noir de fumée, mais aussi par des patines qui ont été appliquées lors de restaurations au XIXe siècle et nous avons de grosses difficultés à les retirer pour redonner une transparence effective" témoigne Daniel Alazard.
Source : Culturebox/France 3
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