Que se passe-t-il au pied du vieil arc de Germanicus ? (photo D. Catineau) |
On cherchait une utilisation, puis vinrent les élections de mars 2014. Un nouveau maire s’installa à l’hôtel de ville et sans réitérer le projet fou d’une passerelle transparente montant et descendant au gré des courants de notre fleuve, on cherchait encore une utilisation pour cette place centrale qui a vu, en d’autres temps, tout Saintes défiler et vivre.
Et puis, voilà ! On vient de trouver la bonne idée ou plutôt le bon prétexte. En juillet dernier, une bagarre a éclaté entre deux groupes peut-être éméchés ou alors énervés, ou bien les deux. Une seule bagarre ! oui ! Vous lisez bien. On le chuchote dans les colonnes du quotidien local ; on a de la peine dans les cafés tout proches à sortir de l’anonymat pour en parler dans le détail.
Dessin de Jean-Pierre Blanchard |
Et pourquoi ? à cause d’une bagarre ? Sommes-nous donc arrivés à un point de non retour tel que nos Saintais vont se retrouver dans un Chicago impitoyable, celui de la prohibition ? « Prévenir pour mieux guérir » nous objecte-t-on ! Et puis, ce n’est pas que pour la place Bassompierre, c’est pour toute la ville.
Bon ! Une amie Saintaise m’a confié que pour sa part, à la sortie tardive de réunions en ville, elle n’hésitais pas à arpenter les rues nuitamment sans appréhension particulière. Alors, qui croire ? Voyons donc les chiffres édifiants qui ont été annoncés pour s’appuyer dessus telle une béquille sécuritaire.
Selon les récents chiffres communiqués par la sous-préfecture, on a pu constater depuis un an une augmentation de 33 % des atteintes à la personne et de 20 % pour la délinquance de proximité. Aussitôt dit, aussitôt fait : action ! réaction !
Jean-Philippe Machon, maire Divers droite de Saintes a adressé le 14 octobre un courrier à Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur, l’alertant (ou plutôt l’alarmant) d’une situation à Saintes exigeant plus de policiers.
L'acta vue par Jean-Pierre Blanchard |
A plusieurs reprises, et en centre-ville, des bagarres impliquant plusieurs dizaines d'individus ont éclaté donnant lieu à des scènes de violence inédites, à la fois dangereuses pour les participants eux-mêmes parfois armés de couteaux, mais aussi pour les passants ou riverains de ces rixes. Jusqu'à présent, les dommages sont restés limités, sauf pour ceux qui se retrouvent au milieu de ces bagarres. Il n'en demeure pas moins que la sécurité publique est menacée et qu'il me semble urgent de trouver des solutions efficaces avant qu'un drame ne se produise.
Du côté de la mairie de Saintes, nous faisons l'effort de recruter six policiers municipaux supplémentaires dont les missions quotidiennes viendront compléter celles de la police nationale. Sur ma proposition, nous allons également déployer un système de vidéo-protection dans la ville afin de prévenir ce genre d'incidents violents et aussi, plus généralement, pour lutter contre les faits de délinquance du quotidien qui croissent sur notre territoire, notamment en période estivale.
En effet, déjà confrontée à des difficultés liées à la recrudescence malheureuse des Sans Domicile Fixes ou autres marginaux quêtant sur la voie publique, la ville de Saintes ne peut se permettre de laisser la tranquillité et la sécurité publique se dégrader davantage.
C'est pourquoi, en soutien aux mesures que la ville est en train de mettre en place, je sollicite le soutien de l'Etat et de votre Ministère pour à la fois renforcer les effectifs de la police nationale à Saintes mais aussi pour réactiver la Brigade Anti Criminalité sur notre commune. Il me semble plus qu'essentiel que la sécurité des citoyens et de leurs biens reste une priorité de l'Etat, y compris dans des villes moyennes comme Saintes, à fortiori dans un contexte de crise sociale forte où des phénomènes violents liés à la paupérisation de la population peuvent être observés.
Dans l'espoir que ma requête retiendra votre bienveillante attention et dans l'attente de votre aide pour apporter des solutions, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l'expression de ma haute considération ».
Tout est dit ? Pas tout à fait cependant. Tout en admettant que les policiers de Saintes sont en effectif insuffisant pour une ville de près de 28 000 habitants, doit-on parce qu’une bagarre a éclaté place Bassompierre sortir les armes ? Parce que, ne nous y trompons pas. Pour l’instant, nos policiers ne sont pas armés, mais demain ? et les caméras de surveillance ? combien coûtent ce mesures ? N’existe-t-il pas des médiateurs sociaux dont le rôle est d’aller dans les endroits réputés difficiles pour entamer la discussion, raisonner ou tout simplement se montrer humain ?
Ces interrogations ne trouvent pour l’instant qu’un faible écho. La faute peut-être à la crise qui détruit beaucoup de choses sur son passage, la faute à un manque de dialogue mais en tout cas, ce que je crois, c’est qu’une telle décision qui engage les finances de la ville devrait à défaut être mieux expliquée plutôt que d’apprendre dans la presse qu’une bagarre a éclaté en juillet sur la place Bassompierre et que la sanction devient sécuritaire.
Didier Catineau
• Quand la place Bassompierre fait des vagues, ce n’est pas seulement du fait de la fontaine prostatique qui y trône !
Ce n’était pas forcement mieux avant avec toutes ces voitures stationnées là où règne à présent un désert minéral. (Photos Didier Catineau) |
A découvrir : sa galerie et son atelier situés rue Saint-Michel à Saintes
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