samedi 20 décembre 2014

Charente-Maritime :
La ligne à Grande Vitesse Tours-Bordeaux
ouvrira en juillet 2017

• 1000 jours : le compte à rebours a commencé ! 

 • Un révolution se prépare dans le monde des transports 



Fin novembre, Béatrice Abollivier, préfète de Charente-Maritime et Dominique Bussereau, président du Conseil général avaient organisé une réunion en présence des responsables de Cosea et de Réseau Ferré de France. Ordre du jour : faire le point sur les travaux de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux. 


Tous les regards sont tournés vers la future LGV Tours-Bordeaux. Qu’on habite le Sud Saintonge ou les abords de Bordeaux, l’ampleur des travaux est impressionnante et elle est encore plus visible en vue aérienne : larges saignées dans le paysage, nombreux ouvrages d’art (37 en Charente-Maritime). Une nouvelle page d’histoire s’écrit !
Le 24 novembre dernier, partenaires financiers et acteurs se sont retrouvés à Montguyon pour dresser le bilan de l'année écoulée. François Bastère, maire de la commune, se fit un plaisir d’accueillir tout ce beau monde au centre culturel. « L’arrivée de la LGV symbolise l’aventure humaine du XXIe siècle. Nous allons gagner la bataille du rail ! » dit-il.
Dans le département, cette ligne impacte cinq communes sur 20 km, Neuvicq, Montguyon, Saint-Martin d’Ary, Clérac, Boresse et Martron. Trois points majeurs seront installés dans la région : la base de travaux, puis de maintenance de Clérac, la sous station électrique de Clérac et le point de changement de voie avec évitement de Neuvicq.
« Cette réunion annuelle est importante parce qu’elle permet de faire le point sur un projet remarquable pour l’évolution du territoire » souligna Béatrice Abolliveir. 72 engagements ont été pris par COSEA : il s’agissait de les contrôler et voir s’ils ont été respectés.
« Je salue l’un des plus grands chantiers en cours d’achèvement » enchaîna Claude Belot, maire de Jonzac, qui évoqua l’ambiance des premières réunions d’informations : « le premier calage avec les indigènes a été difficile ! ». Il faut les comprendre. Voir débarquer une LGV suscite les interrogations légitimes des petites communes et ses habitants.

Responsables et élus réunis à Montguyon

Où en sont les travaux ? Un calendrier a été établi : mars 2015 début des travaux ferroviaires en mode routier en Charente-Maritime ; juillet 2015 début de la pose des caténaires ; août 2015 début du preballastage ; septembre 2015 début des travaux en mode ferroviaire ; été 2016 mise sous tension et essais ; ouverture en 2017.
Si tout va bien, les premiers TGV devraient circuler en juillet 2017. « Le chantier avance bien. Le génie civil se termine, les finitions vont encore demander un an. En ce qui concerne les terrassements, il reste à brasser des centaines de millions de m3 de terre, sans oublier l’assainissement. Nous allons le plus vite possible. Les premiers rails soudés viennent d’être posés à Villognon » précisa Gilles Godard, directeur de COSEA.
Les questions portèrent ensuite sur l’environnement, compensations foncières, plantations. COSEA doit réaliser des boisements compensateurs, soit une surface de 280 ha sur le département. 98 ha sont effectifs et 91 ha en cours. Le reste à l’étude porte sur une centaine d’hectares.



Les obligations du constructeur sont nombreuses, protection des espaces naturels, de la faune (rainette méridionale et tortue cystude à Montguyon), de la flore. Tout un ensemble est pris en compte pour que cette LGV ne soit pas une intruse dans le quotidien, mais une réalisation qui s’insère dans le développement du Sud Saintonge (même si aucune gare n’y est prévue).
En ce qui concerne l’emploi, une grande partie des salariés bénéficieront d’un reclassement interne ; d’autres partiront à l’international « bien qu’on ne puisse pas envoyer tout le monde au Quatar ou en Allemagne ». On sait également que la situation du bâtiment n’est pas « joyeuse » actuellement.
Pôle emploi s’active pour que les personnes en fin de contrat puissent retrouver un nouveau job.
Par ailleurs, le fondation LISEA bio-diversité finance un fonds qui permet de soutenir des projets : sur un total de 30 millions d’euros, il reste encore 800.000 euros à pourvoir. Un autre est consacré au carbone.
A ce sujet, Francis Savin, conseiller général, s’étonna que LISEA bio-diversité n’ait pas retenu le dossier concernant la Saintonge Boisée alors qu’elle a été plus attentive à ceux du Nord. « Serait-ce de la provocation ? » s’exclamèrent les représentants de la Communauté de Communes à commencer par le président Belot. Les intéressées les assurèrent qu’ils allaient y regarder de plus près ! Aux dernières nouvelles, un projet concernant l’environnement dans le secteur de Saint-Aigulin aurait été validé.

Des travaux impressionnants 

Eté 2017 

« Dans 1000 jours, la nouvelle ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique mettra Bordeaux à 2 h 5 minutes de Paris. Dans 1000 jours, tout le Sud-Ouest français bénéficiera d’une nouvelle infrastructure ferroviaire de 300 km, qui participera à l’attractivité et au développement des territoires desservis. Dans 1000 jours, 18 millions de voyageurs, soit 20% de passagers ferroviaires en plus qu’aujourd’hui, profiteront chaque année des avantages de cette nouvelle liaison à grande vitesse. Dans 1000 jours, sur le réseau existant libéré des TGV entre Tours et Bordeaux, les trains de proximité (TER) et de fret retrouveront de la place pour se développer et améliorer leur propre qualité de service. C’est aujourd’hui que se prépare cette révolution dans les transports. Aujourd’hui que l’ensemble des parties prenantes ayant financé ce projet dessinent, en lien avec la SNCF, les contours de ce que sera l’offre ferroviaire à l’été 2017 » remarquent à juste titre les représentants de LISEA. Cette société sera concessionnaire de la future ligne pour une durée de 50 ans, soit jusqu’en 2061. Elle assure l’interface entre le concédant (RFF), le concepteur-constructeur (COSEA), l’exploiteur-mainteneur (MESEA), les investisseurs, les prêteurs et les garants…

Nicole Bertin

• Participent au financement de la LGV : l’Etat, les collectivités locales, RFF, LISEA, Les actionnaires de LISEA sont VINCI Concessions, VINCI SA, CDC Infrastructure, SOJAS (Meridiam), FININFRA SA*, AXA Infrastructure Investissement*, AXA UK Infrastructure Investment* (* Fonds gérés par ARDIAN).




• Une organisation sous contrôle 

L’ensemble des actions de LISEA fait l’objet de contrôles et évaluations spécifiques tout au long de la concession et plus particulièrement pendant les premières années où la Ligne est conçue puis réalisée. La société doit en outre présenter l’avancement du projet dans les comités de suivi des engagements de l’Etat institués par les Préfets coordonnateurs et doit naturellement respecter l’ensemble des réglementations en vigueur.

 • Au-delà de l’amélioration du temps de parcours (gain d’une heure entre Bordeaux et Paris), il s’agit d’optimiser l’utilisation de cette nouvelle infrastructure en créant une offre cohérente avec les attentes des territoires, des particuliers et des entreprises. Pour Bordeaux, cela doit se traduire par une augmentation des fréquences des trains directs pour servir et alimenter la demande croissante des voyageurs. Comme Lyon et Lille, qui bénéficient d’un train direct rapide toutes les heures, plus des trains de renforts à la demi-heure en heure de pointe, Bordeaux disposera enfin d’un niveau de service en cohérence avec son dynamisme métropolitain. Ceci est tout à fait compatible avec le maintien d’un bon niveau de desserte pour le Poitou-Charentes (Poitiers, Angoulême, La Rochelle).

 • Connaissez-vous les longs rails soudés ?


Les LRS, longs rails soudés, d’une longueur de 432 mètres, sont posés sur la LGV SEA Tours-Bordeaux. Appelés aussi « barres longues », ils constituent une méthode moderne de pose des votes ferrées qui présente l'intérêt de supprimer la plupart des joints de rails sur des longueurs importantes, souvent de plusieurs kilomètres. C'est la méthode de pose adoptée pour toutes les lignes à fort trafic, et notamment les lignes à grande vitesse. Les barres longues, d'une longueur de 144, 300 ou 400 m selon les pays, sont produites en atelier par la soudure de rails élémentaires de respectivement 18m, 36m, 72m, 75m, 80m, 100 m ou 120m. Cette soudure effectuée en atelier fixe ou semi-mobile est faite par étincelage et forgeage ou bien par induction et forgeage. Ces barres longues, dont la souplesse autorise le transport sur des rames de wagons plats spécialement équipés d'agrès et goulottes de déchargement, sont ensuite posées et soudées entre elles sur place par soudure alumino-thermique ou soudure électrique. Elles sont fixées aux traverses par l'intermédiaire d'attaches élastiques. Dans le cas de création d'un LRS par soudage des rails d'une voie en barres normales fixées, totalement ou en partie, par des attaches rigides, on installera des dispositifs « anti-cheminant » destinés à s'opposer aux mouvements longitudinaux du rail.

• Dominique Bussereau regrette le manque d’investissement ferroviaire exprimé par le Gouvernement (ligne Bordeaux Toulouse retardée). « A part le développement du grand Paris, rien qui démarre ». Conséquence, « des centaines de salariés vont se retrouver sans avenir professionnel parce qu’il n’y a plus de grands chantiers ». En partenariat avec la Région, l’électrification se poursuit avec amélioration de la desserte au Nord de La Rochelle.

• Parmi les questions diverses, M. Pasquet, maire de Clérac, au nom du collectif des élus TGV 17, demanda qui allait financer les charges liées aux infrastructures de maintenance. Par ailleurs, les communes bénéficieront-elles des taxes foncières sur les bâtiments et ouvrages ? A voir du côté de Bercy.


•  Montguyon sera traversée sur 5,2 km par la LGV. « Tout se passe bien. Le plus dur pour les agriculteurs a été le rétablissement des chaussées quand les terrassements ont eu lieu. Les routes étaient coupées et les ponts n’étaient pas faits. On a fini par trouver des solutions » explique le maire François Bastère.

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