Saut dans l'Himalaya (photo Paul Henry de la Baère) |
Paul Henry de Baère a, lui aussi, foulé le trottoir de ce boulevard qui n’en porte que le nom car l’artère n’est ni longue, ni large. Qu’importe ! Le lieu lui a peut-être donné des ailes ou tout au moins des envies d’espace.
Petit, aux côtés de son oncle et de sa tante (E. et A. Ballion), Paul Henry rêvait de devenir astronome comme Patrick Baudry. « J’avais l’un de ses ouvrages avec une dédicace. L’espace m’a toujours attiré ». Il pense ensuite à devenir pilote de chasse. Manque de chance, sa vison n’est pas assez bonne. Il tente de nouvelles expériences en faisant du parapente, du char à voile, du planeur et apprend à piloter un avion. Toujours plus haut avec cette immense joie d’échapper à la pesanteur !
Un beau jour, sa tante et sa grand-mère changent le cours de sa vie en leur offrant une formation de parachutiste qu’il accomplit à l’aérodrome de Royan. « C’était un formidable cadeau. Sans le savoir, elles ont contribué à écrire mon avenir » souligne Paul Henry.
Les cours se passent si bien que les moniteurs lui laissent le champ libre dès le quatrième saut alors qu’ils attendent généralement le septième. Depuis, il est resté fidèle à cette discipline qu’il complète par une autre activité, photographier et filmer en vol. Autrement dit, outre son équipement, il dispose d'un matériel suffisamment sophistiqué pour accomplir cette "mission".
C’est ainsi que l’hiver, il est à Courchevel où il tutoie les sommets. L’été, il flirte avec les plus beaux endroits du monde aux Etats-Unis ou en Russie.
Dans l’Himalaya, il se consacre aux aventures extrêmes. De quoi frissonner dans tous les sens du terme : outre le froid, le travail de Paul Henry est certes exaltant, mais non exempt de danger…
Paul Henry a créé sa propre société Apacheprod |
Lui arrive-t-il d’avoir des appréhensions ? « J’ai 3000 sauts à mon actif. Nous restons toujours très prudents. J’ai été formé par un homme remarquable, Bernard Maussire, un ancien de l’équipe de France de parachutiste. Mon travail consiste à filmer et à photographier les personnes qui découvrent le parachutisme pour la première fois en tandem avec l’instructeur. Ils veulent rapporter des souvenirs. Je conjugue l’activité sportive à l’approche artistique. Je me sens à l’aise quand je suis dans les airs ». Les photos qui suivent se passent de commentaires : les clichés de Paul Henry sont tout simplement magiques !
L'Himalaya (photos P.H. de la Baère) |
Paul Henry a la bougeotte, c’est pourquoi, comme les nomades, il change de campement régulièrement. Pour la seconde fois, il est parti durant un mois dans l’Everest, toujours pour le même job, rechercher l’extrême dimension et immortaliser la première descente d‘un non initié. Et quelle descente puisque dans ce cas précis, les sauts se réalisent au dessus de l’Everest, le plus haut sommet de notre chère planète. Un tel défi, orchestré par la société Everest Skydive, mérite bien quelques confidences…
- Qu’éprouve-t-on face à cette immense chaîne de montagnes ? « L’Everest est très imposant. On est plein d‘humilité. Le paysage est grandiose et inhospitalier. Il n’y a pas de route, c’est une beauté sauvage »
- Comment sont les Népalais ? « Ils sont généreux et accueillants. Des sherpas nous ont accompagnés pour porter le matériel ».
A l’arrivée des nobles étrangers, les habitants ne comprenaient pas pourquoi ils voulaient gratter la tête de l’Everest et quel était le but recherché. « Nous leur avons expliqué notre démarche. De plus, le village vit du tourisme ». Cependant, Paul Henry et son big boss américain, Tom Nooman, basé à Philadelphie, ont dû se plier au rituel : « Il n’était pas question de sauter tant que nous n’avions pas demandé à l’Everest, autrement dit à la Déesse-mère des vents, son autorisation. Deux moines bouddhistes ont récité des mantras de protection. Ils ont brûlé de l’encens ; des offrandes ont été faites. Ils nous ont remis une écharpe de soie blanche ».
L'équipe de Everest Skydive et les sherpas |
Attentive, la déesse a protégé ceux qui venaient la saluer de si haut, c’est-à-dire à 10.000 mètres d’altitude. Un hélicoptère Ecureuil B3 assurait le transport à partir du campement. « Le saut dure une minute quarante environ. J’ai rejoint Tom il y a deux ans. Il a créé au Népal une manifestation de sauts Halo à Sagarmatha. Nous en profitons pour tester les matériels, dont ceux à oxygène qui sont nécessaires. Ces systèmes ont été élaborés par des alpinistes. Nous les améliorons d’année en année. Les bouteilles sont placées sur le ventre. La descente se fait à partir de 5700 m. Décrire ce que l’on éprouve est incroyable, presque orgasmique. On a l’impression de flotter. La vue est imprenable, les sensations fortes ».
Le prix d’une telle aventure est élevé (quelque 35000 dollars), mais les heureux élus ne regrettent pas leur investissement : « nous sommes une vingtaine à avoir vécu cette expérience au dessus de l’Everest dont des Américains, des Australiens,des Néo-Zélandais, un Sud-Africain et un Népalais. Certains participants défendent une cause humanitaire. Zidane devait nous rejoindre au nom d’une association qui lutte contre la leucodystrophie. Une personne handicapée a pris sa place, Marc Kopp. C’était très émouvant. Un membre de Global Angels est venu également ».
Paul Henry fait partie de ces heureux élus : « moi, je filme. Je prépare d’ailleurs un documentaire pour la société de voyages Explore Himalaya. Mes clichés sont achetés par des magazines ». N’importe qui peut tenter l’expérience qui se pratique en duo avec un professionnel. Le seul véritable obstacle est le prix : « nous misons sur une plus large fréquentation. Plus il y aura de candidats et plus l’accès sera abordable ».
Un saut sur le Toit du monde ? |
A peine rentré du Népal, Paul Henry est venu embrasser sa famille jonzacaise avant de rejoindre Courchevel, la tête pleine de souvenirs, là où la montage joue les intermédiaires entre le ciel et la terre. Durant l’hiver, c’est donc dans les Alpes que vous le retrouverez avec, au programme, des sauts Halo, un spectacle inédit en Europe au dessus du Mont Blanc. Ensuite, il retournera aux Etats-Unis, Minneapolis, Houston : « je compte bien améliorer ma productivité » avoue-t-il.
Lors de son prochain voyage dans l’Himalaya, nous lui souhaitons d’immortaliser le faux Yéti : « ils en parlent souvent, mais je ne l’ai pas encore rencontré ». Affaire à suivre…
• Sur place, plusieurs camps existent : Syangboche 3720 m, Gorak Shep 5500 m, Ama Dablam 5400 m.
• Les recettes sont destinées à des œuvres caritatives népalaises : 450000 euros ont été investis dans un orphelinat sans oublier les écoles, un poste de secours en montagne, etc.
• Le voyage dans l’Himalaya s'est déroulé du 28 octobre au 20 novembre. Paris, Bombay, Katmandou et l’atterrissage à Lukia, l’une des pistes les plus dangereuses au monde à 2840 mètres d’altitude. La suite s’est faite à pied avec des gens du pays, les sherpas.
• Conditions polaires
Il fait très froid sur cette montagne. En janvier, la température moyenne est de -36°C et peut descendre jusqu'à -60°C. En juillet, le mois le plus chaud, la température moyenne est de -19°C. La température ne monte jamais au-dessus du point de congelation. C'est pourquoi l'Everest est souvent appelé le Troisième Pôle.
L'essentiel de la neige qui s'accumule sur l'Everest tombe durant la mousson, entre juin et septembre. Entre décembre et mars, les tempêtes d'hiver y sont fréquentes. En tout temps, une tempête subite peut s'abattre sur la montagne, laissant parfois plus de deux mètres de neige au sol dans les endroits les moins exposés au vent. Au sommet de la montagne, les vents peuvent atteindre 195 km/heure au plus fort d'une tempête hivernale.
• Altitude de l'Everest
L'altitude de l'Everest a d'abord été établie à 8 840 mètres, d'après une mesure prise à environ 160 km de distance. En 1954, une équipe indienne effectue de nouvelles mesures à partir d'une douzaine de points d'observation autour de la montagne. La moyenne de ces mesures est établie à 29 028 pieds (8 848 m).
En 1992, une équipe italienne utilisant un appareil GPS (Global Positioning System) confirme cette mesure. La mesure la plus récente, résultant de la technologie de positionnement global par satellite, a donné 8 850 mètres. En 1999, après six mois de travaux conduits avec rigueur, des géophysiciens de l'Université du Colorado ont confirmé cette mesure désormais reconnue par la National Geographic Society (NGS).
Selon le professeur Bilham, la montagne continue de s'élever à raison de 3 à 5 mm par année, tout en se déplaçant vers le nord-est d'environ 27 mm sous la poussée créée par l'enfoncement de la plaque indienne sous la plaque eurasienne.
L'univers fantastique de l'Himalaya. Reste à trouver le yéti... |
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