Suite à une vague de démissions au sein du conseil municipal, les électeurs de Pons sont appelés à élire leur nouvelle équipe dimanche prochain 13 janvier. A 15 mois de l’échéance de 2020, cette partielle sera l’occasion de prendre la "température". Philippe Hélis, enseignant le droit du travail à l’université de Bordeaux conduit la liste « Pons d’abord ». Agé de 51 ans, ce passionné d’histoire, auteur de deux ouvrages sur Pons au début du XXe siècle et d’un troisième sur Emile Combes, s’engage avec la volonté de faire avancer la ville, quelque peu coincée géographiquement être Jonzac et Saintes. Le vœu formulé par son équipe est de redonner à la fameuse cité des biscuits son dynamisme d’antan. Une réunion d’information est organisée vendredi 11 janvier à 19 h dans la salle municipale. Le public y est cordialement invité.
Philippe Hélis répond à nos questions :
• Philippe Hélis, vous avez démissionné de vos fonctions d’adjoint alors que vous apparteniez à la majorité municipale que conduisait le maire Jean-Luc Dibar. Que s’est-il passé pour que vous en arriviez là ?
Au fil du temps, nous avons été nombreux à relever des dysfonctionnements importants qui généraient au sein du conseil des ambiances délétères. Le plus grave concernait le personnel. De graves problèmes de commandement sont apparus avec la directrice générale des services et 10 agents ont formulé des demandes de protection fonctionnelle. Cette mesure intervient quand ils sont victimes de brimades de la part d’un supérieur hiérarchique. Alors que le climat était mauvais dans les services, cette réalité avait tendance à être occultée par le maire. Que faire en de telles circonstances ? Il fallait défendre le personnel de toute évidence. Personnellement, je n’avais pas de difficulté relationnelle avec Jean-Luc Dibar. Ce n’était pas le cas de Jacky Botton et André Gasquet, isolés bien qu’appartenant à la majorité. Les relations entre Jean-Luc Dibar et André Gasquet en particulier étaient tendues.
A ce contexte, se sont ajoutés des dossiers qui ont provoqué des polémiques comme la vente du camping par exemple. Une fissure s'est creusée dans le bloc majoritaire et de nombreuses démissions ont eu lieu, opposition y comprise. Vu leur nombre, il était clair que de nouvelles élections auraient lieu. Les Pontois sont donc appelés à se rendre aux urnes dimanche 13 janvier.
• Deux listes sont en lice, la vôtre « Pons d’abord » et celle que conduit Jacky Botton « L’union pour Pons ». N’aurait-il pas été plus simple de n’en constituer qu’une seule ?
Effectivement, l’idée d’une seule liste pouvait paraître séduisante. Au départ, j’y étais favorable, mais les choses ne sont pas allées dans le sens que je souhaitais, estimant ne pas être à ma place dans les conditions de cette union. D’où la constitution de deux listes qui favorisent le débat et l’expression démocratiques.
• Votre liste se présente comme « apolitique » ? Est-ce à dire que l’appartenance à un parti n’est plus dans l’air du temps ?
La gestion d’une ville de moins de 5000 habitants n’a guère besoin de clivages politiques qui ne feront que compliquer les choses. Les dossiers doivent être étudiés de manière pragmatique. L’intérêt est celui des Pontois et un consensus doit être recherché. Les dogmes au niveau local, je n’y crois pas trop !
• Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?
Nous présentons une dizaine de propositions. Nous voulons tout d’abord faire des économies sur les indemnités des élus, de l’ordre de 30.000 euros, soit une baisse de 25% environ. Elle concernera les maires et les adjoints et éventuellement les délégations. Si nous sommes élus, nous sommes en effet favorables à la création de binômes sur les sujets importants. Nous voulons également maintenir les moyens financiers et techniques consacrés aux associations ; les actions en faveur des écoles (amélioration des accès et de l’accueil, des conditions de restauration) ; rétablir la confiance des personnels communaux ; être des élus ouverts au dialogue ; gérer de façon rigoureuse tout en restant constructifs et innovants ; améliorer le dynamisme du centre ville ; aider les commerçants ; régler les problèmes du quotidien de la ville et des villages ; respecter les anciens et les traditions et enfin retrouver notre place au cœur de la Communauté de Communes de Haute-Saintonge.
• Vous estimez que Pons n’est pas assez « présente » dans la CDCHS ?
Les Pontois sont les plus gros financeurs de la Communauté de Communes qui ne pourra se développer sans l’essor de Pons. Compte-tenu que nous avons pris le train en marche et que Jonzac est notre sous-préfecture depuis un an, nous avons des dossiers à préparer qui peuvent bénéficier des aides du programme Leader ou s’inscrire dans le Contrat de Ruralité. L’un de nos grands projets, à construire avec des producteurs issus de toute la Haute Saintonge, sera touristique et commercial. Il concerne la culture de plantes médicinales. On peut imaginer la fabrication d’huiles essentielles élaborées dans un laboratoire. Tout cela demande bien entendu à être peaufiné. Le projet devra s’établir en coopération avec des industriels et s’insérer dans une logique marchande. Il ne s’agit pas de financer n’importe quoi et de combler les déficits avec de l’argent public en cas de déséquilibre !
En ce qui concerne le patrimoine, nous avons des projets de rénovation : chapelle Saint-Gilles, donjon, travaux à réaliser sur l’église Saint-Martin. Ces dépenses sont incontournables.
• Les réalisations de la CDCHS les plus importantes se trouvent à Jonzac, Antilles, centre des congrès, etc. Certains maires aimeraient bien que d’autres communes puissent tirer leur épingle du jeu…
Il y a beaucoup de réalisations sur Jonzac, c’est un constat, mais cette ville a déposé des projets intéressants. A nous d’en faire autant ! Le président Belot n’a jamais caché qu’il dirigeait une communauté de grands projets. C’est la réalité et nous devons nous inscrire dans cette perspective. J’entretiens des relations cordiales avec le président. Quand j’étais responsable du tourisme à Pons, il m’a soutenu dans le transfert du siège de l’office qui se trouve désormais dans l’ancien château. La fréquentation est en forte augmentation.
• Outre le sénateur Laurent, vous avez effectivement le soutien de Claude Belot dans cette élection…
Disons qu’il n’est pas hostile à ma candidature ! Je l’ai d’ailleurs rencontré avant de m’engager dans cette élection. Quand j’étais délégué communautaire, nous avons travaillé ensemble sur le tourisme, comme je le disais plus haut.
• Comment les habitants vivent-ils cette élection ?
C’est compliqué pour les Pontois. Il y a ceux qui suivent de près la vie municipale et ceux qui en sont éloignés. La crainte, c’est l’abstention. Il faudra faire avec, c’est le risque des élections partielles.
• Quel regard portez-vous sur les gilets jaunes qui occupent le devant de la scène ?
J’ai sans doute des sympathisants « gilets jaunes » dans mon équipe. Ecouter les préoccupations quotidiennes de la population est une priorité. Les communes seront les courroies de transmission des revendications. Si nous sommes élus, la mairie ouvrira un cahier de doléances.
Les réunions de concertation qu’engage le Gouvernement sont également nécessaires. La ville de Pons est concernée. Il faut cependant distinguer les enjeux locaux des grands débats nationaux.
• Vous placez votre mandat sous le double signe de l’humilité et de la proximité. L’humilité est importante pour vous ?
En effet, nous parlons d’humilité et cette réflexion ne vise personne ! En aucun cas, les élus doivent apparaître prétentieux. Nous sommes là pour servir les habitants et non pour assouvir des vanités personnelles et se montrer. A 51 ans, je n’ai pas envie de commencer une carrière politique ! Humilité, proximité, ce sont les principes que nous avons définis au sein de notre équipe et nous y croyons. Ce mandat va durer 15 mois, le temps qu’il va falloir pour redonner confiance à tous nos services et mieux servir nos administrés.
Notre liste organise une réunion d’information vendredi 11 janvier à 19 h dans la salle municipale. Le public y est cordialement invité.
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