Lieu de culte dans le Sud-Saintonge, Croix-Gente est connu pour ses pèlerinages qui attiraient des centaines et des centaines de paroissiens. En effet, le site est associé à une histoire se déroulant au Moyen-Age. Elle raconte qu’un père, qui avait perdu son enfant, avait fait le vœu à la Vierge de construire un édifice religieux à l’endroit où il le retrouverait. Il tint sa promesse. De cette bâtisse primitive détruite par les guerres de religion, il ne reste rien sinon une Pietà qui aurait traversé les siècles. La chapelle, qui s’élève au bord de la route, a été construite au XIXe siècle. Quant à l’église moderne, nécessaire pour contenir l’affluence des fidèles, elle a été réalisée dans les années 1930 (elle est aujourd’hui fermée).
De tous temps, ces lieux ont été dédiés à la générosité et à l’entraide. A la prière également puisque, dit-on, certains miracles s’y sont produits. Ainsi quand Jean-Yves Citeau et son épouse Danielle sont arrivés en juillet 1998 avec la Communauté du Pain de Vie, ils recevaient des personnes que l'existence avait laissées sur le bord du chemin.
Ces années de dévouement se sont achevées fin 2018 : « nous sommes âgés et nous n’étions plus en capacité de continuer » avoue Jean-Yves qui s’est installé à Montendre. Une autre initiative est à mentionner en relation avec l’aumônerie du Centre pénitentiaire de Bédenac : « Durant trois ans, des permissionnaires sont venus avec leurs proches dans une maison qui leur était destinée. Je n’ai jamais eu aucun problème à souligner » explique Jean-Yves.
Cette "mission" s’est arrêtée en octobre dernier. L’Evêché recherche une résidence pour poursuivre cette expérience qui permet aux familles de se retrouver.
L'a nouvelle église réalisée dans les années 1930 |
Quel avenir pour Croix-Gente ?
Avec le départ de Jean-Yves et Danielle, le site de Croix-Gente s’est vidé de tout occupant à l’exception de Serge, un autre bénévole, présent depuis une quinzaine d’années. Durant quelque temps, des interrogations suscitaient des craintes : l’Evêché allait-il vendre Croix-Gente ?
Vendredi dernier, Monseigneur Colomb a répondu à cette question devant l’assemblée réunie dans la salle paroissiale de Montendre.
Une association d’Arcs-sur-Argens dans le Var, les Amis de Jalna, est intéressée. L’espace a retenu l’attention des responsables qui conçoivent leurs activités dans des lieux propices au calme et à la découverte de la nature. La présidente, Pascale Ducrot, ancienne assistante sociale diplômée en équithérapie, sait par expérience que pour aider un jeune en difficulté, la pratique d’un sport, le soin et l’amour qu’il peut porter à un animal, un environnement harmonieux dans un cadre bienveillant contribuent à apaiser ses angoisses et lui permettent de se reconstruire. Une main tendue que résument les objectifs de cette association créée en 2005 : « nous apportons une aide par des moyens d’accueil, d’évaluation, d’information, d’éducation, de rééducation, d’accompagnement de loisirs et tout autre moyen d’insertion. Le cheval est promu à travers l’équithérapie ».
Au cœur des pinèdes de Croix-Gente, Pascale Ducrot a déniché un lieu qui correspond à ses attentes : « une propriété possédant trois bâtiments habitables sur un terrain d’environ 8 hectares. La situation, en campagne mais proche du centre-ville de Montendre, est un élément clé de l’évolution du jeune durant le temps de sa prise en charge. La grande étendue boisée permettra aux jeunes de s’habituer à la randonnée équestre. La plus grande maison serait réservée à leur accueil ; la seconde plus petite aux permanents et la troisième est une longère aménageable. Des travaux seront faits pour les chevaux, boxes, clôtures, sellerie, manège, rond de longe ».
Si le projet est validé, quatre jeunes filles (de 17 à 21 ans) seront sélectionnées au départ pour atteindre le nombre de sept.
Education et équitation
Durant la réunion, Pascale Ducrot, aux côtés de Bénédicte de Barberin-Barberini, a détaillé son projet : « la LVA de Croix-Gente aura double vocation, à la fois éducative et de soins valorisés par le cheval. L’un des buts est d'apprendre aux jeunes à exprimer leurs émotions avec une dimension thérapeutique et éducative. Au cours des séances d’équithérapie, nous avons observé qu’ils avaient des difficultés à comprendre leurs émotions, peur, colère, tristesse, ce qui provoque une confusion mentale nuisible au bien-être. Ces difficultés engendrent forcément des problèmes relationnels avec l’extérieur. Grâce à notre équipe, nous pouvons les aider à canaliser leurs émotions lors des échanges avec les chevaux, puis des cours scolaires. Structurer la pensée, formuler des idées, s’exprimer. Cette capacité est la clé de voûte de la régulation des comportements agressifs. De plus, le volet thérapeutique nécessite des compétences en équitation. On cristallise alors une passion commune autour du cheval avec le désir de transmettre entre enseignants et pensionnaires ».
Le stage, d’une durée d’un an, se termine par un défi. Il s’agit d’un trek équestre à l’étranger destiné à se surpasser et prouver qu’on est capable de se projeter dans l’avenir. Un défi humain à saluer et des gerbes de souvenirs à rapporter !
Les participants ont été enthousiasmés par ce projet qui devra recevoir, outre celui de l’Evêché, l’aval de la municipalité de Montendre. La communauté chrétienne est optimiste : « Croix-Gente est placé sous la protection de Notre-Dame des Sept Douleurs. Elle veille sur nous et aidera à la concrétisation d’une action destinée à des jeunes filles que l’existence a ballottées. Cette main tendue nous rappelle que nous ne devons pas nous confiner dans nos égoïsmes personnels, mais aller à la rencontre de ceux et celles que le destin a placés sur notre route »…
On saura dans quelques mois si les Amis de Jalna s’installeront à Croix-Gente. Quoi qu’il en soit, l’idée est belle !
• A proximité de la chapelle, un bâtiment servant de couvent autrefois a abrité des religieuses de la Congrégation des Filles de Sainte-Marie de la Providence de Saintes, puis pendant une quinzaine d’années, des frères Capucins. Aujourd'hui, ces bâtiments sont vides.
• La chapelle est indépendante du projet. Deux messes y sont célébrées par semaine. Construite au XIXe siècle, elle succède à un édifice plus ancien situé à proximité et détruit durant les guerres de religion. Sa célèbre Pietà est à l'origine d'une histoire particulière...
Au cours des siècles, la Pietà a disparu lors des périodes d'agitation (dont la Révolution) pour réapparaître. Elle est associée à plusieurs miracles. |
La chapelle a été restaurée voici quelques années |
Jean-Yves Citeau aux côtés de l'Evêque |
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