« Les Chefs qui, depuis de nombreuses années sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique terrestre et aérienne de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limite l'immense industrie des États-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas qu'il y a dans l'univers tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français, qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres ».
Appel à se mobiliser, à s'unir qui devait conduire quelques années plus tard à la fin des combats contre l'Allemagne le 8 mai 1945.
Retour sur ces événements dans la région :
Jonzac : libérée le 1er septembre 1944, la ville ne fut totalement sécurisée
que quelques jours plus tard…
Dès le 3 juin 1944, des messages codés annonçaient l’imminence du
débarquement et mettaient en alerte les forces françaises de l’intérieur
FFI ou FTP (francs tireurs et partisans) de toutes obédiences
politiques et incitaient les groupes armés à se préparer au combat, à
entraver au maximum les déplacements ennemis, à couper les voies de
communication, les réseaux téléphoniques afin que les Allemands ne
puissent acheminer les renforts vers la zone des combats. Le
débarquement du 6 juin 1944 en Normandie donna le signal du soulèvement.
Trois semaines plus tard, le 30 juin, Pierre Ruibet et Claude Gatineau
faisaient sauter les carrières d’Heurtebise. Ailleurs, les Forces
Françaises de l’Intérieur de plus en plus actives depuis trois semaines,
menaient des coups de main sur l’ensemble du territoire contre les
occupants allemands.
Une partie de la garnison allemande avait quitté Jonzac le 25 août 1944.
Néanmoins, 130 hommes gardaient encore les carrières d’Heurtebise dans
lesquelles des munitions non détruites pouvaient alimenter la garnison
allemande de Royan qui protégeait l’estuaire de la Gironde.
Le 30 août, après avoir libéré Barbezieux, les soldats de différents
groupes composant la colonne « Soulé » apprennent que Jonzac est
toujours défendue par les Allemands.
Le 31 août, elle se met en position autour de Jonzac.
La prise des carrières devient « l’objectif numéro un » mais
devant Heurtebise se trouve un important réseau de barbelés et de mines.
Quatre blockhaus armés de mitrailleuses en protègent les entrées.
Parmi les FFI ayant libéré Jonzac, le capitaine Murray dont le groupe appartenait à la colonne Soulé venant des Hautes Pyrénées |
Photos de maquisards locaux |
Le 1er septembre à 16 heures, le colonel Soulé propose une reddition pure et simple aux Allemands. Ils refusent. L’assaut est donné à 18 heures avec le renfort des résistants jonzacais placés sous l’autorité de l’adjudant de gendarmerie Georges Bernard. Un canon positionné par le « Groupe Pierre » sur les hauteurs du Cluzelet à proximité du château d’eau neutralise les nids de mitrailleuses qui interdisent l’entrée des carrières. Un groupe de « Corps Francs » du capitaine Murray pénètre dans les carrières par la cheminée d’aération et prend l’ennemi à revers. Ce puits d’aération est toujours visible sur la route d’Ozillac à une centaine de mètres au-dessus de la résidence des Vignes. Les soldats ennemis se rendent. Les résistants font 130 prisonniers dont 5 officiers. Parmi ces prisonniers, se trouvent des « volontaires russes, géorgiens, ukrainiens » qui seront employés dès le lendemain au déminage du site.
Allemands ayant été faits prisonniers par les FFI |
Le 3 septembre, une colonne allemande venue de Royan et forte de deux à trois cents hommes tente de reprendre Jonzac en arrivant par Archiac, Allas-Champagne et Meux. Des combats ont lieu vers la « Font de Pépignon » à proximité de l’ancienne gare de Champagnac. Les Allemands sont repoussés et repartent. Le résistant Henri Guillon est tué. Une stèle, souvenir de ces évènements tragiques, porte son nom.
Le 1er septembre, Jonzac était définitivement libéré, mais au
prix de lourds sacrifices.
Durant ces combats qui permirent la capture de 227 prisonniers
allemands, on a dénombré 16 victimes dans les rangs des FFI dont un
jeune résistant espagnol Damaso Gomes venu se battre aux côtés des
Français.
Témoignage de l’histoire, l’actuelle Avenue du Général de Gaulle
s’appelait à l’époque Avenue du Maréchal Pétain.
Cérémonie au
monument aux morts de Jonzac pour honorer les libérateurs de Jonzac en présence du maire René Gautret et conseil municipal |
A Saint-Simon de Bordes, dans
la clairière des Hillairets, un monument a été érigé à l’emplacement où
furent exécutés le 27 juillet 1944 les résistants René Suberbielle,
Marcel Danger, Noël Boileau, Léon Renaud, Robert Bordier.
L’église de St-Simon porte encore les traces d’impacts de combats qui se
sont déroulés à proximité.
• « L’affaire de Marignac » :
Le 20 août 44, craignant les représailles sur la population civile, Londres incite les Français à ne pas emprunter les routes principales encore sous contrôle allemand et de s’abstenir de démonstrations au passage des colonnes allemandes en retraite. Le 21 août 44 au matin, 7 hommes du groupe « Danton » venant de Pons se dirigent sur Jonzac à bord d’un camion avec parmi eux Max, Roland et Maurice natifs de Mosnac.
Sur le bord de la route, des soldats allemands font signe au chauffeur de s’arrêter. Le conducteur n’obéit pas aux injonctions. Les Allemands tirent, faisant six blessés. Un seul homme reste valide. Tous sont achevés ou fusillés à la sortie de Marignac.
Un monument à leur mémoire se trouve sur le chemin qui mène au château Gibeau. Dans le marbre sont gravés les noms de Roland Arrouy, Max Barré, Roland Charruaud, Maximin Schleipfer, Noël Couilleau, René Girardeau et Maurice Rabaud, martyrisés et exécutés le 21 août 1944.
Hasard malheureux, dénonciation, nul ne sait pourquoi des soldats allemands se trouvaient à cet endroit, mais à l’époque, seuls les véhicules de ravitaillement étaient autorisés à circuler de jour uniquement. L’arrivée d’un véhicule à bord duquel se trouvaient plusieurs hommes a paru suspecte aux Allemands rendus très nerveux par les nombreuses actions des résistants qui les harcelaient sur l’ensemble du territoire.
Début 1944, l’abbé Hémeraud, curé d’Ozillac, a formé le groupe de résistance « Ozillac » mais dépourvu d’armes, il fusionnera en mai avec celui de Manuel Serra constitué à Jonzac et deviendra le groupe « Bob ». A Montendre, le groupe « la Bruyère » serait le plus important de la région avec 350 membres disposant de mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, pistolets-mitrailleurs, fusils, 2 lance-roquettes antichar et un canon de 77 pris aux Allemands. A Barbezieux, les 24 et 25 août, des Allemands ont tiré sur des « terroristes » et à la suite de cet incident, la municipalité lance un appel à la prudence : « La population ne doit séjourner ni de jour ni de nuit sur le passage des troupes ». Dans ces détachements, se trouvent des soldats accablés par la fatigue, traqués par les maquisards et probablement alcoolisés qui tirent sur tout ce qui bouge. Un canon cible les façades d’immeubles et le restaurant « La Boule d’Or ». Plusieurs personnes sont abattues sur le seul motif de leur présence. Barbezieux est libéré le 30 août 1944 au matin. Pris et repris, Jonzac est libéré le 1er septembre 1944, mais ce n’est qu’à partir du 4 septembre que le secteur est totalement sécurisé.
Le 20 août 44, craignant les représailles sur la population civile, Londres incite les Français à ne pas emprunter les routes principales encore sous contrôle allemand et de s’abstenir de démonstrations au passage des colonnes allemandes en retraite. Le 21 août 44 au matin, 7 hommes du groupe « Danton » venant de Pons se dirigent sur Jonzac à bord d’un camion avec parmi eux Max, Roland et Maurice natifs de Mosnac.
Sur le bord de la route, des soldats allemands font signe au chauffeur de s’arrêter. Le conducteur n’obéit pas aux injonctions. Les Allemands tirent, faisant six blessés. Un seul homme reste valide. Tous sont achevés ou fusillés à la sortie de Marignac.
Un monument à leur mémoire se trouve sur le chemin qui mène au château Gibeau. Dans le marbre sont gravés les noms de Roland Arrouy, Max Barré, Roland Charruaud, Maximin Schleipfer, Noël Couilleau, René Girardeau et Maurice Rabaud, martyrisés et exécutés le 21 août 1944.
Hasard malheureux, dénonciation, nul ne sait pourquoi des soldats allemands se trouvaient à cet endroit, mais à l’époque, seuls les véhicules de ravitaillement étaient autorisés à circuler de jour uniquement. L’arrivée d’un véhicule à bord duquel se trouvaient plusieurs hommes a paru suspecte aux Allemands rendus très nerveux par les nombreuses actions des résistants qui les harcelaient sur l’ensemble du territoire.
Début 1944, l’abbé Hémeraud, curé d’Ozillac, a formé le groupe de résistance « Ozillac » mais dépourvu d’armes, il fusionnera en mai avec celui de Manuel Serra constitué à Jonzac et deviendra le groupe « Bob ». A Montendre, le groupe « la Bruyère » serait le plus important de la région avec 350 membres disposant de mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, pistolets-mitrailleurs, fusils, 2 lance-roquettes antichar et un canon de 77 pris aux Allemands. A Barbezieux, les 24 et 25 août, des Allemands ont tiré sur des « terroristes » et à la suite de cet incident, la municipalité lance un appel à la prudence : « La population ne doit séjourner ni de jour ni de nuit sur le passage des troupes ». Dans ces détachements, se trouvent des soldats accablés par la fatigue, traqués par les maquisards et probablement alcoolisés qui tirent sur tout ce qui bouge. Un canon cible les façades d’immeubles et le restaurant « La Boule d’Or ». Plusieurs personnes sont abattues sur le seul motif de leur présence. Barbezieux est libéré le 30 août 1944 au matin. Pris et repris, Jonzac est libéré le 1er septembre 1944, mais ce n’est qu’à partir du 4 septembre que le secteur est totalement sécurisé.
D.S.
La libération de Jonzac |
Hommage à ceux qui ont donné leur vie pour la liberté |
• Les photos reproduites viennent de différents ouvrages : « La
libération des deux Charentes », "Soldats en sabots" de Christian Genet,
photos archives « studio Dubroca » de Jonzac et « Mémoires en images de
Jonzac et son canton » de James Pitaud.
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