lundi 30 octobre 2017

Carrières de Jonzac : non seulement elles s’étendent sous la ville, mais les carriers étaient parfois de vrais artistes !

Jeudi dernier, Claude Belot a proposé au conseil municipal l’acquisition d’une carrière, actuelle propriété de M. Fougère, président du Groupement foncier agricole de Bellevue

Photo d'archives : Les carrières les plus célèbres de Jonzac sont celles d'Heurtebise qui ont accueilli un important dépôt de munitions allemand durant la Seconde Guerre mondiale. Un résistant Pierre Ruibet, aidé par le Jonzacais Claude Gatineau, l'ont fait exploser. Aujourd'hui, ces lieux chargés d'histoire abritent la Chaîne thermale du Soleil
Explication : Jonzac comprend sous son territoire de nombreuses carrières, y compris celles d'Heurtebise qui abritent la station thermale et sont un haut lieu de la Seconde Guerre mondiale en souvenir des deux héros de la résistance, Pierre Ruibet et Claude Gatineau.
L'été dernier, M. Fougère est entré en contact avec le maire en quête d’une solution qui lui permette de liquider une carrière de 23 hectares en raison de la prochaine dissolution du Groupement foncier agricole de Bellevue. Ce tréfonds sera cédé pour « l’euro symbolique ». S’étendant sur une vaste superficie, ces carrières représentent la grande époque où Jonzac extrayait de la pierre de taille. Claude Belot a d'abord été surpris, puis intéressé : « J’ai pensé que la ville aimerait savoir ce qui se passe dans son sous-sol. Cette carrière n’est plus exploitée depuis longtemps  ». Son entrée se situe près de la Maison de l’énergie. Les galeries courent jusqu’à l’actuelle Caisse d’Epargne, boulevard Denfert Rochereau et voici quelques années, la municipalité a engagé des sommes importantes pour injecter des tonnes de sable dans ce secteur afin d'en conforter les structures. Sans compter qu’un effondrement s’est produit vers le stade du Sivom en 2008…
Bref, le sous-sol de Jonzac est creux, sorte de gruyère qui pourrait présenter des dangers si l’on n’y prend pas garde. Désormais, avec cet achat, la mairie sera mieux à même de parer aux éventuels problèmes…

Il y a plusieurs années, nous avions visité une partie de ces carrières à la rencontre d’un artiste prénommé Eugène…


• Retour en 2002 à la rencontre d’Eugène le mystérieux…

Découverts par Jacques Gaillard lors d’une prospection dans les années 2000, les dessins gravés sur les parois d’une carrière de Jonzac par un ancien compagnon, Alphonse Eugène Bouchet, révèlent un vrai talent artistique…

Le lion de Némée
C’est à Jonzac, au cœur d’une immense carrière, que Jacques Gaillard, alors président de la société archéologique, a eu une agréable surprise. Lors d’une visite « exploratoire », il a découvert, sur les énormes piliers de calcaire, plusieurs croquis qui ont retenu son attention. En effet, à la fin du XIXe siècle, un artiste carrier, totalement inconnu, y avait gravé visages et scènes de son époque ainsi qu’une évocation aux douze travaux d’Hercule. Comment ne pas éprouver de l’émotion face à ces témoignages du passé ? « Les dessins ou inscriptions laissés par les carriers sont nombreux, mais ne sont jamais des œuvres d’art ! Ce travail, accompli à la lueur d‘une modeste lampe, est différent. Cet homme était doué. ll avait une finesse de trait remarquable et aurait sans doute pu être un grand peintre » estime Jacques Gaillard.
Quand il n’extrayait pas de la pierre, le dénommé Alphonse Eugène s’adonnait à son passe-temps favori. Ses personnages (et lui-même n’oublie pas de se représenter en plusieurs occasions) sont un clin d’œil à son métier et à l’ambiance qui l’entoure. La bouteille est présente dans les divertissements souterrains et l’on ignore si « la Madelon venait lui servir à boire » !
Heureusement pour la postérité, il ne s’arrête pas « au déjeuner sur la terre battue » et immortalise de jolies dames, dont certaines semblent sortir des tableaux de Renoir. Il va jusqu’à inventer une “duchesse” à son copain Leduc ! Il y a aussi un Hercule terrassant le redoutable Lion de Némée, d’étranges hiéroglyphes, des militaires, des têtes d’indiens, etc... « Où puisait-il ses idées ? Il possède une certaine culture, c’est évident » constate Jacques Gaillard qui voit en notre Eugène bien plus qu’un simple ouvrier ! Le seul hic est que l’on ne sait pas grand chose sur lui ou, plutôt, qu’on a perdu sa trace.



Natif de Saint-Simon de Bordes

Il était né en 1873 à Saint-Simon-de-Bordes, au village des Arnaudeaux où son père Alphonse était cultivateur (le nom de jeune fille de sa mère était Charraud). Après avoir effectué son service militaire dans le régiment des Premiers Zouaves en Algérie où il s’était engagé volontaire, il était devenu compagnon carrier dans la région de Jonzac de 1896 à 1903. Le 31 octobre 1903, il avait épousé Marie K. (nom illisible sur l’acte d’état civil) habitant Châteauneuf (commune qui n’est pas celle de la Charente). Ils auraient habité rue Sadi Carnot à Jonzac. Ensuite, ils auraient quitté la région, mais pour s’installer où ? Nous espérons qu’un de nos lecteurs éclaircira ce mystère !

Quoi qu’il en soit, l’œuvre d’Eugène est parvenue quasi intacte jusqu’à nous. Elle figure en bonne place dans le s travaux consacrés aux carriers des Charentes réalisé par Jacques Gaillard.

1 commentaire:

Nadine BERTHELOT a dit…

BOUCHET Alphonse Eugène né le 12/8/1873 à Saint Simon de Bordes 17 , fils de BOUCHET Aphonse (carrier) et de CHARRAU Marguerite , marié le 31/10/1903 à Châteauroux (Indre) avec RIVIERE Marie née le 2/03/1876 à Châteauroux . Réside à Châteauroux en 1903 .