Extraits du discours prononcé par le Ministre de l’Intérieur :
• Au sujet du nouvel Hôtel de Police
« Quinze ans se sont écoulés depuis que l’idée d’un transfert des locaux de la place de Verdun a été évoquée pour la première fois. Quinze ans durant lesquels élus locaux, policiers, habitants, n’ont cessé de souligner la vétusté de l’ancien commissariat, son inadaptation aux exigences des missions d’une police moderne. Il fallut un rapport, celui du contrôleur général des lieux de privation de liberté, puis l’engagement pugnace de quelques élus – dont le député Olivier Falorni - pour faire bouger les lignes.
Ce nouveau commissariat central est d’abord une réussite sur le plan architectural. Je veux donc saluer le travail de l’agence Ameller Dubois & Associés ainsi que de l’architecte rochelaise, Karine Millet. Les locaux sont ensuite extrêmement fonctionnels. Les équipes de ce commissariat d’ores et déjà extrêmement opérationnelles et je pense notamment aux deux importantes saisies de drogue que vous avez effectuées ces derniers mois.
Enfin, ce nouveau commissariat est doté des technologies les plus avancées : centre de commandement, dont nous avons pu percevoir en le visitant toute la modernité et ce centre de police technique et scientifique qui, doté d’une cuve cyano acrylate, permettra une détection rapide d’empreintes digitales. Ce nouveau commissariat est au fond à l’image du mouvement de rénovation que nous voulons enclencher dans tous les commissariats de France. Car il n’est pas acceptable qu’aujourd’hui - et j’ai ici une pensée pour Sébastien Paris, blessé l’année dernière dans l’incendie d’un véhicule de police à Viry-Châtillon – des fonctionnaires risquant leur vie pour protéger les Français, travaillent dans des immeubles vétustes ».
Le nouvel Hôtel de Police (© Photo Takuji Shimmura) |
- La Police de Sécurité du Quotidien devra être une police sur-mesure. A la Rochelle, vous avez par exemple développé la présence de personnels de police la nuit, parce que vous savez que 30% des délits sont commis entre 23 h et 6 h. Vous avez mis en place des équipes spécialisées géographiquement parce que, dans certains quartiers de politique de la ville, une connaissance fine des rues, des immeubles est nécessaire pour être efficace. A Nieul-sur-Mer, vos collègues gendarmes ont mis en place, dans cette zone périurbaine, une brigade de contact permettant d’entretenir le lien avec la population. Ce sera une autre façon de faire, correspondant à une réalité différente.
- La Police de Sécurité du Quotidien devra ensuite être mieux équipée. Nous devons bien sûr prendre en compte ce qui permet aux forces de sécurité d’exécuter leurs missions et nous veillerons donc à renouveler véhicules, armements, équipements de protection. Je sais par exemple que dans ce commissariat, l’ensemble des dotations allouées l’année dernière vous a permis d’acheter trois véhicules nouveaux, des casques pare-balles, des pistolets mitrailleurs. Dès l’année prochaine, le budget dédié aux équipements dans la police nationale sera augmenté à 150 millions d’euros, contre une moyenne de 100 millions d’euros les années précédentes.
- La Police de Sécurité du Quotidien sera plus connectée. Je crois beaucoup au virage numérique auquel s’est engagé le Président Emmanuel Macron. Les appels radios incessants vers vos commissariats pour consulter des fichiers alors que vous êtes sur le terrain ? Ils seront supprimés par la consultation directe de ces fichiers sur les tablettes NEO lors d’une interpellation. Les contrôles d’identité multiples créant un sentiment de défiance envers policiers et gendarmes ? Ils seront limités par la consultation sur ces mêmes tablettes de l’historique de ces contrôles. Les soupçons sur de supposées tensions entre forces de police et population ? Ils pourront être levés grâce à l’équipement en caméra-piétons. D’ici 2019, 115 000 tablettes NEO seront déployées pour la police et la gendarmerie.
- La Police de Sécurité du Quotidien sera plus partenariale.
La tranquillité publique est de plus en plus une production collective. C’est par exemple en décelant un changement de comportement d’un jeune suivi par les services sociaux que l’on peut détecter un processus de radicalisation. C’est en recueillant le témoignage d’associations, d’élus locaux, de commerçants sur l’ambiance d’un quartier, que l’on peut repérer l’émergence de trafics. C’est en s’appuyant sur un réseau de voisinage organisé – et je pense ici au dispositif Voisins Vigilants, que l’on peut lutter efficacement contre les cambriolages. C’est en mobilisant l’expertise d’un Maire, que l’on peut prendre les bonnes décisions stratégiques dans la sécurisation ; c’est en travaillant sur les espaces urbains, en s’appuyant sur les réseaux de vidéoprotection municipaux, que l’on peut proposer des solutions complètes de sécurité. Notre volonté est donc de développer partout de la transversalité, de l’horizontalité, des habitudes de travail en commun.
- La Police de Sécurité du Quotidien sera une police plus efficace parce que nous la recentrerons sur ses missions. Il est parfois difficile d’être policier aujourd’hui. Il y a surtout le découragement que l’on peut ressentir quand on arrête un délinquant qui se trouve relâché quelques heures plus tard, quand on effectue une tâche répétitive alors qu’on a été formé pour enquêter. C’est pour cela que nous sommes en train d’engager une réflexion sur le continuum de sécurité, avec la volonté de mettre fin aux tâches indues. C’est pour cela aussi que je m’engage si fortement, avec ma collègue Garde des Sceaux à procéder à une réforme en profondeur de la procédure pénale.
Notre volonté est ainsi de forfaitiser certaines infractions. Car comment justifier qu’aujourd’hui les policiers passent par exemple 1.2 million d’heures sur des affaires de consommation de cannabis, sans aucun effet dissuasif à la clé ? Nous voulons aussi simplifier les cadres d’enquête, numériser un certain nombre de procédures, alléger le formalisme, bref libérer les policiers des tâches administratives pour qu’il soit à nouveau plus présent sur le terrain, au contact de la population. C’est là une demande des policiers. Mais c’est aussi celle de nos magistrats, qui eux aussi se sentent entravés dans leurs enquêtes.
Sur-mesure, équipée, connectée, partenariale et plus efficace : voilà donc la Police de Sécurité du Quotidien que nous voulons imaginer, la police dont nous voulons doter les Français demain ».
J’ai volontairement évoqué ces questions sans aborder la problématique des effectifs, car je voulais insister sur le fait que le défi qui est devant nous n’est pas seulement quantitatif, mais surtout qualitatif ».
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