Jeudi dernier à Bordeaux, dans le nouveau quartier des Bassins à flot, Norbert Fradin a vécu un moment intense : la pose de la première pierre du Musée de la Mer et de Marine. Un rêve qu'il est parvenu à concrétiser avec la farouche volonté d'apporter sa pierre à l'édifice et d'offrir un lieu de connaissance aux nouvelles générations. Un musée dédié aux bateaux, au port de Bordeaux, à son histoire, aux constructions navales, aux découvertes mais aussi aux océans, au monde sous-marin, à l'écologie et aux aventures que vivent les hommes quand ils glissent sur "la peau du diable" selon la chanson de Georges Tanneau...
Un grand tivoli se dresse rue des Etrangers, dans le nouveau quartier des Bassins à flot. Au cœur d'un vaste aménagement, cet ancien secteur portuaire se métamorphose et sera, à n'en pas douter, l'un des futurs centres de la cité bordelaise. A quelques encablures du pont Chaban Delmas.
Que le Musée de la Mer et de Marine s'y implante, non loin de l'ancienne base marine qui témoigne de la Seconde Guerre mondiale, est naturel ! Un ancien Jonzacais, Norbert Fradin, est à l'origine de ce projet. Il fait partie des hommes qui ont adopté la fameuse devise de Barack Obama "Yes we can". On peut quand on veut, mais pas seulement ! Il sait mettre en scène, convaincre, orchestrer quand d'autres s'échinent à boucler un dossier. Il est ainsi, esprit en éternel mouvement. Parce que la vie ne s'arrête pas aux apparences, mais à ce que tout être laissera derrière lui.
Professionnel de l'immobilier, il a rapidement compris que l'histoire s'écrivait entre les lignes de l'architecture et des pierres. Il est aujourd'hui propriétaire du château de Villebois Lavalette en Charente qui possède "fort belle enceinte sur haute motte" dirait Godefroy de Montmirail. S'y ajoute le château de Villandraut, énorme forteresse que fit construire le pape Clément V près de Langon en Gironde, bel exemple de l’architecture castrale des années 1 300 en Guyenne.
A ces puissants témoignages de l'époque médiévale, s'ajoute la mer, passion transmise par son père. C'est pourquoi il est collectionneur : « Enfant, je voulais faire l’École Navale et devenir officier de marine. J’ai pris une autre direction, mais j'ai constitué une belle collection de maquettes de bateaux. Qu'allait-elle devenir ? J'ai pensé que le quartier des Bassins à flot, en pleine mutation, serait intéressant pour y construire un futur musée de la Mer et de la Marine ». Il confia alors la réalisation de plans à l’architecte bordelais Olivier Brichet.
28 avril 2016, la pose de la première pierre
Jeudi, Norbert Fradin a lancé officiellement les travaux en présence d'un invité de marque, le maire de Bordeaux, Alain Juppé. Il y avait beaucoup de monde et l'ambiance était joyeuse !
Norbert Fradin détailla sa démarche. Depuis la nuit des temps, la volonté de l'homme est de voguer sur l'eau, de conquérir d'autres territoires, d'étendre ses connaissances par la rencontre avec d'autres peuples. « Il y a trois sortes d'hommes, les morts, les vivants et ceux qui vont sur la mer » écrivait Aristote.
La mer est « une aventure » et Bordeaux un port important dans l'histoire. Le musée ouvrira ses portes au printemps 2018 après un chantier de deux ans. Doté de nouvelles technologies, il développera une dizaine de thèmes. Le visiteur pourra participer à des conférences, des colloques, des expositions… sans oublier les scènes maritimes en trois dimensions. Les fameuses maquettes de Norbert Fradin seront présentées ainsi que des bateaux de la Coupe de l'América et Le Vendredi 13 d'Yvon Fauconnier qui va connaître une nouvelle jeunesse. « Ce musée dans les murs est destiné à tous les publics et pas seulement aux spécialistes ou aux historiens. On pourra y passer la journée, y aller de découverte en découverte ».
Alain Juppé félicita Norbert Fradin et les personnes qui l'accompagnent dans cette initiative. « Ce musée est le fruit d'une rencontre entre histoire et passion. Bordeaux fut longtemps le deuxième port du monde, juste derrière Londres, et pendant plusieurs siècles l'une des plus importantes et des plus prestigieuses escales maritimes de la planète. Y arrivaient des cargaisons de café, de coton, de fruits exotiques, d'indigo, de sucre ». Ce port participait au commerce triangulaire (autrement dit à la traite) que présente le Musée d'Aquitaine. En 1913, les chantiers de la Gironde ont construit France II, le plus grand voilier au monde ! « Depuis Bordeaux, le musée souhaite ouvrir une vaste fenêtre panoramique sur le passé, l'actualité et l'avenir de la mer et de la marine dans tous les temps et sur tous les océans de la planète. Le choix du site des Bassins à flot pour son implantation est donc éminemment légitime et pertinent : il offre l'image de l'adéquation idéale entre une vision d'avenir et le sens historique de son décor d'origine. De plus, le musée souhaite jouer pleinement son rôle d'acteur culturel au bord de ces Bassins historiques. Il sera à proximité de la Cité du Vin, inaugurée fin mai, à portée de regard, en une sorte de face à face monumental et culturel où viendront "dialoguer" les deux grandes histoires de Bordeaux : celle du vin et celle de la mer ».
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| Le musée de la Mer et de la Marine s'insère dans les projets du nouveau Bordeaux |
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| La pose symbolique de la première pierre du musée |
Cette rencontre se termina par le verre de l'amitié en musique et échanges culturels avec la promesse de se revoir bientôt !
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Musique et culture |
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| A gauche, Olivier Brochet explique l'agencement du futur musée |
Jeudi, il a détaillé le projet qui s'inscrit dans des lignes futuristes (comme celles de la Cité du Vin qui s'inaugurera fin mai en présence de François Hollande). L'édifice est un vaisseau qui possède un promontoire propice à la découverte du panorama. Pas de rectangles, ni de carrés formels, mais des paliers aux formes audacieuses qui semblent s'emboîter ou plutôt reposer les uns sur les autres avec le luxe d'offrir des jardins suspendus. L'ensemble, monumental, sera d'une surface globale de plus de 13 800 m2, sur sept niveaux successifs, et s'élèvera jusqu'à une hauteur de 45 m. Plus de 9500 m2 répartis sur trois niveaux seront dédiés aux activités du musée : expositions, animations, manifestations, mises en représentation. Au premier étage, un auditorium de 500 m2 offrira 380 places. Au-dessus, se situera une salle polyvalente de 660 m2 modulable avec une capacité d'extension. Enfin un restaurant, un bistrot inter-actif, des salles de projection, des salons de lecture et de connaissance, des lieux d'accueil et de repos complèteront cette structure avant-gardiste.
Olivier Brochet a su "naviguer" entre plusieurs "courants", concilier l'utile, l'agréable, l'élégance, la forme, l'espace et l'ancrage avec, en filigrane, l'évident plaisir de participer au Bordeaux de demain.
• Au cours d'années de recherche, de rencontres et de découvertes, Norbert Fradin a constitué un ensemble remarquable de collections de bateaux, de maquettes historiques, de peintures, de sculptures, d'objets et de documents. Au début des années 2010, l'idée du Musée de la Mer et de la Marine est née. Une intense dynamique de fédération des énergies individuelles et collectives s'est développée autour du projet : personnalités de référence, opérateurs et spécialistes du domaine, compétences scientifiques et historiques, professionnels et entreprises, associations et collectifs...
• A Blaye : Une antenne du musée de la Mer et de la Marine est prévue dans la citadelle de Blaye. Une bonne nouvelle puisque ce lieu, qui accueillit en d'autres temps la duchesse de Berry, est remarquable.
• La feuille de route de Norbert Fradin est ambitieuse : « La France possède un patrimoine incroyable. Faute de moyens, ni l’État, ni les collectivités locales ne peuvent s’en occuper, c’est pourquoi les privés ont pris le relais. J’en fais partie. À partir du moment où les lieux s’imposent à moi, je ne précipite rien. Pour ne pas faire n’importe quoi, il faut savoir prendre du recul et s’entourer de professionnels. Nous ne sommes que les dépositaires de ces témoignages du passé qui nous survivront ».
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| Norbert Fradin et Alain Juppé, maire de Bordeaux |
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