Bernard Lafarge : « Nous devons partager ces commémorations avec nos alliés et aussi nos ennemis d'hier pour éviter de voir se reproduire les drames du passé »
Chaque année, la ville célèbre ces deux pilotes. Le 6 août dernier, date du 71e anniversaire, cette manifestation a revêtu une aura particulière. Aux côtés des anciens combattants, une importante délégation de la Royal Air Force avait répandu à l’invitation de la mairie de Jonzac.
Réunies autour du monument érigé près de la gare, personnalités françaises et britanniques ont rappelé aux nouvelles générations cet épisode dramatique de la Seconde Guerre mondiale.
Bernard Lafarge, qui porte le flambeau de leur mémoire, a rendu hommage à ces soldats courageux : « Nous sommes rassemblés pour honorer deux jeunes aviateurs britanniques, Donald John Mac Rae et Clément Fletcher, membres de la Royale Air Force, qui sacrifièrent leur vie en ce lieu, lors de l'attaque de deux trains de munitions. Il faut, pour bien se pénétrer de ce souvenir, se détacher d'aujourd'hui et s'imaginer le contexte de l'époque et les sentiments qui étaient ceux des habitants.
La France est occupé depuis maintenant quatre ans, le débarquement sur les côtes normandes n'est pas décisif et les combats continuent. Rien n'est gagné, l'Allemagne, affaiblie est encore très forte. Les Jonzaçais sont informés par la presse, une presse d'une liberté bien relative censuré par le régime de Vichy, Radio Paris qui est sous surveillance de l'occupant. Radio Londres, écoutée avec prudence par très peu de personne, est la seule à émettre la vérité sur la situation des combats.
Les terribles événements de juin qui ont vu l'explosion du dépôt de munitions d'Heurtebise et les fusillades de résistants ont fait naître un sentiment de crainte et d’inquiétude dans la population. S'y mêlent les difficultés du quotidien, les tickets d'alimentation, le ravitaillement alimentaire, le marché noir, le couvre-feu, les rationnements, le manque d'essence et de charbon...
Dimanche 6 août, la chaleur et le soleil inondent la cité. Il fait chaud, les Allemands s'épongent le front sous leurs casques, quelques Jonzaçais jouent à la belote à la terrasse du café, place de la Gare. Des familles sont parties en pique-nique au bord de la rivière, d'autres sont restées à l'ombre des jardins : tout est calme. Soudai, en fin de l'après-midi, vers 18 h, un vrombissement de moteur vient briser cette quiétude. Deux avions bimoteurs « Mosquitos » surgissent dans le ciel. Ils volent très bas, signe d'une attaque imminente. Les pilotes et navigateurs ont repéré deux trains de munitions stationnés sur les voies de réserve de la gare. Le premier appareil ouvre le feu à la mitrailleuse et au canon sur le premier train. Le second appareil se dirige vers le deuxième train et tire, mais au passage du pont, l'appareil accroche une branche d'arbre dominant le talus. L'appareil est perdu, incontrôlable. Il continue cependant son attaque et finit sa course dans le centrale téléphonique au-delà de la gare. L'appareil, dont les réservoirs contiennent encore tout le carburant nécessaire au retour en Angleterre, s'embrassent et incendient l'avion instantanément. Quelques jeunes Jonzaçais courageux tentent, en dépit du danger, d'arracher le pilote et son passager du brasier. En vain. Les trains mitraillés commencent à brûler et exploser, projetant des débris aux alentours et carbonisant la végétation des arbres environnants. Les Allemands arrivés rapidement sur les lieux repoussèrent ces jeunes qui veulent porter secours aux aviateurs.
Le déchaînement de mitraillage et d'explosion s'entend dans toute la ville et bon nombre d'habitants, pris de panique, commencent à fuir dans la campagne, retrouvant lecteurs réflexes du mois de juin. Il n'avait pas fallu plus de deux minutes pour que s’accomplisse cette attaque et cet épouvantable drame humain que réclament toujours les guerres, avides de sang et de jeunesse.
J'ai eu la chance et le privilège de rencontrer quelques témoins de ces heures tragiques qui sont ou ont été tous très marqués par cet événement. Comme je l'ai rappelé l'an dernier, notre petite ville a eu sa part de drames pendant cette triste époque. La mort de Pierre Ruibet et de Claude Gatineau pour la destruction du dépôt de munitions survenu en juin et celle des deux aviateurs anglais, Donald Mac Rae et Clément Fletcher ont profondément marqué la mémoire de notre cité.
Donald Mac Rae avait 24 ans et Clement Fletcher 22 ans. Ils sont tombés au nom d'un idéal de paix et de liberté. Ils reposent, comme tous les soldats britanniques tombés sur le lieu des combats, dans le carré du Commonwealth grave (association des nations combattantes avec l'Angleterre, Australie, Canada, Nouvelle Zélande) au cimetière municipal de la ville où chacun peut se rendre pour leur rendre un hommage plus personnel.
Nous devons plus que jamais, dans ces temps difficiles où la paix semble parfois incertaine, ne jamais oublier ces sacrifices et aussi partager ces commémorations avec nos alliés et aussi nos ennemis d'hier pour éviter de voir se reproduire les drames du passé ».
Honneur aux aviateurs britanniques |
Les personnalités dont Claude Belot et Jean-Claude Beaulieu réunies devant le monument |
Une délégation de la Base aérienne de Paban était présente |
• Michel Souris et le maire d'Ecurat ont remis des objets de l'épave du Mosquito tombé à Jonzac au maire Claude Belot. Un moment émouvant. |
A garder précieusement... |
Thierry Huc, fidèle au poste ! |
• Deux joueurs de cornemuse (l'un britannique, l'autre français) ont interprété Going Home et Amazing Grace
Cérémonies en mémoire des aviateurs anglais à Jonzac © Nicole Bertin
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