Qu'un styliste renommé s'installe à Matha peut surprendre. Cette honorable bourgade de Charente-Maritime, en effet, est moins connue que La Rochelle ou Royan, villes emblématiques du bord de mer. Mais à bien y réfléchir, le défi que s'est lancé Peng Saenpinta est intéressant, d'autant qu'il possède une boutique à Bangkok en Thaïlande !
Allons à sa rencontre… On s'est donné rendez-vous à Matha, rue Brugerolle. Matha, c'est aussi la commune de Maurice Izambard, à l'origine de nombreuses manifestations. Une personnalité d'ailleurs que ce Maurice-là avec ses cheveux longs, son regard ombré et les histoires drôles sur sa carrière d'assistant cinématographique, révélatrices d'un sacré caractère. Des esprits libres, Matha n'en manque pas, semble t-il. A quoi cela tient-il ? A l'air qu'on y respire, à cette envie d'aller voir ailleurs pour y revenir, riche de ses expériences ? René Caillié, qui fut le premier à quitter vivant Tombouctou au Mali, n'était-il pas natif de Mauzé-sur-le-Mignon en Aunis ?
Bref, en ce mardi estival, l'univers de Peng Seanpinta est un espace de couleurs bordant une rue appesantie par la chaleur. Il travaille en binôme avec Bernard Rouhaud qui garde des attaches familiales à Matha (d'où le choix de cette implantation). Bernard a toujours encouragé Peng dans ses initiatives et il a eu raison. Peng possède cet esprit de création qui permet aux lignes et aux formes de s'adapter aux corps qui vont les mettre en mouvement.
Le magasin possède de larges vitrines où les modèles sont exposés, des robes habillées aux tenues plus simples pour accompagner les vacances. Peng Seanpinta a un penchant pour les robes de mariée et justement, on vient de lui passer une commande. Soucieux de présenter un éventail suffisamment large, il dessine cinq modèles en fonction de critères précis, le goût de la clientèle, ses espérances, sa morphologie, son budget. La base est constituée d'une robe fourreau qui sera parée de dentelles, tulle et autres effets pour la cérémonie. Peng allie l'élégance à l'aspect pratique : quand la mariée se mettra à danser, elle pourra retrouver une liberté de mouvement sans avoir à se changer. Perfectionniste, il a un impératif : ne jamais laisser une femme partir avec un vêtement qui ne lui va pas. Si tel était le cas, il remettrait en cause son propre savoir-faire. Une attitude à saluer quand certaines vendeuses vous assurent du meilleur tombé par pur intérêt ! Avec Peng Saenpinta, ce genre d'incident désagréable ne peut pas vous arriver.
Et d'évoquer un cas récent : « Une femme a essayé une robe décolletée et s'apprêtait à repartir avec quand j'ai remarqué des détails à revoir. Je lui ai proposé de faire des ajustements. Elle a accepté. Une fois réalisés, elle a constaté à quel point un modèle réellement adapté à votre taille peut vous mettre en valeur ».
Habiller les candidates de Miss Prestige
Peng Saenpinta est né à Lampang au Nord de la Thaïlande, en 1969. Détail qui compte, la dernière Miss Thaïlande vient de cette région ! Il a six frères et sœurs. Très jeune, la couture l'attire. Il regarde sa sœur travailler et cherche bientôt à l'imiter. Son père étant décédé, il part pour Bangkok où il peaufine ses connaissances.
Dans les années 90, il y rencontre Bernard Rouhaud et entreprend des études de stylisme et de modélisme à l'Alliance Française. Il ouvre un espace mode en ville qu'il nomme joliment "je t'aime". En 97, Bernard Rouhaud et Peng Seanpinta rentrent en France. Il s'inscrit au Carel de Royan où il apprend le français (tandis que son compagnon renoue temporairement avec l'enseignement) avant de rejoindre l'école Esmod de Bordeaux, puis celle de Paris dont il est diplômé en 2001. Dans la capitale, il découvre avec bonheur les maisons de couture mythiques - dont Chanel où il effectue un stage - et les grands défilés.
Quand Bernard Rouhaud est nommé à l'ambassade de Bulgarie, Peng est du voyage. Son talent est reconnu et il est sacré "designer de l'année en 2004". Invité de la maison Galinel, Il participe à la Fashion Week de Sofia où il présente sa première collection officielle. Le comité de Miss Bulgarie le remarque et lui propose de participer à ce grand rendez-vous. La robe que porte Miss Bulgarie le jour de son élection a été dessinée par ses soins : « elle a nécessité plus de 180 heures de travail ! ». Il créé aussi une série de costumes "renouvelés" pour le Ballet national de Stara Zagora qui met en scène "La danse du vent". C'est la consécration avec l'ouverture d'une boutique à Plovdiv.
A la Bulgarie, succède l'Inde, une terre où la richesse des tissus et des parures est un atout majeur. De retour à Bangkok en 2009, Peng Seanpinta y ouvre un magasin de prêt-à-porter à Siam Square et donne des cours à l'Alliance Française. Va-t-il poser définitivement ses valises dans son pays natal ? C'est alors que Bernard Rouhaud lui propose de revenir en France à Matha : « c'est un vrai challenge » avoue-t-il. Ses atouts ? Il a de solides relais en Thaïlande qui lui permettent de s'approvisionner en tissus (en privilégiant les nouvelles tendances) et d'offrir à des artisans thaïs la possibilité de présenter leurs créations en France.
Tissus nouvelle tendance |
A ces robes qui font rêver, Peng propose des modèles uniques "sur mesure" directement du créateur… au destinataire ! Donc sans intermédiaire, c'est pourquoi les prix sont accessibles (on trouve aussi des foulards, des écharpes, des cravates, des bijoux, des ceintures).
Si vous avez un modèle à réaliser, Peng Saenpinta, dont le logo est l'œuvre du sculpteur Georges Charpentier, se fera un plaisir de le concrétiser…
Modèle haute couture |
Jupe et ensemble ville |
Création d'une robe de mariée |
• Lampang, ville natale de Peng Seanpinta, a une particularité : c'est un endroit de prédilection pour les éléphants qui occupent une place importante dans la vie des Thaïlandais. On y trouve un centre de formation où les éléphants apprennent à travailler, un centre de soins et un orphelinat pour les éléphanteaux.
Le logo créé par Georges Charpentier |
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