jeudi 14 décembre 2017

Saintes : Jean-Claude Lucazeau n’est plus

Au petit matin, notre ami Jean-Claude est parti rejoindre un monde où la maladie n’existe pas et où il pourra dessiner à volonté tous les anges de la communauté… 

Jean-Claude Lucazeau et sa compagne au salon du livre de Mortagne
Jean-Claude Lucazeau a succombé à une longue maladie à l’âge de 77 ans. Clerc de notaire à Mirambeau, il avait rapidement bifurqué vers le journalisme en travaillant pour les quotidiens et l’hebdomadaire La Haute-Saintonge où il avait développé avec talent la rubrique de Saintes, sans oublier de "croquer" les procès d’assises. En dehors de l’écriture, sa vraie passion était le dessin et il devint rapidement le Barthélemy Gautier du XXIe siècle. Ses livres en patois faisaient la joie de tous les lecteurs !

Jean-Claude Lucazeau au salon de Thénac avec Pierre Peronneau et Didier Catineau


En 2007, au Gallia, ses amis étaient penchés sur le berceau de son nouveau livre : "Saintongeais, les deux sous de l’histoire". 

Retour sur un moment bien agréable : « O faut savoer rel’ver la tête, dit le patoisant de couverture. Sur ce chapitre, Jean-Claude, dont la plume a longtemps couru sur le papier de la presse régionale, ne souffre pas de courbatures. Sa caboche est en éveil ! Dressé, son crayon croque les personnages hauts en couleurs qui se promènent dans les rues de Saintes. Oh, ce ne sont pas les grands pontes et encore moins les huiles ! Il s’agit d’hommes et de femmes se rendant à la foire, des gens de la campagne, la plupart, qui parlent le savoureux patois. Il en reste de fringants spécimens et il devient urgent de les immortaliser pour notre plus grand plaisir !
Dans cet album, les dames ne sont pas plus sexy que dans le précédent et les messieurs ne pourraient pas appartenir à la troupe des Body Exciting d’Angelo ! Qu’importe, avec leurs "devanteaux" à carreaux et leurs flanelles, ils font bien rigoler avec leurs réflexions pleines d’humour, significatives d’une société rurale confrontée aux grandes mutations du monde moderne.
Merci, cher Jean-Claude, de nous offrir cette goulée de “beunèze“ savamment distillée. Lors du verre de l’amitié, Pierre Dumousseau, auteur de la préface, se réjouit de cette parution attendue comme l’almanach Vermot ou le catalogue de Saint Étienne. Les nombreux participants félicitèrent à leur tour le dessinateur qui leur offrit, en guise de réponse, une joyeuse dédicace. Il y avait la queue, preuve de sa popularité »...

Jean-Claude, unanimement salué !
Ainsi, de nombreux albums des "Saintongeais font de la résistance" s'épanouirent sous le ciel charentais-maritime. S’y ajoutaient des expositions de dessins de presse et comme si cela ne suffisait pas, il peignait et ne négligeait pas la poésie.

Tu vas nous manquer Jean-Claude ! Nous serons nombreux à l’accompagner à ta dernière demeure. Nos condoléances émues à ta compagne, tes enfants et toute la parenté.



• Le premier dessin de Jean-Claude Lucazeau est paru dans Sud-Ouest en 1984. Par la suite, « il n'a cessé de crayonner, avec une prédilection amusée pour l'illustration des chroniques patoisantes de différents supports » remarque Charly Grenon, ancien journaliste à SO.

• Jean-Claude Lucazeau avait été distingué par l’Académie de Saintonge : « Ses dessins parlent de l’âme et sont un creuset sociologique où sont évoqués avec bonheur le troisième millénaire, la modernité comme l’Enternet, les racines, la politique, la lenteur, la cagouille et l’art de vivre à la charentaise, sans oublier ce fameux patois, comme le nomme Christian Robin. L’osmose jubilatoire du graphisme et des bulles, alliée à la couleur et au talent du caricaturiste, est un régal pour tous les Saintongeais, mais aussi pour tous les rapportés en quête d’identité » soulignait Jacqueline Fortin dans sa présentation.

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