vendredi 4 octobre 2019

Voyage/Les Hutongs de Pékin : L’histoire au cœur des ruelles…

Se promener dans les Hutongs, c’est entrer dans l’histoire du vieux Pékin, la capitale chinoise. Malheureusement, de nombreux quartiers ont été détruits pour faire place à des bâtiments modernes. La France a connu semblable transformation : au XIXe siècle, Haussmann n’a-t-il pas fait la même chose à Paris ? Chaque bâtisseur veut laisser son empreinte, c’est pourquoi il est difficile d’avoir une opinion tranchée sur la question. Toutefois, ces ruelles anciennes ont un charme indéniable, surtout quand vous les parcourez tranquillement. Pour les étrangers, rien ne vaut une balade en pousse-pousse. Au rythme de leur guide, ils vont à la rencontre des joueurs de mahjong, des artisans d’art, des chanteurs de rue et des cafés attrayants qui proposent des canapés (rouges) à leurs clients en guise de chaises. Et si leur "conducteur" les apprécie, il les fera entrer dans les siheyuans et leur présentera sa petite famille. Un vrai bonheur !
 
Dans les Hutongs de Pékin (que les Chinois appellent Beijing). Les siheyuans rappellent les maisons cachées de la Médina, en Afrique du Nord. Derrière les hauts murs, toute une vie s’organisait, à l’abri des regards et de l’agitation de la rue. La cour carrée et le jardin donnaient à ces habitations un charme particulier. Le Pékin moderne a d’autres ambitions que cet habitat séculaire, c’est pourquoi de nombreux quartiers anciens ont été rasés.

Selon les historiens, les hutongs, ces ruelles du vieux Pékin, se sont développées durant sept siècles, sous les dynasties successives des Yuan (1271-1368), des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911). Autrefois, la ville en comptait un bon nombre du côté de la Cité interdite, non loin du Palais impérial. D’autres étaient situés au Sud et au Nord de la ville, où vivaient commerçants et gens modestes. Leurs noms découlaient de leurs activités respectives : coton, ciseaux, feuilles de thé...

Découvrir la ville ancienne en pousse-pousse
Les "siheyuans", maisons disposées autour d’une cour carrée, bordent les hutongs. Leur apparence varie selon l’aisance de leurs propriétaires. « Les siheyuans des hauts fonctionnaires ou des commerçants riches sont grands et sophistiqués. L’intérieur y est richement orné et les pièces sont liées par des galeries. Devant et derrière ces habitations, il y a des jardins. L’entrée comporte souvent des inscriptions » remarquent les spécialistes. Il s’agit de lieux un peu secrets, protégés par de hauts murs. Les "siheyuans" occupés par le peuple sont plus simples. La porte est étroite et les murs bas.

Artisanat séculaire
Au début du XXe siècle, les hutongs de Pékin (Beijing) ont connu des bouleversements importants. Ils furent alors occupés par plusieurs familles.
Comme la Révolution française qui endommagea églises et édifices symbolisant l’Ancien Régime, la "Révolution culturelle" chinoise a rasé moult témoignages du passé. Des vestiges intéressants, situés au cœur des hutongs, ont été détruits. Leur nombre actuel serait inférieur à 1500 (il y en avait 3000 à l’arrivée des Communistes). Depuis, une prise de conscience quant au patrimoine s’est opérée, mais une réalité s'impose : des structures modernes ont remplacé ces quartiers anciens qui étaient « l’âme de Pékin ».


Il en subsiste, fort heureusement, que les touristes sont heureux de parcourir ! Actuellement, les hutongs occuperaient un tiers de la superficie de la zone urbaine.
D’une manière générale, il ne faut jamais oublier que les Asiatiques ne raisonnent pas comme les Occidentaux. Certes, ils n’ignorent rien du passé, mais seuls le présent et l’avenir leur importent.
À Paris, le Baron Haussmann a agi pareillement, avec le soutien de Napoléon III, en faisant abattre d’éminents bâtiments de l’époque médiévale. Parmi eux, la Tour des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Latran, l’église Saint-Benoît, les restes du collège de Cluny, le marché des Innocents, l’hôtel Coligny, de nombreuses églises et chapelles. Beaux immeubles et grandes avenues, qui sont aujourd’hui les fleurons de la capitale française éternelle, n’auraient jamais vu le jour sans la volonté d’innover en rompant avec le temps d’avant.

Joueurs à l’ombre des arbres
À Pékin, les travaux liés aux Jeux olympiques d'été de 2008 ont été une aubaine pour les grands cabinets d’architecture internationaux. Le fameux stade "nid d’hirondelle", que le monde entier a découvert à cette occasion, est une belle incarnation de la modernité.
« La Chine est le pays exemplaire de la différence harmonieuse, un abrégé de la diversité du monde » écrivait à juste titre Victor Segalen, médecin et archéologue français qui séjourna quatre ans à Pékin avant la Première Guerre mondiale et qui a donné son nom à la faculté de médecine de Bordeaux.

Une habitante, dont le père a été dans l’armée chinoise, présente sa famille
Photos Nicole Bertin

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