samedi 5 octobre 2019

Jonzac et Jean Glénisson : l'hommage de Jean-Charles Chapuzet

L'une des boîtes à livres de Jonzac (située devant la Porte de Ville) est dédiée à l'historien Jean Glénisson. Jean-Charles Chapuzet, auteur de nombreux ouvrages, rend hommage à cet homme qui a marqué la capitale de la Haute Saintonge de son empreinte. Saluer la mémoire de cet érudit, disparu en octobre 2010, nous ramène dans le monde d'avant. Un bouillonnement d'idées et surtout un partage de la connaissance. Etait-ce un moment plus heureux qu'aujourd'hui ? Sans doute puisque nous étions plus jeunes et qu'alors, tout semblait possible. A Jonzac, on ne déplace les montagnes - il n'y en a pas ! - mais l'esprit est à l'entreprise, à l'initiative.
Jean Glénisson a apporté sa pierre à l'édifice de la culture réunissant autour de lui ceux et celles que ces sujets passionnaient. Les années passant, nous sommes devenus orphelins, le destin nous enlevant des êtres chers qui avaient compté. Mais, comme l'écrit si bien William Blake, « il n'y a pas de morts, il y a des vivants sur les deux rives ». Que le pont reliant les deux rives des souvenirs ait la légèreté des nuages ! Et qu'en rêve, tout devienne si limpide au point d'arrêter le sablier du temps...

Jean Glénisson et Marc Fumaroli de l'Académie Française (© Nicole Bertin)
Jean-Charles Chapuzet : 

« Chaque village, chaque commune connaît durant sa longue histoire son moment de fierté par la trajectoire d’un de ses habitants ou natifs. Pons brandit son Emile Combes, Bobby Lapointe plane sur Pézenas comme Clemenceau et Jean de Lattre de Tassigny font la gloire du petit bled de Mouilleron-en-Pareds.

Jonzac, cette charmante cité de Haute-Saintonge avec son château dominant la rivière, peut se féliciter d’avoir dans son intime panthéon un certain Jean Glénisson. C’est au registre des Lettres qu’il laisse son nom dans l’Histoire avec une formation à la faculté de Poitiers pour intégrer ensuite l’Ecole des Chartes dans les années 40.
Jean Glénisson est devenu archiviste et historien. Il sera membre de l’Ecole française de Rome, puis chargé du Trésor des Chartes aux Archives Nationales. Sa carrière l’emmène à Brazzaville comme à Sao Paulo en tant que professeur d’historiographie.

Mais plutôt que de retracer un parcours – que d’autres personnes proches de Jean Glénisson feront mieux que moi - je retiens une phrase de mes arrière-grands-parents à l’endroit de ce professeur que je ne connaissais pas encore : « Monsieur Glénisson, c’est un savant ». On n’utilise plus ce mot aujourd’hui, mais il résume si bien l’admiration qu’il suscitait et qu’il suscite toujours à Jonzac et dans ses environs. Sa sympathie et son accessibilité ont renforcé ce lien. D’autant que Jean Glénisson a mis son talent au service de sa terre natale en écrivant sur l’Aunis et la Saintonge.

Son engagement au sein de l’Académie de Saintonge et de l’Université d’été de Saintonge-Québec a familiarisé ce visage rieur aux yeux plissés avec ses contemporains. Dans les dernières années de sa vie, il était devenu « le petit père Glénisson » en raison de sa taille, inversement proportionnelle à son immense modestie et discrétion. En sus d’une carrière éminente, sa force fut d’être le grand-père que tout le monde avait envie d’avoir. Je le revois sur son lit de mort dans sa belle maison silencieuse et riche de livres, serein, tout autant que le chat, groggy, qui dormait sur son ventre ».

Jean Glénisson aux côtés de ses amis historiens et de Claude Belot, maire de Jonzac

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