lundi 7 avril 2014

Saintes a un nouveau maire
Jean-Philippe Machon


L’installation du nouveau maire de Saintes, Jean-Philippe Machon, en l’absence d’Isabelle Pichard-Chauché, pourrait inspirer une pièce de théâtre.  


Jean Rouger et Jean Philippe Machon
Ces élections ont été une tragédie pour deux des acteurs. Le maire sortant, Jean Rouger, a quitté la scène avec une belle dignité malgré la dure sanction des urnes tandis qu'Isabelle Pichard Chauché, nouveau chef de file de l’opposition, a subi des vents contraires.
En effet, la ville de Saintes, traditionnellement à gauche (à l’exception des périodes Josse et Schmitt) vient d’élire un maire soutenu par l’UMP et l’UDI, Jean-Philipe Machon. Fils d’un folkloriste renommé, l’inconnu du sérail politique charentais-maritime a démontré qu’il avait un goût certain pour l’estrade. Ces trois grands "rôles" ont en commun d’avoir contribué à l’écriture des Municipales 2014.


Vendredi après-midi, dans la salle du conseil, le public nombreux a ressenti les effets heureux ou malheureux du suffrage universel sur les différents candidats. Les uns affichaient un sourire rayonnant et des yeux pétillants, les autres avaient triste mine et le regard empreint de fatalité.
On a beaucoup écrit sur le suffrage universel et chacun, un jour ou l’autre, peut partager l’une de ces appréciations. Pour l’homme politique Maurice Lucas, « le suffrage universel, c’est le droit pour le citoyen de posséder 1/1460e, ou 1/1461e (les années bissextiles), du pouvoir qu’il devrait avoir : c’est-à-dire un bulletin de vote tous les quatre ans. L’autorité, elle, s’exerce tous les jours » ; la déclaration de Léon Daudet est plus incisive : « Le suffrage universel est stupide. Il n'a ni yeux, ni oreilles, ni odorat, ni même toucher. Il n'a qu'un ventre, que des appétits, que des besoins immédiats et sommaires ». Celle de l’écrivain d’origine russe Mikhaïl Wadimovitch Ramseier est encore plus décapante : « L’arme absolue du pouvoir, dans ce magnifique système, c’est le suffrage universel. C’est-à-dire quand la majorité décide pour les andouilles qui ont le malheur d’être en moins grand nombre. Si la majorité passe son temps à regarder des feuilletons débiles en se goinfrant de pop-corn, on voit le tableau ! Pas trop difficile, dans ce cas-là, de lui faire faire ce qu’on a envie, à la majorité »
Bref, et c’est facile à comprendre, selon le résultat obtenu, le suffrage universel a des vertus ou des défauts majeurs !


L’au revoir de Jean Rouger

La vie politique de Jean Rouger n’a pas été un long fleuve tranquille. Ecarté en 2001 au profit de Jean Moulineau, le poulain du maire sortant socialiste Michel Baron, il s’est finalement imposé en 2008 contre Bernadette Schmitt.
Elle était là, cette mairie, qu’il espérait tant. Il ne l’aura gardée que six ans après avoir créé la CDA, événement fédérateur qui, le pensait-il, lui ouvrirait les portes de sa réélection. C’était sans compter sur des facteurs extérieurs du genre « tiens, on frappe à la porte du PS, la députée Catherine Quéré et son époux, habituellement électeurs à Chaniers, s’inscrivant sur les listes électorales de Saintes afin de participer à la primaire socialiste afin d'y soutenir Julien Papineau, attaché parlementaire ». Bilan, Jean Rouger, sentant le coup fourré, ne se présenta point à cette consultation.
Une primaire aussi agitée qui ne pouvait pas se terminer dans l’harmonie. Investie officiellement par le PS, Isabelle Pichard-Chauché s’est certes imposée sur la liste de Jean Rouger (dont les membres socialistes ont été radiés par Solférino), mais en face, elle n’est pas parvenue à battre la formation conduite par Jean-Philippe Machon.
Avec un peu plus de 10% de suffrages, Jean Rouger ne s’est pas maintenu au second tour, appelant les citoyens à voter selon leur conscience.

« Je suis un sortant sorti, toute mon équipe a été disqualifiée. Je m’apprête à prendre des vacances. C’est encore un peu tôt, dans quelques jours. La blessure est forte. Saintes est une belle ville, attractive et dynamique» dit-il en s’adressant à Jean-Philippe Machon. Elle s’inscrit dans un bassin de vie riche de quelque 100.000 habitants. Au service des collectivités (mairie, CDA), 1000 fonctionnaires territoriaux font tourner la "machine". « Je vous souhaite bonne réussite et resterai un ardent observateur ».

Les opérations de vote
Jan Philippe Machon félicité par Jacques Loubière
Suivit l’élection du maire. Jacques Loubière, doyen de l’assemblée, orchestra les opérations aux côtés de Melissa Trouvé. « Les idées intéressantes émises durant la campagne par les autres listes seront étudiées avec attention. La mairie sera largement ouverte à tous ceux qui veulent améliorer le bien-être des Saintais. Les compétences doivent être rassemblées en faisant abstraction des clivages. L’objectif est de servir notre ville » glissa-t-il avec sagesse. Le vote fut sans surprise : 28 votants, 28 voix en faveur de Jean-Philippe Machon. Applaudissements.
L’opposition, représentée par Philippe Callaud en l’absence d’Isabelle Pichard Chauché, ne participa pas au scrutin qui ne comptait guère de suspense !


Un audit pour définir les marges de manœuvre 

Emu, le nouveau maire remercia les électeurs de leur confiance : « elle m’honore et m’engage ». La volonté de changement se manifestera par la mise en œuvre des propositions du programme de campagne : « je viens devant vous avec beaucoup d’humilité et j’ai pleinement conscience du privilège qui m’est accordé. Je mesure toute la responsabilité qui est la mienne ». 


Il salua Jean Rouger et son équipe en charge des dossiers : « bien que nous ne partagions pas les mêmes opinions, nous sommes Saintais et nous aimons Saintes ! Les conseils municipaux sont de passage, c’est pourquoi nous devons avoir le sens des réalités face à la res publica, la chose publique. Seuls le personnel et les Saintais demeurent ».

Au premier rang, Jean Rouger réalise qu'il va quitter la mairie...
Parmi les actions qui seront lancées rapidement, figure un audit afin de voir « quelles seront les marges de manœuvre. Durant les six ans à venir, l’écoute, le dialogue et l’esprit d’ouverture seront au cœur de nos préoccupations ». Le nombre d’adjoints sera de douze. Dix dans un premier temps, les deux autres désignés lors du prochain conseil (ils seront chargés de la mise en place de comités de quartier).
Philippe Callaud fit part de sa surprise face de cette abondance : « le nombre d’adjoints est soumis à des règles précises. Douze n’est-il pas excessif par rapport à la législation ?». « Nous avons vérifié ce point scrupuleusement, sinon nous n’aurions pas fait cette proposition. Nous avons eu l’approbation de la Préfecture » rétorqua le premier magistrat. Philippe Callaud resta sur ses positions.

L'opposition conduite par Philippe Callaud en l'absence d'Isabelle Pichard-Chauché
Les dix adjoints furent donc élus à la majorité (28 voix) : Marie-Line Cheminade (premier adjoint), Jean-Pierre Roudier, Nelly Vrignaud, Bruno Drapron, Françoise Bleynie, Frédéric Neveu, Claudette Chiron, Marcel Ginoux, Céline Viollet, Dominique Arnaud.

Au terme de la séance, François Ehlinger donna lecture d’un message d’Isabelle Pichard Chauché, expliquant pourquoi son siège était vide : « je suis partie me reposer un peu, me ressourcer. Je serai présente très prochainement parmi vous en tant que tête de l’opposition. Jean-Philippe Machon, vous êtes le nouveau maire des Saintais et je vous respecte en tant que tel. J’attends de votre part un respect réciproque dans l’agora municipale ». Conseillère générale de Saintes Ouest, elle est prête à soutenir les dossiers locaux, « même si je ne doute pas que vous ayez des appuis au Département ». Sans doute voulait-elle faire allusion à présence du président Bussereau au meeting de Jean-Philippe Machon !
Prochaine réunion du conseil municipal le 14 avril avec la constitution des commissions.

• La majorité conduite par Jean-Philippe Machon (UMP-UDI) : Marie-Line Cheminade, Jean-Pierre Roudier, Nelly Vrignaud, Bruno Drapron Françoise Bleynie, Frédéric Neveu, Claudette Chiron, Marcel GINOUX, Céline Viollet Dominique Arnaud, Annie Tendron, Gérard Desrente, Mélissa Trouvé, Christian Schmitt, Fanny Hervé, Jean-Claude Landreau, Liliane Aarnaud, Christian Berthelot, Dominique Deren, John Engelking, Caroline Audouin, Philippe Creachcadec, Danièle Comby, Jacques Loubière, Marylise Moreau, Nicolas Gazeau, Claire Chatelais.


• Les membres de l’opposition (PS-PRG) : Isabelle Pichard-Chauché, François Ehlinger, Laurence Henry, Philippe Callaud (PRG), Brigitte Favreau, Jean-Pierre Boutet-Petit (PRG) et Francesca Bui-Dinh.

• Une idée lancée par Philippe Callaud : que l’agencement des chaises soit changé afin que tous les élus puisent se voir correctement quand ils s’adressent la parole. Exemple : l’opposition voit mal le maire en raisons sa position au second rang. Pourquoi pas une installation en demi-cercle ? « Je suis désolé. Je ne peux pas pousser les murs » répondit Jean-Philippe Machon.

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