L’autre jeudi, Dominique Bussereau était l’invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV
La question du jour était la nomination de Manuel Valls au poste de Premier ministre. Si ce virage vers une personnalité qui n’est pas mal ressentie par la droite était prévisible après la claque des Municipales, le président du Conseil général de Charente-Maritime se déclara un peu déçu : « Valls se réfère à Hollande comme l’aurait fait un ministre du Général de Gaulle. Je crains qu’il ne puisse mener d’autre politique que celle que lui dictera le Président ».
Par ailleurs, les deux hommes ont des ambitions présidentielles personnelles : François Hollande aimerait bien conserver son siège et Manuel Valls ne serait pas hostile à une candidature en 2017 ! « Ce sont deux tempéraments, ça va swinguer » lance Dominique Bussereau qui se verrait bien en picador de la corrida élyséenne !
Bien sûr, il y aura des primaires pour départager les postulants, mais en organise-t-on quand le Président est sortant ? Généralement non, sauf s’il est dévalorisé au point de ne pas apparaître comme le sauveur de la nation…
La cohabitation Hollande/Valls pourrait-elle rappeler l’époque où François Mitterrand torpillait avec délectation son Premier ministre Michel Rocard, parvenant d’ailleurs à ses fins ? L’avenir nous dira quels sont les liens qui les unissent pour le meilleur ou pour le pire ! Usé jusqu’à la corde, Jean-Marc Ayrault en sait quelque chose et n’oublions pas cette citation de Lionel Jospin : « Présider est essentiel. Le chef de l’État est élu par le peuple, au suffrage universel, et non nommé. Son élection est l’acte initial et décisif d’une nouvelle période politique. Le Premier ministre pense au tête-à-tête avec le Président ; le Président est en tête-à-tête avec le peuple ». On peut également se demander comment fonctionnera le tandem Alain Montebourg, ministre de l’Economie, et Michel Sapin, ministre des Finances quant à l’Europe…
Autre sujet, la nomination de Ségolène Royal au ministère de l’Ecologie. S’il fut beaucoup question de son maintien à la présidence de la Région, on sait qu’elle en démissionnera en juin prochain pour demeurer simple conseillère régionale. Les sous-entendus désagréables àn’ont donc plus lieu d’être. « François Hollande a demandé à ses ministres de l’être à plein temps » rappela Dominique Bussereau. Si Ségolène Royal avait décidé de rester présidente du Poitou-Charentes, le cumul aurait pu lui poser problème. D’autres, quand ils l’ont pu, ne se sont pas gênés pour conserver titres, grades et indemnités assorties. D’où cette interrogation : si un élu, qui vit de ses seules fonctions politiques, vient à les perdre, c’est-à-dire à quitter la scène publique, comment peut-il rebondir ? « Nombreux font des sacrifices personnels. Il faut qu’ils aient la possibilité de reprendre une activité, d’où l’organisation d’un système des acquis d’expérience. Des passerelles sont nécessaires ». Deux exemples parmi d’autres : Roselyne Bachelot est chroniqueuse de télévision et un ex-élu québécois est devenu présentateur. Bernard Tapie, quant à lui, a fait du théâtre !
Dominique Bussereau estime que la défaite socialiste aux municipales est due à une certaine « notabilisation » de la gauche. Dans ce cas-là, l’UMP peut-elle espérer un futur président de la République ? Des noms sont avancés dont celui de l’emblématique maire de Bordeaux, Alain Juppé. Nicolas Sarkozy suit, du bout des lèvres. S’y ajoutent Jean-François Copé, François Fillon et pourquoi pas Jean-Pierre Raffarin ? Si les primaires lavent plus blanc que la dernière fois, les militants y verront sans doute plus clair !
Lui est rassuré par les résultats des Municipales en Charente-Maritime où les villes de Rochefort et Saintes sont passées à droite avec Hervé Blanché et Jean-Philippe Machon. A Royan, le principal adversaire de Didier Quentin était un Front national, Thierry Rogister. Reste à suivre attentivement les prochaines Européennes où le taux d’abstention risque d’être élevé.
Au terme de cette entrevue, Jean-François Bourdin a remercié Dominique Bussereau pour son fair-play, faisant remarquer qu’il ne passait pas son temps à critiquer le parti opposé. Le ton fut nettement moins cordial lundi matin avec Jean-Luc Mélenchon, ce dernier reprochant au journaliste d’avoir trop largement donné la parole au FN pendant les Municipales. Frictions…
• Dominique Bussereau a rencontré François Hollande quand ils étaient étudiants : « il adorait les impôts et voulait réformer la France. Je l’apprécie sur le plan humain, il a un humour dévastateur ». Au sujet de Christiane Taubira : « Je pensais qu’elle changerait de ministère » ; de Ségolène Royal : « elle a une grande capacité de communication, mais elle sera moins efficace sur le terrain que l’ont été Philippe Martin ou Delphine Batho » ; de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur :« il est solide et sérieux».
Nicole Bertin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire