S’agit-il d’un « scandale » ou d’une simple erreur d’inattention ? Le conseil général de la Côte-d’Or était sur le point de faire vendre aux enchères, au début du mois d’avril, un tableau du XIXe siècle, une Allégorie de la Justice.
Cette vente a finalement été annulée après l’intervention du ministère de la Culture. Pour une raison simple : l’œuvre, réalisée par le peintre Vincent Féraud, est inaliénable. En effet, le tableau serait, à l’origine, « un don de l’État au tribunal de Semur-en-Auxois » explique le journaliste Didier Rykner, qui a contribué à révéler l’affaire dans un article publié dans La Tribune de l’art.
« Un dépôt de l’État »
« Il est inscrit à l’inventaire du mobilier du tribunal dressé en 1831, poursuit le journaliste et historien de l’art. Il est donc à peu près certain que ce tableau est un dépôt de l’État, comme celui-ci en faisait partout au XIXe siècle, d’autant que l’on voit mal quel particulier aurait, à l’époque, fait cadeau d’un tel tableau ». L’œuvre n’est pas un achat et ne peut donc pas être vendue, selon le Code général de la propriété des personnes publiques.
Le conseil général, qui possède le tableau depuis la fermeture du tribunal, pouvait-il ne pas connaître l’inaliénabilité de l’œuvre ? Pour Didier Rykner, « il y a sans doute eu une méconnaissance du statut du tableau. Il y a un manque de culture, la volonté aussi de récupérer de l’argent. Le tableau n’est pas d’une beauté exceptionnelle, mais il est important ».
Mis en cause, le conseil général, dans un communiqué, argue de sa bonne foi et plaide non coupable. « La Drac nous avait initialement donné son accord. Le tableau n’avait plus d’utilité pour le conseil général, ni même de rapport avec la Côte-d’Or, et doit connaître des conditions de conservation adéquates. Comme il est d’usage entre collectivités, nous avions proposé de vendre ce tableau à la Ville de Marseille, ville dont est originaire le peintre Vincent Féraud ».
Alerté par le Louvre
Une version contestée par la Drac qui assure, de son côté, n’avoir « jamais autorisé la vente. C’est une œuvre d’art qui appartient au domaine public, elle est donc imprescriptible. Nous avons d’ailleurs effectué une enquête très poussée ». Une enquête effectuée seulement après avoir été alerté par un conservateur du Louvre, au courant de la vente du tableau…
L’œuvre de Vincent Féraud se trouve actuellement aux Archives départementales où les conditions de conservation sont plus appropriées que dans l’ancien tribunal. Il est donc toujours la propriété du conseil général. Lequel précise que « la suspension de la vente va permettre à la Direction départementale des archives de réaliser une nouvelle vérification des conditions d’entrée de cette œuvre dans le patrimoine du conseil général ».
Source : Le Bien Public
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