vendredi 18 avril 2014

Claude Belot : Sa dernière présidence à la Communauté de Communes de Haute Saintonge ?

« Chacun est ce qu’il est. L’essentiel, c’est que la Haute Saintonge gagne » ! 

C’est à Montendre, chez le maire socialiste Bernard Lalande, que Claude Belot, sénateur maire UMP de Jonzac, a été réélu président de la Communauté de Communes de Haute Saintonge mercredi dernier. Un geste symbolique visant à démontrer qu’au-delà des tensions électorales, la région de Haute Saintonge incarne une tradition radicale bien ancrée, incarnée dans le passé par des personnalités comme Emile Combes ou Michel Crépeau. 



Ceux qui s’attendaient à ce qu’il y ait au moins deux candidats à la présidence de la Communauté de Communes de la Haute Saintonge, l’une de droite, l’autre de gauche, ont été déçus. D’ailleurs, c’est Bernard Lalande en personne - l’un des rares maires socialistes du Sud Saintonge - qui présenta la candidature de Claude Belot au poste de président, fonction qu’il exerce depuis 1992.

Bernard Lalande présente la candidature de Claude Belot

Le maire de Montendre expliqua sa position : « j’ai assisté à la naissance de la CDCHS. Nous allons tous dans le même sens, celui du développement et agissons dans un respect mutuel ». S’il a parfois « avalé des couleuvres », déclaration faite lors d’une réunion de Fabienne Dugas Raveneau à Pons, il préfère ne garder que l’aspect positif des choses. D’où ce « gommage » des appartenances politiques qui aurait sans doute des difficultés à trouver son accomplissement en d’autres sphères ! Mais ici, en Haute Saintonge, Claude Belot se comporte en chef d’entreprise.



Cette mission, personne ne la conteste car elle offre des résultats quand d’autres villes n’affichent que de pâles reflets. Evidemment, certains observateurs diront que Jonzac, la ville du sénateur Belot, est la mieux lotie. Profitant de l’intercommunalité, elle dispose du centre aquatique Les Antilles, d’une médiathèque, d’une école de musique et bientôt d’un centre des congrès avec rocade assortie.
Jonzac est-elle privilégiée quand Montendre a attendu des décennies avant la réalisation d’un grand projet, un labyrinthe en l’occurrence ? En assemblée, aucun élu n’a jamais élevé la voix pour poser la question. Autrefois, Henri Vion, maire de Clam, et René Marty, maire de Saint-Médard, prenaient le micro pour faire part de leurs impressions. Un avantage que possèdent les aînés !
Depuis, les délégués se plient à la discipline communautaire et approuvent majoritairement les décisions du bureau. En silence. C’est aussi ça gouverner, démontrer que l’intérêt d’une implantation se trouve dans un lieu et pas ailleurs. Sur ce chapitre, Claude Belot, prof dans une vie antérieure, mérite un 20/20. Si Jonzac, petite sous-préfecture de 3500 habitants, a changé de visage, c’est en partie grâce à la CDCHS (il faut y associer les Thermes gérés par la Chaîne thermale du Soleil). Les habitants de la cité ne s’en plaignent pas.
Cette volonté de faire de Jonzac un pôle fort est l’idée maîtresse que poursuit Claude Belot, sa feuille de route. Il avance et si ses méthodes sont parfois rudes, elles obéissent à un seul objectif : aménager. Lorsqu’on commentera l’histoire de Jonzac entre la seconde moitié du XXe siècle et le début du XXIe, Claude Belot y apparaîtra comme l’homme ayant doté sa ville de grands équipements extra muros.

Depuis 1959 ! 

Claude Belot aux côtés de Carine Wilfart, directrice des services

Une fois réélu, c’est avec enthousiasme que Claude Belot évoqua son parcours : « Je me présente à cette élection pour la dernière fois. Mes débuts remontent à mars 1959, certains d’entre vous n’étaient pas nés ! Depuis, je n’ai pas arrêté d’avoir des responsabilités d’intérêt général sur ce territoire. A une époque, on nous annonçait une désertification programmée. La Saintonge, qui était agricole, ne comptait que 20.000 habitants. Sur Jonzac, la taille d’une exploitation était de 8 hectares. Aujourd’hui, elle est de 100. Notre travail a été d’assurer la reconversion de la Haute Saintonge dans le respect des élus qui la composent. L’essentiel est que nous allions de l’avant».

En 1975, Louis Joanne, député maire de Chevanceaux, présidait le Contrat de Pays. Claude Belot lui succéda en 1989 avant que ne soit portée sur les fonts baptismaux la Communauté de Communes de Haute Saintonge, inaugurée par René Monory en 1992. Ex député de Jonzac, Philippe Marchand, alors chargé des collectivités locales au Gouvernement, avait donné un sacré coup de main. « Cette loi, qui consistait à réunir des communes, paraissait folle ! En Haute Saintonge, nous avons choisi de constituer un vaste ensemble. La CDCHS a 21 ans, 3 mois et 17 jours ; elle compte 131 communes depuis l’entrée de Pons au 1er janvier dernier. Ce qui me fait plaisir, c’est que nous ne nous sommes pas trompés. Actuellement, la taille des CDC a beaucoup progressé, ce qui leur permet d’avoir des projets au lieu de s’entretuer ». Et de citer l’exemple de Saint-Jean d’Angély où le nouveau maire, Françoise Mesnard, a été l’élue-référente de la Région à la CDCHS.

Les délégués réunis dans la salle municipale de Montendre
Des ressources amputées de 15 %

Le président en profita pour fixer les règles des six ans à venir. La CDCHS n’a pas pour compétences les écoles ou les routes : « nous privilégions le développement. Ici, il y a une myriade de petites structures, souvent familiales. A leurs côtés, les pépinières permettent aux sociétés de démarrer ». Après Montendre, Saint-Genis et La Génétouze (véhicules du futur), Jonzac et Mirambeau suivront : « Invoquer le Saint-Etat pour avoir de l’argent, c’est fini. Nous devons prendre notre destin en main ». Plusieurs volets seront développés dont les énergies nouvelles, le tourisme qui est devenu une réalité économique, l’animation, la culture, le patrimoine (dont les églises romanes), tout en forgeant l’identité saintongeaise. S’y ajoutent l’entretien de rivières, le balisage des sentiers de randonnée, le traitement des déchets devant aboutir à de nouvelles filières (méthanisation, économies d’énergie, etc). 
Si elle n’a pas de dette (à l’exception de Pons qui doit rembourser des bâtiments industriels, de l’ordre de 700.000 euros, dont les annuités sont couvertes par des loyers), la CDCHS devra apprendre à se débrouiller seule. En effet, elle sera amputée de 15% de ses ressources habituelles par rapport en 2014, soit 230.000 euros environ. Le Premier Ministre, Manuel Valls, n’a pas caché que l’escalade des dépenses des collectivités locales devait s’arrêter, d’où des coupes rases face à « un pays qui vit aux dessus de ses moyens ».
« Comme nous n'augmenterons pas les impôts, nous allons faire preuve d’imagination. Bien sûr, il faudra se serrer la vis. Nos services aideront les communes à constituer leurs dossiers, mais il ne sera pas question de se substituer au Conseil général ou au Conseil régional » déclara le président. Les élus ont compris le message. Restent tout de même les fameuses réserves parlementaires qui peuvent s’avérer bien utiles, ne serait-ce qu’au moment des Sénatoriales !
Rappelant que les commissions sont ouvertes, Claude Belot invita les élus à y travailler nombreux à l’essor de la CDCHS : « soyez des forces de propositions ». Bref, chacun devra s’impliquer.

Avec ce dernier mandat, Claude Belot assumera à la fois le rôle d’acteur et d’observateur, d’autant que les prétendants à sa succession attendent patiemment. Bernard Lalande, Daniel Laurent, Jean-Michel Rapiteau et pourquoi pas l’un de ces jeunes maires qui vient de faire son entrée sur la scène ? Les paris sont ouverts…

• Election du président et des sept vice-présidents : Louisette Noël, doyenne de l’assemblée, supervisa les opérations de vote. Sans surprise, Claude Belot a été réélu président. Il obtient 140 voix (161 exprimés, 155 votants, 11 blancs, 2 nuls, 1 voix Daniel Laurent, 1 voix Jean-Michel Rapiteau) , 1er vice-président : Jean-Michel Rapiteau 137 voix (155 exprimés 138 votants, 15 blancs, 2 nuls, Lalande 1 voix) ; 2e vice-président : Bernard Lalande 134 voix (155 votants, 135 exprimés, 14 blancs 1 voix Rapiteau) ; 3e vice-président : Daniel Laurent 143 voix (156 votants, 144 exprimés, 7 blancs, 5 nuls) ; 4e vice-président : Jacky Quesson 131 voix (155 votants, 131 exprimés, 20 blancs, 4 nuls) ; 5e vice-présidente : Chantal Guimberteau : 143 voix (154 votants, 143 exprimés, 10 blancs, 1 nuls) ; 6e vice-président : Francis Savin 145 voix (155 votants, 145 exprimés, 9 blancs, 1 nul) ; 7e vice-président : Bernard Louis-Joseph 137 voix (155 votants, 137 exprimés, 13 blancs, 5 nuls).

Les jeunes assesseurs venant des communes de Celles, Agudelle, Pons, Montlieu, Montendre, Cercoux, La Genétouze
Louisette Noël supervise les opérations de vote


•  Avant l’élection, Claude Belot procéda à l’appel des délégués : « Parmi vous, il y a des redoublants, voire des triplants ou des quadruplants. Dans ce cas, c’est plutôt bon signe ». Parmi eux, Guy Geay, maire de Chaunac « depuis le XIIe siècle » !

• Durant l’examen du débat d’orientation budgétaire, le maire de Villexavier, Bastien Rayberolles a contesté l’augmentation de la taxe sur les ordures ménagères. Pour Claude Belot, il n’y a pas d’autre solution si l’on veut équilibrer les recettes et les dépenses.

Marie Gruel, déléguée de Montendre
Jack Ros, nouveau conseiller communautaire de Jonzac

• Le nouveau maire de Montlieu a 29 ans

Nicolas Morassutti a été élu maire de Montlieu la Garde, succédant à Thierry Jullien qui n’aura fait qu’un mandat. Maître des écoles à Orignolles, il se partage entre ses élèves et ses administrés, « de 8 h à 23 h ! » dit-il en riant. Brigitte Rockvam, qu’il considère comme son « mentor », lui donne des conseils avisés. A 29 ans, il est l’un des plus jeunes élus de la CDCHS : « Je suis né à la maternité de Jonzac. J’ai grandi dans le Sud Saintonge où j’ai fréquenté le collège de Montlieu et le lycée de Jonzac avant de rejoindre l’université de la Rochelle ». Licencié en mathématiques, il ne devrait pas avoir de mal à élaborer les budgets de sa commune !

• Autre arrivant de 33 ans, Samuel Mariau, nouveau maire de Saint-Maurice de Tavernole. Il succède à son père Jean-Michel.


Reportage/Photos Nicole Bertin

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