jeudi 10 septembre 2009

Cinéma : Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus à Pons


Rencontre
avec le cinéaste Jean Becker


Alors qu'il s'apprête à tourner "la tête en friche", film inspiré du roman de Marie Sabine Roger, Jean Becker a démontré l'autre vendredi qu'il avait bien la tête sur les épaules. Il le faut car il travaillera prochainement avec deux grosses pointures, Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus, sans oublier la chanteuse Morane qui se transformera en tenancière de bar.


À l'annonce du tournage, la mairie de Pons a tout de suite été partante, faisant fi des inquiétudes qui peuvent surgir en une telle circonstance. Depardieu, le grand Gérard, était annoncé : certains responsables se demandèrent s'ils seraient à la hauteur du célèbre nez de Cyrano. Diantre, le cap sera atteint ! Parole de Gascon et de Saintongeais...
Daniel Laurent, sénateur, et Henri Méjean, maire, ont senti toute l'opportunité que présente ce film. Au moment où l'objectif de la ville est de valoriser son patrimoine, un éclairage médiatique ne peut que contribuer à sa renommée. Pour preuve, depuis que les Ch'tis ont fait un tabac, le beffroi de Bergues est devenu un grand lieu de ralliement. Pourquoi pas le donjon qui dresse fièrement son histoire à la vue des passants ?

Bref, depuis des semaines, on parle, dans les rues pontoises, en l'attente de croiser des comédiens connus. De quoi faire monter l'adrénaline en cet été indien ! Une conférence de presse, avec le réalisateur Jean Becker, s'imposait. Pour faire patienter dans les chaumières...



Vendredi, Jean Becker avait donc réuni les journalistes en l'hôtel de Bordeaux, sous le regard complice de Cornelia, responsable de l'établissement. La presse était nombreuse, venant même de l'Île de Ré avec Maryse Guédeau, patronne du magazine Xaintonge. Cette île a de l'importance puisque sans elle, le film n'aurait pas eu lieu à Pons. En effet, Jean Becker possède une maison du côté des Portes depuis les années 1970 et c'est une amie, également domicilié en cette terre prisée des people, qui l'a guidé dans son choix.

La ville où se poserait "la tête en friches" demandait à la fois un cadre et une atmosphère. « Des repérages ont été effectués dans la région et à Pons, en particulier. Nous sommes tombés d'accord sur ce lieu » souligne Jean Becker. Des scènes seront tournées au jardin public, au bar "le Français", dans les rues et bien sûr dans une caravane (du côté de la Seugne). Tout se fera dans la cité des biscuits, sauf un décor dans une maison de retraite de Belgique.



Après Dialogue avec mon jardinier qui met en scène deux hommes qui se retrouvent, dans le sens authentique du terme, et Deux jours pour tuer où le personnage principal, se sachant atteint d'un cancer, secoue durement son échine, La tête en friche place une nouvelle fois le héros de la scène face à son destin.
Jean Becker le tait, mais il aime ouvrir les portes que le destin a fermées. Quand le curseur se met à bouger, tout devient possible. Le scénario, écrit par Jean Lou Dabadie selon le livre de Marie Sabine Roger, est émouvant.

Germain Chazes (Gérard Depardieu) est un être simple et inculte. Il vit comme on le lui a appris... jusqu'au jour où il rencontre Marguerite (Gisèle Casadesus) qu'un attrait pour les pigeons réunit.
La vieille dame sent qu'il est intelligent. Elle lui tend la main en l'instruisant. L'existence de Germain, « né sous une mauvaise étoile », change alors. Peu à peu, l'être rustre s'anime, sans manipulation aucune. Parce qu'il le vaut bien !
G. Depardieu a craqué pour ce rôle. « Je veux le faire » a-t-il déclaré à Jean Becker qui le considère comme « l'un des plus grands acteurs français ».

Le tournage commencera le 14 septembre. Il durera six semaines et demie. Jean Becker y croit et surtout, ne lui dites pas que les acteurs évoluent sous sa "direction", ce mot l'énerve. Il préfère la complicité, le partage : « Depardieu me plaît, il sera dans ce rôle comme dans des moufles. Tous les acteurs sont prestigieux. Mon objectif est de rester fidèle au roman ». Les figurants, sélectionnés lors d'un casting samedi dernier, ne devraient pas faillir à la règle.

Bref, la ville s'apprête à vivre un sacré moment de vigueur cinématographique ! Nous ignorons si Jean Becker y « deviendra ce qu'il est », énigme saintongeaise proposée par un journaliste qui n'obtint pas de réponse vu l'heure avancée. S'il reste en l'état, la formule est déjà convaincante !
Il était temps de rejoindre l'ambiance feutrée du bar où le réalisateur se prêta avec courtoisie à la séance photo, suivie d'un dîner champêtre sur la place du Donjon.
La première de "La tête en friche" aura lieu au cinéma de Pons. De quoi vous remettre les idées à l'endroit !!!


• L'info en plus


• Île de Ré : « C'était mieux avant cette connerie de pont » plaisante Jean Becker qui y possède une maison depuis les années 70. Et d'ajouter : « je n'ai pas le droit de dire ça ! ». Depuis, il a vu arriver des touristes parisiens, heureux d'abandonner Saint Tropez pour cette île de l'Atlantique aux plages de sable blanc. Conséquence : le prix des maisons flambe. « J'aimais bien prendre le bac » avoue-t-il. Il lui reste Royan et le Médoc ! Au passage, notons qu'il est ami avec Jean-Jacques Debout.

• Coût du film : 8.400.000 euros dont 150.000 euros de la Région Poitou Charentes et du Département. La Charente Maritime fait partie des départements qui soutiennent le cinéma comme les régions Rhône Alpes, Paca.

• Présent au salon du livre à l'hôpital des Pèlerins dimanche 20 septembre ?
Jean Becker a publié "Becker par Becker" un beau livre de photos commentées. Aux responsables qui aimeraient bien l'accueillir parmi les auteurs du salon du livre, il a répondu qu'il viendrait. Si son emploi le lui permet, bien entendu...

• Et les figurants ?
Taquiné par Jean Charrier de Radio Pons sur la place modeste qu'occupent les figurants dans les films, Jean Becker a évoqué un tournage en Hongrie dont le thème était la Révolution française. Pour figurants, il vit arriver des paysans qui devaient se transformer en aristocrates. Sur le moment, il eut une hésitation qui se dissipa rapidement. Habillés et perruqués, les intéressés prirent rapidement la pose et les manières, à la satisfaction du réalisateur. Beaucoup s'appelaient Attila. Ah, ces Hongrois ! Au fait, quel est le troisième prénom de Nicolas Sarkozy ?

• Becker père et fils
Fils du réalisateur Jacques Becker. Jean Becker a commencé sa carrière comme assistant réalisateur de son père. Il reprend le flambeau avec Un nommé La Rocca avec Jean-Paul Belmondo (1961), Échappement libre et Tendre voyou. Après avoir travaillé pour la télévision (séries télévisées dont Les Saintes Chéries et Pas de caviar pour tante Olga) il revient au cinéma avec L'Été meurtrier (1983). Le film, avec Isabelle Adjani, est nominé au Festival de Cannes pour la palme d'or et aux Césars.
Depuis, le succès est au rendez-vous avec, entre autres, Les enfants du marais, Un crime au paradis, Effroyables jardins, Dialogue avec mon jardinier, Deux jours pour tuer. Il tourne régulièrement avec les mêmes acteurs (Depardieu, Dussolier, Dupontel, Balasko, Lhermitte, Auteuil, Vaneck, etc).



Photo 1 : Regard franc, parler vrai, Jean Becker ne cherche pas épater la galerie. Au contraire, il fait son travail dans la discrétion. Idem pour son fils Louis, producteur.

Photos 2, 3 et 4 : Les journalistes en conférence de presse à l'Hôtel de Bordeaux

Photos 5 et 6 : Jardin public, Bar le Français où des scènes seront tournées

Photo 7 : Séance photo au bar de l'Hôtel de Bordeaux

Photos 8 et 9 : Une affaire de famille ! Jean Becker supervise le tournage du film produit par son fils Louis, présent à ses côtés lors de la conférence de presse. L'équipe comprendra plus d'une soixantaine de personnes. Voilà qui devrait mettre une belle animation dans Pons !

Photos Nicole Bertin

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Super nouvelle ! Le livre de Marie-Sabine Roger est un délice de sensibilités juxtaposées, tantôt profondes et pudiques, tantôt brutes de décoffrage, la vie quoi...
Une belle réalisation en perspective, avec des acteurs à qui les rôles respectifs siéront à merveille.

(euh...si j'osais : Maurane plutôt que Morane ... j'ai osé)