mardi 29 septembre 2009

Saintes :
Rosen ou les confidences d'une prostituée


En publiant un livre sur "une prostitution choisie et non subie", Rosen Hicher rompt la loi du silence. Son ouvrage, qui a le mérite de la franchise, explique comment une femme en arrive à vendre ses charmes pour subsister. Mais il va plus loin : l'auteur y lance un appel à toutes celles qui se retrouvent démunies sur le trottoir, cornaquées par des souteneurs qui se moquent bien de leur état de santé et de leurs sentiments. Nombreuses subissent des violences. Et de prôner la création de maisons contrôlées qui établiraient une charte de bonne tenue et assureraient le suivi médical de ses "occupantes".

C'est en avril 1946 que la loi Marthe Richard, conseillère municipale de Paris au passé sulfureux, est votée par la Gouvernement provisoire. Les maisons closes et de tolérance ferment, mais la prostitution ne s'arrête pas pour autant. Ne dit-on pas qu'il s'agit du plus vieux métier du monde ?
Quand elle s'amusait, fillette, dans les rues de Quimper, Rosen Hicher ignorait qu'un jour, elle pratiquerait cette activité que la morale réprouve.
Le commencement est terriblement banal. En mars 1988, alors qu'elle travaille dans l'électronique, elle apprend qu'elle est licenciée. « Je me suis retrouvée avec mon mari, au chômage également, et mes trois enfants. Nous n'avions pas assez d'argent pour vivre et je ne suis pas du genre à aller mendier auprès des associations caritatives » dit-elle. Quand on vit à cinq dans un petit appartement au loyer de 2.500 F, que fait-on ? La recherche d'un nouvel emploi s'impose !
Désemparée, Rosen épluche les petites annonces. Dans France Soir, elle lit qu'un bar à hôtesses recherche de nouvelles "candidates". « Bien que supposant ce que cachait ce libellé, je suis allée me présenter. J'ai été prise tout de suite ». La voici rue du Colisée, à Paris, non loin de l'Arc de Triomphe.
Elle commence au Diam's - le nom de l'établissement, à l'époque - avec des consignes nécessaires à son futur "job" : inciter les hommes à boire du champagne, à "commander" dans le jargon et aller plus loin si affinités, tout en se protégeant des maladies sexuellement transmissibles.

Évidemment, son existence prend un virage à 180 degrés. Rosen explique franchement son choix : « j'avais trente ans. Rien ne m'était imposé, comme c'est le cas pour une fille de dix-huit ans. Je savais ce que je faisais, je voulais vivre. C'était purement alimentaire ».
Dans les premiers temps, elle fait la rencontre d'un fonctionnaire aisé qui la prend sous son aile : « Il s'appelait Michel et avait 53 ans. Il était marié, père de famille et devait mener une vie très conformiste. Il voulait que je lui appartienne et n'hésitait pas à me donner jusqu'à 5000 francs par semaine pour quelques heures de coucherie et diverses sorties. Quand il a voulu m'installer dans un studio, j'ai refusé car je ne voulais pas abandonner mes enfants ».

La vie d'hôtesse reprend avec des moments pathétiques : « nous étions dans l'obligation de boire avec les clients, avant de les accompagner dans les petits salons. Il faut beaucoup de temps avant d'apprendre à ruser, à jeter le contenu de son verre par terre. Quand j'ai commencé, je ne buvais pas une goutte et quand je suis partie, j'étais devenue alcoolique ».

« Les hommes viennent chercher de la tendresse, l'amour de quelqu'un » explique Rosen. « Ils éprouvent des frustrations, des fantasmes ». Les prostituées deviennent leurs confidentes et sur ce chapitre, les profils des clients sont variés : entre le solitaire et le timide, qui n'ont pas de succès auprès des femmes, et les tordus, existe une distinction précise. « Les clients sont issus de tous les milieux, des fortunés qui pensent qu'ils peuvent tout acheter à l'ouvrier modeste. Le monde est vraiment dominé par le sexe et l'argent ».

Violée...

Rosen quitte bientôt Paris pour la province. Après des pérégrinations dans de nouveaux établissements, elle arrive dans ce qu'elle appelle « une maison close autorisée » dont la patronne paie ses charges. « L'un de mes amants était adjudant de police, il savait ce que je faisais. La prostitution est entourée d'un carcan d'hypocrisie. D'ailleurs, si le racolage est interdit, la prostitution est autorisée et vous n'entendrez jamais dire au patron d'un bar à hôtesses qu'il la favorise. Pourtant, dans la réalité, il s'agit bien de cela ».

Elle ouvre ensuite un salon de massage « pour avoir une vie stable et finir le soir à une certaine heure » : « Dans les journaux gratuits, je faisais de la publicité autour de la détente et de la relaxation. Je ne pouvais pas être plus explicite !!! Le seul problème, c'est que dans un deux pièces, vous êtes seule, à la merci de n'importe quel détraqué. J'ai été agressée et braquée. J'ai même été violée. Cela peut paraître drôle de la part d'une prostituée, mais c'est la même chose que pour une femme normale. On a peur du sida aussi. Cet homme voulait un rapport non protégé que j'ai refusé. Certains sont prêts à vous donner 1.000 euros. Il m'a sauté dessus, il recherchait la violence avant tout ».

L'omerta

Arrivée à Saintes il y a cinq ans, Rosen continue son métier : « Mes enfants sont au courant. Je ne leur ai jamais rien caché ». Aujourd'hui, sa clientèle serait plutôt composée de VRP et de personnes isolées. Il lui arrive de vivre des moments cocasses qu'elle raconte comme une course au supermarché : « Certains veulent être battus et paient cher pour recevoir des coups ; d'autres se travestissent et demandent à être caressés comme des femmes ». Nous vous passons les détails !

Rosen estime que les prostituées sont indispensables à la société en ce sens où elles "canalisent" les pulsions sexuelles. Elles sont aux premières loges de la complexité humaine : « Contrairement à la majorité des femmes qui ont une approche de l'amour plus intellectuelle, les hommes sont purement physiques. Ils ont des envies qu'ils doivent satisfaire. Dans ces moments-là, les prostituées sont bien utiles. Ce qui peut sembler surprenant est la passivité des épouses face aux déviances de leurs maris. Certaines savent très bien ce que font leurs conjoints et ferment les yeux pour conserver leur confort, leur train de vie, voire leur façade d'honorabilité. Je pense par exemple à un homme avec qui je parlais souvent. Croyant, il était marié, père et grand père et entretenait des relations homosexuelles depuis l'âge de 15 ans. Il en avait 61. Il dissimulait de l'argent pour s'offrir le fruit de son désir. Quand on le voyait, on était loin de se douter qu'il avait un jardin secret ».

« J'ai élevé mes enfants en travaillant avec mon corps »

Rosen exerce librement et paie ses impôts, sa façon à elle d'être claire : « j'ai voulu arrêter, surtout quand j'ai appris que j'étais atteinte d'une maladie orpheline qui attaque les cartilages, la polychondrite chronique atrophiante ».
En réaction, elle a choisi de faire un livre paru aux éditions Bordesoules. Il incarne le combat d'une femme qui se bat pour celles qui subissent le diktat des souteneurs : « Aujourd'hui, en France, de nombreuses villes sont offusquées par le manège trop voyant des prostituées et de leurs clients. Les mères de famille sont choquées, les commerçants de ces quartiers crient au scandale et le prix des maisons s'effondre ».

Et de lancer une idée : l'ouverture de maisons type Eros Centers, s'accompagnant d'une tolérance zéro pour la prostitution de rue. « Cela évitera à de nombreuses filles, venues du monde entier, mais aussi à de petites Françaises, collégiennes, lycéennes ou fugueuses, de se livrer à la prostitution sauvage et de croiser sur leur route la mafia du sexe. Dans ces maisons, toutes les filles devront présenter leurs papiers et être majeures. Il faut être intraitable avec les hommes qui détournent les mineures. Un client m'a avoué qu'il rôdait autour des établissements scolaires, à la recherche d'une jeune fille qui accepterait 80 euros pour lui donner du plaisir ».
Rosen Hicher a même écrit au Président de la République, Nicolas Sarkozy : « Moi, Rosen, j'ai élevé mes enfants en travaillant avec mon corps depuis bientôt vingt ans... Je vous demande de donner un cadre légal à une profession où les filles volontaires pourront cotiser et gagner leur vie légalement ».

Le sujet est compliqué car il se heurte à la morale judéo chrétienne qui l'entoure d'une fumée opaque. Ignorant la souffrance des "filles de joie", la société ferme les yeux parce qu'il est dérangeant d'entrer dans les arcanes de l'âme humaine.
Alors, quand Roselyne Bachelot aura terrassé la grippe H1N1, elle pourrait peut-être se pencher, avec ses copines du Gouvernement, sur le sort des jeunes filles qui peuplent les trottoirs des grandes agglomérations. Souvent malades du sida, droguées, malmenées, elles ne sont qu'un pion sur un échiquier beaucoup plus vaste. Un pion qui verse une large contribution à son "mac". D'ailleurs, comment est blanchi cet argent et où va-t-il ? La question mérite d'être posée.



Photo 1 : Rosen Hicher a écrit un premier livre « je suis une femme courageuse » suivi de « Rosen, une prostituée témoigne » aux éditions Bordessoules.

Photo 2 : Rosen a rencontré Patrice Drevet au salon du livre de Pons, où elle même présentait son ouvrage. Il est en vente dans toutes les librairies.


• L'info en plus

92% de nuls ?

Provocation ? Lors d'une émission avec Jean Luc Delarue, Karen a bien fait rigoler le public en attaquant la gent masculine. Pour elle, « 92% seraient nuls au lit parce qu'ils méconnaissent le corps féminin ». Elle ne revient pas sur cette déclaration qui provoque, vous l'avez compris, de vives protestations de la part des messieurs. Ceux qui ont le plus d'humour estiment se situer dans les 8 % restants !

Souméras :
Cédric Burgelin et Roman Orlov en duo


L'un est brun, l'autre blond. Le premier a grandi à La Rochelle en Charente-Maritime, le second a étudié à Moscou. Ces deux passionnés ont un point commun : ils ont fréquenté, à Paris, le Conservatoire National Supérieur de Musique.

Soucieux de combiner répertoire classique et moderne, Cédric Burgelin et Roman Orlov aiment l'audace, celle qui permet à la création de s'épanouir en un vaste creuset sans cesse renouvelé.
Samedi dernier, lors des Journées du Patrimoine, Geneviève Williams, propriétaire du château de la Bruyère, les avait invités. Burgelin et Orlov à l'affiche : le concert était prometteur et un nombreux public avait répondu au rendez-vous.

L'organiste de la cathédrale Saint-Pierre avait temporairement abandonné son instrument favori pour le piano. Il est vrai que déplacer un orgue monumental relèverait des douze travaux d'Hercule ! Roman Orlov, quant à lui, est resté fidèle à sa compagne préférée, la clarinette. Ces musiciens se connaissent bien et leur complicité est visible.

Au programme de la soirée, Cédric Burgelin avait choisi "Les scènes d'enfant" de Robert Schumann. Une agréable façon de faire un clin d'œil à Solveig, sa petite dernière âgée de deux ans. D'ailleurs, il lui dédia "La Chanson de Solveig" d'Edvard Grieg.

La clarinette trouva sa dimension alerte, un brin provocante, à travers des morceaux du folklore roumain. Autre moment fort, elle accompagna superbement "Mission" d'Ennio Morricone et "Les petits chaussons" qui trottinent dans "les Feux de la rampe". Le final conjugua romantisme et gaîté, associant Monti, Cosma (le Grand Blond) et "La grande valse brillante" de Chopin. Le cinéma et la danse, quel tourbillon !

Le public a longuement applaudi ces deux artistes qui privilégient l'émotion. On peut même parler de communion puisque Cédric Burgelin et Roman Orlov expliquent chaque morceau pour une meilleure compréhension.
Merci à Geneviève Williams pour cette charmante soirée aux côtés d'Anne-Marie Molinié et Jacques Baclet.



Avis aux amateurs

• Si vous aimez la clarinette et souhaitez prendre des cours, Roman Orlov se fera un plaisir de vous initier à cet instrument à l'École des Arts de Haute Saintonge (St Germain de Lusignan, près de Jonzac). N'hésitez pas à le contacter au 05 46 48 31 26.

Photo 1 : Cédric Burgelin et Roman Orlov

Photo 2 : Roman Orlov explique les subtilités de son instrument

Photo 3 : Jacques Baclet et Mme Williams

Photo 4 : Le public réuni au château de la Bruyère

Photo 5 : Anne Marie Molinié

Clocher de Saint Eutrope :
65 mètres vous contemplent... sans compter Louis XI


Après la cathédrale Saint Pierre, bienvenue à l'église Saint Eutrope ! A ses pieds, plusieurs siècles vous contemplent, sans compter les dimensions respectables de son clocher : 65 mètres. 250 marches sont à gravir pour apprécier la vue, avec une pensée émue pour Louis XI qui participa à leur financement.


Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. La semaine dernière, un soleil doux et automnal accompagnait la visite du clocher de Saint Pierre. De ce balcon haut perché, les toits étaient semblables aux morceaux d'un puzzle, blottis de chaque côté de la Charente. Fleuve roi, axe de navigation et de transport des marchandises.

Samedi dernier, le temps était maussade et la lumière avait perdu de ses attraits. Allait-il pleuvoir sur le clocher de Saint Eutrope ? Indifférente aux frasques du temps, Lætitia, guide à l'Office de Tourisme, était heureuse de présenter au public ce lieu habituellement fermé. En avant !
Comme pour Saint Pierre, quelque deux cent cinquante marches sont à gravir. Toute ascension mérite des efforts avant que n'arrive la "récompense" !
À intervalles réguliers, de petites fenêtres balisent ce parcours en colimaçon. Sur les parois, graffitis anciens et modernes se côtoient. En effet, moult petits mots datent du début du XXe siècle, à une période vraisemblable de restauration. Certains ont apposé leur simple nom tandis que d'autres ont éprouvé, ô sublime audace, l'envie de donner rendez-vous à leur dulcinée.



Sur le promontoire, le premier élément qui retient l'attention est la flèche qui "culmine" à 80 mètres.
Avec ses crochets typiques du gothique flamboyant, elle dresse sa solennité quand d'autres sont seulement "calottées". Les lieux sont gardés par d'étonnantes sculptures. Certaines ressemblent à des chiens, comme si leur auteur avait abandonné les monstres et autres gargouilles pour rendre hommage à des animaux familiers.

Tout autour, la vue est imprenable. Le regard s'arrête sur les arènes dont on aperçoit les structures sapées par le temps. Au moment de leur splendeur, elles étaient beaucoup plus imposantes avec hauts murs, gradins et tout le décorum.

À son heure de gloire, Mediolanum Santonum, riche en monuments, était dotée d'un aqueduc de savante conception. Avec les thermes, l'amphithéâtre occupait un rôle important dans la vie de la cité. Les habitants y assistaient à des distractions diverses et variées, tels les combats de gladiateurs et autres confrontations sortant du quotidien.
Au milieu du IIe siècle après J.C., la ville comptait entre 10.000 et 20.000 habitants et s'étendait sur une superficie de cent hectares.
Malheureusement, conséquence des invasions, cette prospérité s'arrêta. Les siècles suivants virent l'arrivée du christianisme sous l'impulsion du martyr Eutrope qui fut, dit-on, le premier évêque. Son tombeau repose d'ailleurs dans la crypte de l'église Saint Eutrope. En effet, l'église primitive fut fondée en souvenir du saint homme.


Le Préfet tranche : la nef sera démolie

Si la visite jusqu'au clocher vaut le détour, une étude de l'édifice religieux mérite également l'attention. En effet, tel que vous le voyez de nos jours, il est largement amputé (il lui manque l'équivalent de la place réservée au stationnement).


Situé sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, il a pourtant connu des moments importants. À la fin du XIe siècle, le Pape Urbain II vint en personne le consacrer. Au XVe siècle, Louis XI (qui avait sans doute des choses à se faire pardonner) finança l'édification du fameux clocher de 65 mètres.
Commencé en 1478, il fut achevé en 1496. Quand vous regarderez cette construction, ayez donc une pensée pour le fils de Charles VII qui s'illustra dans l'histoire de France par sa fine stratégie, mais aussi par des méthodes assez rudes. Pas étonnant que François Villon, à la plume authentique et turbulente, l'ait égratigné ! D'ailleurs, nul ne sait ce qu'il advint du poète maudit : en passant par Saintes, aurait-il vu tomber les neiges d'antan ?...

Malgré les guerres de religion, c'est au début du XIXe siècle que la situation de l'église Saint Eutrope empira : les paroissiens craignaient de voir s'écrouler la nef. Personne ne voulant débourser les 1.500 francs nécessaires aux travaux de restauration, le préfet Guillemard ordonna l'amputation du membre malade, purement et simplement. En 1803, cette démolition fit le bonheur des habitants qui récupèrent des matériaux et le désespoir des amoureux du patrimoine.
Un nouveau portail fut dessiné par un architecte, mais il faut bien avouer que Saint Eutrope est à jamais estropiée. Mutilée, elle reflète les contradictions des hommes, oscillant entre création et destruction.

Aujourd'hui, elle est l'un des lieux incontournables de Saintes, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco. Lors des journées de patrimoine, de nombreux visiteurs sont venus découvrir ses particularités. Parmi elles, les ornementations des chapiteaux, Daniel dans la fosse aux lions et la pesée des âmes...


• L'info en plus

Les Révolutionnaires brûlent les archives

En 1789, les cartulaires et chartes de Saint Eutrope furent confisqués par les Révolutionnaires. Par la suite, fut prise une décision grave pour la transmission de la mémoire. Ces documents, qui seraient fort utiles aux historiens actuels, furent brûlés sous la Terreur en application de la loi « sur les titres de féodalités et de superstition » du 17 juillet 1793. Le 10 août, une grande partie des parchemins s'envola en fumée sur la place des Cordeliers (devant le Palais de Justice).

Photos 1 et 2 : Le clocher et l'intérieur de la flèche

Photos 3 et 4 : Au pied de Saint Eutrope et plus loin, Saint Pierre

Photo 5 : Le talent des sculpteurs

Photos 6 et 7 : Les arènes gallo romaines

Photo 8 : Les maisons blotties !

Photo 9 : Saint Eutrope et ses chapiteaux

Photo 10 : Le bénitier

(Photos Nicole Bertin)

Le salon du livre de Pons fait son cinéma avec Jean Becker et Patrice Devret


Ce salon, organisé à l'Hôpital des Pèlerins par l'Office de Tourisme avait le mérite de l'originalité. En effet, les stands étaient installés dans le jardin médiéval, entre plantes aromatiques et légumes anciens.
N'ayez crainte, nos écrivains n'étaient pas dans les choux ! Au contraire, cet agencement amusant avait des allures champêtres.



Tout aurait pu aller pour le mieux dans le meilleur des mondes si les cieux ne s'étaient déchaînés samedi, forçant les invités à plier bagage. On imagine aisément leur déception. Fort heureusement, le lendemain, le soleil avait repris des couleurs et ils purent s'installer au milieu de la végétation.

En début d'après-midi, la grande question était de savoir si Jean Becker, qui tourne actuellement "La tête en friche" avec Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus, viendrait dédicacer son livre. Annoncé pour 14 heures, il arriva un peu plus tard, se faisant aisément pardonner ! Ce fut un plaisir de discuter avec cet homme à moustaches qui a côtoyé un panel de grands comédiens. Son livre "Becker par Becker" est bougrement intéressant : on y voit des photos de famille et des clichés, souvenirs de films célèbres. On s'y croirait !



A ses côtés, l'ancien journaliste de France 2, Patrice Drevet présentait son dernier-né "La planète se réchauffe" paru aux éditions du Chêne. Une bonne occasion d'aborder la protection de l'environnement. Un sujet qu'apprécie Michel Lis le jardinier, présent avec ses vertes bacchantes.

Durant l'après-midi, de nombreux promeneurs sont allés à la rencontre des auteurs. Parmi eux, Anne Bert a écrit son premier roman érotique. Voilà qui fit discuter les bavards lors du déjeuner servi à la Base de Loisirs, en présence de Patrick Charrier de Radio Pons. Cerise sur le gâteau, un journaliste a écrit qu'à 50 ans, elle a mis du temps à se "lancer". Mieux vaut tard que jamais !
Bref, ce fut une sympathique journée, sans catastrophe aérienne, ni prise de tête !


• L'info en plus


Patrice Drevet : L'écologie, son cheval de bataille !

A 60 ans, il a quitté la télé pour faire de la politique. «Ma deuxième vie commence» plaisante-t-il. Maire adjoint de Pézenas dans l'Hérault, il est également vice-président de la Communauté d'Agglomération.
Il s'est présenté aux dernières Européennes où il a obtenu un score honorable, «mais insuffisant pour être élu. C'est notre faute, nous sommes partis trop tardivement».
Membre du bureau directeur de Génération Écologie, il pourrait bien être candidat aux élections régionales en Languedoc-Roussillon.
Au sujet de la réforme de collectivités, il est favorable aux conseillers territoriaux et à la suppression de quelques strates du mille-feuille. « Il faut avoir du bon sens » dit-il.
Son combat, il le mène en faveur de la nature : « la planète, je l'ai connue belle dans ma jeunesse. Elle se réchauffe et notre rôle à tous est de réagir pour les générations futures ». Les histoires de climat, il en connaît un rayon, en effet ! Il prépare deux nouveaux ouvrages dont l'un sera consacré aux recettes de cuisine. Un clin d'œil à son amie Joëlle, l'ancienne patronne du Vieux Logis, qui sait ?





Photo 1 : L'Hôpital des Pèlerins

Photo 2 : Patrice Drevet et Jean Charrier, de Radio Pons

Photo 3 : Le cinéaste Jean Becker et Patrice Devret qui vient souvent en Saintonge où il se livre à son sport favori, la pétanque !

Photos 4 et 5 : Dédicaces

Photo 6 : La librairie Lalettre@labulle

Photo 7 : Au fil des stands au milieu du jardin

Photo 8 : Michel Lis, fidèle au poste

Photo 9 : Didier Catineau et Vinciane

Photo 10 : Jean Charrier aux côtés de Michel Lys et d'Anne Bert.

(Photos Nicole Bertin)

lundi 28 septembre 2009

Royan :
Le père Pascal Delage, nouveau curé de la Côte de Beauté


Après la capitale de la Haute Saintonge, le père Delage a célébré dimanche dernier sa première messe en l'église Notre Dame de Royan. L'immense édifice abritait des centaines de fidèles venus souhaiter la bienvenue à leur nouveau curé.

Dimanche dernier, l'église de Royan ressemblait à un vaisseau voguant sur les flots de la spiritualité. Aux côtés de Monseigneur Housset et de la communauté chrétienne, le père Delage faisait la connaissance de son nouveau secteur. Nommé vicaire épiscopal, dans le cercle rapproché de l'Évêque, il avait face à lui une foule immense de croyants parmi lesquels des Jonzacais venus lui témoigner leur amitié.

Cette fraternité est compréhensible : le père Pascal Delage est un homme cultivé (il enseigne l'histoire des pères de l'Église au Séminaire de Bordeaux) et il est proche de ses paroissiens. Faisant preuve d'humour, il possède suffisamment de recul face aux événements pour en faire une analyse objective.

De Jonzac, bourgade de 4.000 habitants, il garde le souvenir d'une paroisse dynamique, d'une population jeune et engagée. Originaire de Saint-Thomas de Conac, dans le canton de Mirambeau, la capitale de la Haute Saintonge l'a accueilli comme un enfant du pays. Il y a succédé au père Seguin qu'il connaissait bien : « Pour moi, c'était un ami, une sorte de superviseur. Prendre sa suite alors qu'il venait de succomber à une mort brutale a été un moment émouvant, voire douloureux pour moi ».

À Jonzac, il est resté cinq ans, vivant une expérience de proximité enrichissante : « J'ai apprécié d'avoir des contacts, tant avec les croyants qu'avec les non pratiquants. La région de Jonzac est une grande famille ! De nombreuses personnes sont engagées et m'ont aidé à conduire les animations pastorales. Je pense que cette bienveillance à l'égard du prêtre vient de Monseigneur Chauvin qui a marqué la ville durant la Seconde Guerre Mondiale ».

De 4.000 à 100.000 habitants !

À Royan, le "paysage" est différent. De 30.000 l'hiver, l'été grouille d'une population de 100.000 habitants. Les retraités y occupent une place importante (ils représentent 40%).
Le secteur de Royan compte trois prêtres, deux vicaires et des diacres : « Nous avons ici l'équipe de prêtres la plus jeune du département ».

La mission du père Delage se définit en trois axes : tisser des liens avec les familles (sans oublier les estivants), guider les enfants, aider les personnes âgées à rompre leur solitude, en tendant la main à ceux que la vie a laissés au bord de la route. Une initiative a d'ailleurs été lancée qui consiste à organiser un déjeuner une fois par mois : « Pour un prix modique, quelque trois euros, ce repas réunit une centaine de convives. Nous sommes chargés de l'organisation et du transport ».


L'objectif poursuivi par le père Delage est de réunir la communauté autour des valeurs fondamentales que sont l'amour de Dieu, l'amitié et le partage, nécessaires « dans un monde tourmenté où certains êtres ont du mal à trouver leur place ».

Les laïcs s'investissent de plus en plus, comblant le vide creusé par le manque de prêtres dont le nombre a chuté ces dernières décades. Des diacres participent à « cette mission au service de l'humain ». Rappelons que les diacres, qui sont issus de la société civile (et généralement mariés), existent depuis le début du christianisme. Cette fonction a été rétablie en 1965 par le Concile Vatican II. Pour l'instant il n'y a pas de diaconesse, mais il est permis d'espérer...
Entouré d'une équipe motivée, le père Delage poursuit son action envers les autres. « Grand travailleur », il avance avec bienveillance, sachant que la seule façon de convaincre est de montrer le chemin.

• L'info en plus

Bien que Royannais, le père Delage suit avec attention les fouilles qui ont lieu devant l'église de Jonzac (où lui succède le père Emile Braud).
« Il y a vraisemblablement des sépultures sous l'édifice religieux. Peut-être, lors de l'installation d'un chauffage au sol par exemple, un chantier pourrait-il être ouvert ?»
souligne-t-il. Pour l'instant, la mairie a fort à faire avec les travaux actuels.


Photos de la cérémonie en l'église Notre Dame de Royan (N. Bertin)

Que reste-t-il des bâtisseurs d'antan ?


Le père Delage succède à l'abbé Jacques Sureau. Après l'église de Jonzac et ses sarcophages mérovingiens, le voici dans un édifice aux lignes contemporaines dessinées par M. Gillet, architecte. Si son agencement est remarquablement conçu, on ne peut guère décerner de lauriers aux artisans qui ont réalisé les travaux. Les embruns salés attaqueraient le béton, dit-on. Manifestement, il n'y a pas que cela ! De meilleurs matériaux et un savoir-faire plus "confirmé" des corps de métiers auraient sans doute permis à cet édifice de moins souffrir des aléas du temps. Alors que nos églises romanes et gothiques traversent les siècles grâce aux bâtisseurs du Moyen-Âge, il n'est pas sûr que Notre Dame de Royan garde la tête haute ad vitam æternam...

Jonzac :
L'histoire des communes racontée aux Archives


À une époque où l'on veut en réduire le nombre, les documents concernant les communes livrent bon nombre d'informations à leur sujet. Si vous avez manqué cette exposition, rassurez-vous, vous avez jusqu'à février 2010 pour la découvrir. Prenez votre temps car la visite mérite le détour.



Différents thèmes sont développés tels que la population et son quotidien, l'institution communale et les grands événements. S'y ajoutent des objets, dont une Marianne venant de Montlieu la Garde.

Vous y verrez l'atlas terrier de la seigneurie de Mirambeau, le serment de fidélité prêté par le curé de Pouillac en l'an VIII ou l'inventaire des biens de l'église de Champagnac en 1905. Il y a aussi la conscription, le recensement, l'arrivée du progrès avec le train, la construction des écoles et des écrits rappelant les heures sombres des deux guerres mondiales.

L'assistance (dont de nombreux maires et secrétaires de mairie) ont apprécié cette belle initiative. Que Jonzac possède une annexe des Archives départementales est une bonne idée puisque les nombreuses pièces versées peuvent être consultées.



Dans leurs discours, Dominique Bussereau et Claude Belot ont salué cette entreprise qui met en lumière la mémoire de la Haute Saintonge.

Entrée libre aux Archives de Jonzac de 13 h 30 à 17 h jusqu'au 20 février 2010, du lundi au vendredi.

Photos du vernissage en présence de Dominique Bussereau, Secrétaire d'Etat aux Transports et Claude Belot, sénateur maire de Jonzac, Gilbert Festal, Francis Savin, conseillers généraux, Benoit Jullien, responsable des Archives départementales, de nombreux maires, etc

Cirque de Venise :
Venez sous le grand chapiteau !


Où peut-on se dépayser totalement et retrouver ses dix ans ? Au cirque, pardi !

La semaine dernière, les Saintais l'ont remarqué sur le parc des expositions, découvrant avec amusement deux chameaux paissant dans la prairie.
Samedi et dimanche, le Cirque de Venise se trouvait à Pons, derrière le centre commercial, sur un vaste terrain loué à un propriétaire privé. Deux représentations étaient annoncées et le public est venu nombreux. Le cirque, en effet, est une vieille histoire entre les artistes et les spectateurs, heureux de partager les sensations des trapézistes, d'admirer les écuyères et les équilibristes, de frissonner devant le dompteur et rire avec les clowns.

Le Cirque de Venise a été créé par la famille Landri dont l'arrière-grand-père a commencé "au chapeau". Il présentait son spectacle sur les places publiques, puis tendait son couvre-chef. Son fils prit le relais et créa le premier cirque. Ainsi s'instaura la tradition.
Aujourd'hui, Steve et Serge Yvan Landri tiennent les rênes de cette structure qui parcourt l'hexagone et une partie de l'Italie. Quinze personnes y travaillent au quotidien, assurant cinq représentations par semaine environ.

Pouvoir travailler...

Comme vous le devinez aisément, la rentabilité des cirques est assurée par la fréquentation. « Malheureusement, certaines villes ferment les espaces publics aux cirques, ce qui complique grandement les choses » explique Steve Landri. À Pons, par exemple, la place de la salle des fêtes n'étant pas disponible, le cirque a dû s'installer extra-muros.

« C'est un problème auquel il faut réfléchir car nous ne pouvons pas à la fois être reconnus par le Ministère de la Culture et refoulés par certaines municipalités » explique-t-il.
Les grandes familles du cirque sont Zavatta, Bouglione, Gruss, Landri. En France, on compte environ cinq cirques importants, dix de moyenne taille (dont le Cirque de Venise) et deux cents petits.

Steve Landri est un enfant de la balle : « J'aime le cirque car il réunit toutes les classes de la société. Les adultes y retrouvent leur cœur d'enfant !».
Marié à une sédentaire qui s'est parfaitement adaptée à la vie itinérante, il supporte mal d'être enfermé dans une maison : « quand je vais chez les parents de ma femme, ça ne dure pas plus d'une journée. Le cirque, c'est une façon de vivre, une véritable culture ».

Il est prêt à défendre sa profession : « Elle ne doit pas mourir car elle perpétue une tradition. On se battra. Nous avons déjà manifesté dans la capitale ». Et de lancer un appel aux élus : « le cirque appartient au patrimoine national. Nous sommes là pour donner du rêve. Laissez-nous travailler ».

Ce travail, le public l'a découvert au fil des différents numéros proposés sous le grand chapiteau rouge. « Le cirque, c'est un rond de paradis dans un monde dur et dément » disait, non sans justesse, Annie Fratellini.


Photos 1 à 4 : Le cirque lors de sa venue à Pons

Photos 5 et 6 : Le dompteur face à quatre lionnes et trois tigres. Spectacle magnifique !
La ménagerie compte une trentaine d'animaux qui nécessitent 150 kg de viande et 150 kg de fourrage par jour, sans compter une cinquantaine de kilos de céréales. De nombreux animaux se reproduisent en captivité et « entre cirques, on s'échange des espèces » souligne Steve Landri.

Bijoux, poteries, tissus, armes :
Le trésor des Mérovingiens de Jonzac


Nos ancêtres mérovingiens étaient convertis au christianisme. En effet, une croix a été découverte dans l'un des sarcophages fouillés devant l'église.


Décidément, ces fouilles font couler de l'encre et, la semaine dernière, elles étaient la principale attraction des Journées du Patrimoine.
Curieusement, les différentes municipalités n'ont pas été très curieuses face à cette vaste nécropole. « Et c'est une chance car l'état de conservation, en raison de la nature du terrain, est excellent » répondent les archéologues. Ils admettent qu'un tel chantier est peu courant. Les tombes, inviolées, ont révélé de nombreux objets dont des bijoux (en cours d'expertise), de l'orfèvrerie, des armes, des morceaux de tissu, des céramiques funéraires, des flacons en verre et, présence émouvante, une croix façonnée.

Clovis s'étant converti au christianisme à la fin du Ve siècle, les Mérovingiens de Jonzac, qui sommeillent devant l'Église depuis les VIe et VIIe siècles, avaient donc embrassé cette religion. Ce témoignage est intéressant. Sortant du polythéisme romain et des anciennes pratiques gauloises, les populations auraient pu continuer à vénérer les divinités de la Terre mère. Il n'en est rien puisqu'elles semblaient croire en un Dieu unique.


Sur les traces de Saint Anthème ?

Le périmètre fouillé devant l'église réunit à la fois des sarcophages mérovingiens et médiévaux. « On remarque que les générations qui se sont succédé, ont respecté l'ensemble des sépultures » souligne Léopold Maurel qui suit le chantier. Plusieurs maçonneries ont été découvertes dont celles d'un enclos funéraire (mérovingien) et d'un édifice beaucoup plus vaste qui pourrait dater du Haut Moyen Âge. Était-il dédié aux reliques de Saint Anthème ? L'évêque de Poitiers, missionnaire en Saintonge, occupe en effet une place importante dans l'histoire jonzacaise. Il est possible qu'au Moyen Âge, sa légende ait été exploitée afin de créer un lieu de pèlerinage fréquenté autour de ses reliques (au VIIIe siècle, Saint Anthème aurait été mis à mort par les Sarrasins aux rochers de Cordie, près de Pons).

Bref, il reste de nombreuses interrogations, mais une chose est sûre : les tombes mérovingiennes abritent des gens de la "haute société" (les successeurs des occupants de la villa gallo-romaine ?).

Les Saintongeais attendent avec impatience les résultats des fouilles qui seront publiés l'an prochain. Quant aux "trouvailles", nous adressons une supplique au conseil municipal pour qu'elles soient exposées à Jonzac !
En ce qui concerne la valorisation du site, la balle est également dans le camp de la mairie. Il faudra bien sûr concilier la vie paroissiale à la protection du patrimoine. Sur ce chapitre, architectes et concepteurs sauront trouver le juste milieu.


Photos : Visite du chantier par Léopold Dussaigne. Les Mérovingiens sont enterrés les bras collés le long du corps. Au Moyen Âge, les bras sont croisés sur le torse.
Les Mérovingiens étaient grands et costauds. Certains faisaient plus de 1,85 m.