Communiqué d'ACDN :
Mercredi 20 juin, à l’heure du laitier, la police a cueilli chez eux, dans la région de Bure (Moselle) et ailleurs, une dizaine de militants antinucléaires.
Parmi les arrêtés, on compte Etienne Ambroselli, avocat à la Cour d’Appel de Paris depuis 200, spécialisé dans les questions de droit de l’environnement, conseiller juridique du Réseau « Sortir du nucléaire », défenseur des militants de Bure. Un avocat au barreau de Paris, donc, rien de moins… Mais aussi diverses autres personnes dont nous ne pouvons donner pour le moment que l’initiale du prénom : A, J, A, C, M, M, C… car nous ne savons pas si elles souhaitent ou non se voir exposées dans la presse.
Elles ont en commun d’être des figures du mouvement antinucléaire français. Plusieurs d’entre elles sont placées en garde à vue pour 48 ou 96 heures. C’est au violon qu’elles feront la fête de la musique. Et personne ne pensera à elles. Bien joué, l’artiste !
Parmi les motifs invoqués ou évoqués, il semble qu’il y ait pêle-mêle : les événements survenus en 2017 (grilles de l’écothèque tombées en février, action isolée contre l’hôtel-restaurant de l’Andra, manifestation du 15 août, ces événements faisant l’objet d’une commission rogatoire) ainsi que, pour certaines, les quelques vitrines cassées (par d’autres) lors de la manifestation du week-end dernier à Bar-le-Duc…
D’après des échos reçus, les personnes qui ont été relâchées se voient poser des questions très disparates sur la façon dont la lutte s’organise, les rapports entre « violents » et « non-violents »… mais aussi le rôle du Réseau. Tout cela semble dans la continuité de l’enquête/procédure pour « association de malfaiteurs » qui plane au-dessus de la lutte depuis quelque temps.
Bien entendu, ces arrestations à domicile se sont accompagnées de « perquisitions » : tant qu’à faire, faisons main basse sur tous les documents militants !
Il s’agit clairement d’une tentative d’intimidation des personnes actives, et de division du mouvement. C’est surtout un avertissement : après les sévères sanctions prises contre les lanceurs d’alerte de Greenpeace, chacun doit savoir désormais que nul n’est à l’abri de la répression policière et judiciaire. Quelque part, on a tous un profil de migrant.
Plus le nucléaire civil et militaire approche de sa faillite, plus il devient urgent d’étouffer dans l’œuf la parole de ceux qui dénoncent le danger. Ce n’était encore qu’un projet de loi sous la précédente présidence :
Cf. Etat d’urgence, "calamités publiques" et accident nucléaire : le gouvernement cible les antinucléaires. C’est aujourd’hui un début de mise en œuvre effective, hors état d’urgence. A chacun ses suspects, ses brebis galeuses ».
• Communiqué de presse d’avocates et avocats :
"Nouvelle étape dans la répression des opposants à l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure : un avocat perquisitionné et placé en garde à vue", publié le 21 juin à la suite à la perquisition massive sur Bure (7 arrestations) et à l’arrestation d’un avocat de Paris
« Agissant dans le cadre d’une information ouverte sur des faits remontant à 2017, environ deux cents gendarmes ont procédé ce matin [20 juin] à des perquisitions et des interpellations dans plusieurs lieux de vie des opposants au projet Cigéo à Bure, dans la Meuse. Fait rarissime, l’avocat des militants a lui aussi été interpellé au même moment à son cabinet parisien pour être placé en garde à vue. Ces mesures coercitives marquent un tournant sans précédent dans la répression du mouvement d’opposition à l’enfouissement des déchets radioactifs.
Plusieurs perquisitions et interpellations sont menées depuis ce matin dans au moins cinq lieux de vie de militants opposés au projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires, dont l’emblématique "Maison de la Résistance" située sur la commune de Bure. Sept d’entre eux seraient gardés à vue à l’heure actuelle, pour des faits remontant à plusieurs mois et faisant l’objet d’une instruction judiciaire.
Plus préoccupant encore, l’avocat de nombreux militants a été lui-même interpellé ce matin lors d’une perquisition à son cabinet parisien et placé en garde à vue. Un tel procédé porte non seulement atteinte au droit à une défense effective mais constitue également une gravissime remise en cause du plein exercice de la profession d’avocat, pourtant garanti par la loi et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme.
Alors que les perquisitions, les interpellations et les condamnations se multiplient dans la Meuse depuis l’hiver dernier, l’ampleur et la gravité de l’action policière de ce jour marquent une nouvelle étape dans la répression des mouvements d’opposition au projet Cigéo.
Nous dénonçons avec force ces méthodes disproportionnées et choquantes qui foulent aux pieds les libertés fondamentales les plus essentielles : le droit de se défendre et le droit de défendre.
Nous, avocates et avocats, nous associons pleinement à l’appel au rassemblement initié par les associations anti-nucléaires à 18 h devant toutes les préfectures et à Paris, place St Michel ».
Premiers signataires :
Xavier SAUVIGNET (Avocat au barreau de Paris)
Matteo BONAGLIA (Avocat au barreau de Paris)
Aïnoha PASCUAL (Avocat au barreau de Paris)
Lucie SIMON (Avocate au barreau de Paris)
Raphaël KEMPF (Avocat au barreau de Paris)
Alice BECKER (Avocat au barreau de Paris)
Chloé CHALOT (Avocat au barreau de Rouen)
Laurence ROQUES (Avocate au Barreau du Val de Marne, Présidente du Syndicat des Avocats de France)
Anis HARABI (Avocat au barreau de Paris)
Emilie BONVARLET (Avocat au barreau de Paris)
Samuel DELALANDE (Avocat au barreau de Paris)
Pierre HURIET (Avocat au barreau de Nantes)
Muriel RUEF (Avocat au barreau de Lille)
Martin MÉCHIN (Avocat au barreau de Paris)
Claire DUJARDIN (Avocat au barreau de Toulouse)
Florence ALLIGIER (Avocat au barreau de Lyon)
Claude COUTAZ (avocat au barreau de Grenoble)
Ariana BOBETIC (avocat au barreau de la Seine Saint Denis)
Antoine GATET (Juriste mouvement France Nature Environnement)
Louis COFFLARD (Avocat au barreau de Paris)
Jean-Louis BORIE (Avocat au barreau de Clermont-Ferrand)
Thomas DUBREUIL (Avocat au barreau de Vannes)
Charlotte BRUNET (Avocate au barreau de Paris)
Guillaume GREZE (avocat au barreau de Paris)
Sandrine GELIS (Avocate au barreau de Mont-de-Marsan)
Miriana MILICH (Avocate au barreau de Paris)
Sophie MAZAS (avocate au barreau de Montpellier)
Priscilla MIGNARD (Avocate au barreau de Laval)
Pauline GILLIET (Avocate au barreau de Paris)
Céline BRONZANI (Avocate au barreau d’Aix-en-Provence)
Alice TERRASSE (Avocate au barreau de Toulouse)
Antoine LAPLANE (Avocat au barreau de Nantes)
Mathieu VICTORIA (Avocat au barreau d’Aix-en-Provence)
Alexandre FARO (Avocat au barreau de Paris)
Adélaïde JACQUIN (Avocat au barreau de Paris)
Emeline GIORDANO (Avocate au barreau d’Aix-en-Provence)
Adrien MAMÈRE (Avocat au barreau de Paris)
Anne-Caroline CHICHE (Avocate au barreau de Lille)
Brigitte JEANNOT (Avocate au barreau de Nancy)
Clémentine PERROS (Avocate au barreau de Paris)
Sébastien MABILE (Avocat au Barreau de Paris)
Laure GALINON (Avocate au Barreau de Toulouse)
Simon DENIS (Avocat au barreau de Paris)
Florence BOUCHET (Avocate au barreau de Paris)
Arié ALIMI (Avocat au barreau de Paris)
Pauline JUSTER ( Avocat au barreau de Paris)
Daphné VAGOGNE (Avocat au barreau de Paris)
Aurélie MARCEL (Avocat au barreau de Grenoble)
Marie ROCH (Avocate au barreau de Paris)
Josselin GUILLON (Élève-avocat)
Emmanuel WORMSER (Avocat au barreau de Lyon)
Janaïna LEYMARIE (Avocate au Barreau de Toulouse)
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