Si son cœur bat à gauche, elle sait que les partis sont en pleine mutation depuis l'élection d'Emmanuel Macron. En campagne sur la quatrième circonscription aux Législatives, où le nombre de candidats est de douze, elle garde le cap en tenant un langage clair et argumenté. Autrement dit sans langue de bois, aux côtés de son suppléant Arnaud Salmon Gandonnière.
Douze candidats sur Jonzac/Royan dont Fabienne Dugas Raveneau, conseillère municipale de Pons |
Annoncer sa candidature tôt ne donne aucun avantage, c'est d'être sur le terrain qui en donne un ! Et je ne l'ai jamais quitté depuis 2012. D'avoir lancé ma campagne dès février m'a permis de consacrer du temps aux échanges lors de mes rencontres dans les 165 mairies de la circonscription ainsi que le porte à porte...
• Vous avez souhaité rejoindre la République En marche qui a retenu Raphaël Gérard. Avez-vous été déçue par ce choix ?
J'ai été étonnée car je pense que ma connaissance de l'ensemble de la circonscription, des territoires qui la composent, des attentes de ses habitants, sont des atouts majeurs pour le débat parlementaire à venir. La République En Marche a préféré investir un quota de "société civile" et en a une définition très poussée puisque mon mandat de conseillère municipale à Pons ne me permet pas d'en faire partie. Mais ça ne change rien de mon positionnement ni de mes convictions.
• Emmanuel Macron est Président de la République. Si vous êtes élue députée, appartiendrez-vous au groupe des Socialistes à l'Assemblée Nationale ou bien les curseurs peuvent-ils bouger ?
La situation est telle aujourd'hui que si Emmanuel Macron échoue, nous verrons les populistes à la tête de l'Etat français dans cinq ans.
Je milite depuis 30 ans contre l'Extrême-droite. Expliquer que le FN est un parti raciste et qu'il surfe sur les difficultés du pays et des Français ne suffit plus. La seule façon de stopper la progression du vote en sa faveur, c'est de répondre aux attentes. La conclusion est sans appel : il faut qu'Emmanuel Macron réussisse ! Dans un tel contexte, je ne peux pas faire partie d'un groupe d'opposition. Je veux donc contribuer à sa réussite au sein du groupe de la majorité présidentielle en apportant ma connaissance, ma vision, mon travail. Il y a urgence. Il faut donner des signes forts dans les deux ans qui viennent. Je pense notamment qu'il faut, dès le projet de loi des finances 2018, redonner du pouvoir d'achat, en particulier aux familles modestes, aux travailleurs pauvres et petites retraites, mais également geler toute suppression de postes dans les services publics d'Etat sur les territoires ruraux, afin de retravailler sereinement à leur organisation. Pour avancer vite et de manière pertinente, il faut des parlementaires qui connaissent le terrain, les territoires, qui connaissent le fonctionnement de nos collectivités locales. Je serai dès le 18 juin opérationnelle et disponible pour y travailler. Ce sera d'autant plus aisé pour moi que mon parcours professionnel m'a conduit, depuis longtemps, à travailler avec des élus de tous bords politiques.
• Autour de quels thèmes avez-vous axé votre campagne ? Quelles sont les priorités des habitants selon les différents secteurs ?
L’emploi est au cœur de ma feuille de route pour ce quinquennat car il nous faut revaloriser le travail et le retour à l'emploi. Cette préoccupation est constante sur le territoire national comme sur celui de la circonscription. Il faut donc à la fois travailler sur les conditions du retour à l'emploi pour les femmes et les hommes qui en sont privés, et sur les conditions de la création de l'emploi et de l'entreprise dans nos territoires. L'Etat doit garantir un aménagement équilibré du territoire où les besoins des zones rurales sont justement considérées afin répondre aux besoins des habitants et des entreprises. Il doit notamment être garant de la couverture numérique et mobile pour tous qui n'est pas assurée dans trop de communes de la circonscription. Nous devons aussi obtenir la réfection des voies du TER Saintes/Pons/Jonzac/Montendre/Bordeaux, structurant pour le territoire.
• Quel regard portez-vous sur la campagne et les autres candidats ? Pensez-vous que l'élection d'Emmanuel Macron ait déstabilisé le paysage politique traditionnel ?
Cette campagne est inédite. Mais la responsabilité de ce bouleversement n'est pas celle d'Emmanuel Macron, lequel a simplement su que c'était le bon moment pour proposer un autre mode de gouvernance aux Français. La responsabilité de ce bouleversement est celle des appareils politiques traditionnels qui se sont coupés de nos préoccupations, du terrain et de ses réalités.
• Vous êtes une femme de gauche de longue date. Comment le PS peut-il reprendre un nouveau souffle après sa défaite aux Présidentielles derrière le FN et les Républicains ?
Les valeurs socialistes subsistent, fort heureusement, même si celles et ceux qui les portent, les défendent, prennent des voies différentes pour le faire dans le contexte politique particulier que nous connaissons. Il faudra un jour que nous puissions nous retrouver, pour travailler ensemble sur un vrai projet de société, sans sujet tabou, sans dogmatisme, mais avec de l'écoute et du respect. Est-ce que ce sera au sein du PS? Tout dépendra aussi de sa capacité à renouveler ses dirigeants et ses méthodes.
• Votre regard face à l'actuel Gouvernement ?
Je ne ferai aucun procès d'intention à ses membres. Je souhaite simplement qu'ils soient tous là avec la même bonne volonté d'un travail en commun et que les egos soient mis de côté pour avancer.
Je suis particulièrement satisfaite que Nicolas Hulot ait accepté le Ministère de l'Ecologie. Il y a des personnalités de grande qualité et aux compétences indéniables. J'aurais toutefois souhaité que l'équilibre droite/gauche soit mieux respecté dans l'attribution des ministères liés à l'économie...
Je suis très heureuse des nominations de nos ministres de la Culture et du Sport. J'ai une admiration particulière pour Laura Flessel, avec laquelle j'ai eu par le passé à croiser le fer... et je dois bien dire que cet assaut avait été une vraie leçon pour moi ! Pour le reste, j'attends beaucoup des actions et de la prise en compte du débat parlementaire.
• Quels sont les atouts d'un bon député ?
Ça n'étonnera personne si je dis qu'un bon député est un élu de terrain, à l'écoute, qui connaît toute sa circonscription. Il doit aussi participer comme il se doit aux travaux de l'Assemblée Nationale, justement pour porter et défendre, avec ses convictions, les réalités de vie sur les territoires. Un bon député met donc les mains dans le cambouis...
Toutefois, il doit respecter les limites de l'exercice : il doit accepter les règles de la démocratie, c'est à dire la décision majoritaire issue du vote. A défaut de quoi, il fait le jeu des anti-républicains. En résumé : ni godilllot, ni frondeur. J'ajouterai également qu'un bon député sait prendre le recul nécessaire pour appréhender l'intérêt général au delà des intérêts particuliers et que cela vaut également pour toutes les formes de lobbying qu'il subit. Le meilleur rempart à ces pressions reste d'ailleurs le terrain, mais aussi l'évaluation de son action par les électeurs au cours du mandat par une information régulière de son activité.
• Prochaine réunions publiques
- Jeudi 1er juin avec Bernard Lalande à Gémozac (20 h 30, 30 rue Carnot)
- Vendredi 2 juin à Mirambeau (salle de la mairie, 20 h 30)
- mercredi 7 juin à Archiac sur le thème de l'école rurale de demain (20 h 30, salle de la mairie)
- Vendredi 9 juin à Pons à 18 h 30 Auditorium.
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