mardi 30 septembre 2025

Jonzac/Conseil municipal : Claude Belot « A l'avenir, l'énergie produite sur le territoire de la CDCHS équivaudra à une tranche nucléaire du Blayais »

Barbara Lachamp déplore des « comptes-rendus tronqués », Christophe Cabri réagit « je ne te permets pas de dire ça »...


Décidément, la vie locale n'est pas un long fleuve tranquille. Tandis que la paroisse subit les soubresauts d'affaires récentes, la scène publique connaît elle aussi des agitations propres aux campagnes pré-électorales. Ça tombe bien, la désignation du prochain maire se profile à l'horizon 2026. Chaque camp fourbit ses armes et ses arguments... 

Il s'est dit beaucoup de choses intéressantes au conseil municipal lundi dernier. Entre autres, l'essor des entreprises sur Jonzac Airport (Daher, Asman Technology, Grob Aircraft France repris par Helsing), le développement des énergies renouvelables, l'hydroaccumulation (stockage d'eau qui permet de moins utiliser le chauffage urbain le matin quand il y a un gros appel de puissance), le bon rendement du nouveau forage, l'utilisation du gisement solaire de Haute-Saintonge par RTE qui installera des batteries de stockage au pied de chaque poste source. En effet, avec le temps, le stockage s'est amélioré, offrant de véritables opportunités. « A l'avenir, l'énergie produite sur le territoire de la CDCHS équivaudra à une tranche nucléaire du Blayais » estime Claude Belot. Jonzac a le soleil dans le viseur, pourrait-on dire !

Les échanges avec l'opposition, par contre, ont ramené les vaisseaux sur terre. Ainsi, Barbara Lachamp s'est interrogée sur la rédaction des procès-verbaux des conseils municipaux mis en ligne sur le site de la ville (10 avril et 30 septembre 2024). « Comme par hasard, sur certains d'entre eux, manquent les passages concernant les déclarations de l'opposition. Ces comptes-rendus sont en conséquence tronqués » lance-t-elle à Christophe Cabri. Lequel fait part de son étonnement : « je ne te permets pas de dire ça ! ». Il s'en explique dans le communiqué publié ci-dessous.

L'opposition est constituée de Barbara Lachamp, Marie-Christine Nouguès,
Hélène Dubus, Christophe Gadrat
Idem pour le bulletin municipal distribué en août dernier « où l'opposition n'a pas eu droit à la parole ». Cette absence tient à sa date officielle d'enregistrement. Le 1er septembre, Christophe Gadrat a envoyé une lettre au maire annonçant la constitution d'un groupe d'opposition baptisé "Jonzac autrement" ; le 2 septembre, réception du maire de ce courrier avec attribution au nouveau groupe d'une salle à l'étage de l'hôtel de ville pour se réunir. « A ce jour, je constate que vous n'avez pas retiré les clés » s'étonne Christophe Cabri. Barbara Lachamp réagit, rappelant que Christophe Cabri a reconnu verbalement l'existence d'une opposition dès sa démission de son poste d'adjointe et le retrait des délégations à Marie-Christine Nouguès et Hélène Dubus en avril 2024. Le maire n'est pas sur la même longueur d'ondes, mais une chose est sûre, l'opposition pourra s'exprimer dans le prochain bulletin. En l'attente, elle devra faire preuve de patience !

• Bonne nouvelle : grâce aux Led et aux économies qui en résultent, l'éclairage public sera maintenu toute la nuit dans la ville de Jonzac. Une seule abstention, celle de Christophe Gadrat.

• Zone bleue : Des aménagements devraient être faits prochainement suite à la réunion de restitution de juin dernier. Idée à étudier : remettre un macaron aux personnes âgées de 75 ans et plus ayant des difficultés à se déplacer et résidant dans les zones sensibles. 

• Communiqué de Christophe Cabri, maire de Jonzac

« À la suite du conseil municipal du 29 septembre, au cours duquel Mme Lachamp a affirmé que les procès-verbaux mis en ligne sur le site internet de la Ville de Jonzac seraient tronqués, je souhaite apporter des précisions importantes. Après vérification, il apparaît que l’ensemble des comptes rendus des conseils municipaux (document synthétique qui relate les délibérations prises, sans entrer dans les débats détaillés) sont bien publiés sur le site de la Ville, conformément aux dispositions du Code général des collectivités territoriales (article L. 2121-25). Ceci constitue une obligation depuis la loi Engagement et Proximité du 27 décembre 2019, pour les communes de plus de 3 500 habitants, la collectivité se conforme donc strictement à cette obligation légale. En revanche, les procès-verbaux (document détaillé retraçant le déroulement complet de la séance (interventions, débats, votes, etc.) préparés par la secrétaire de séance et approuvés lors de la séance suivante ne font pas l’objet d’une mise en ligne publique, conformément à la réglementation en vigueur. Cependant, face à la gravité des accusations exprimées, et dans un souci constant de transparence à l’égard des Jonzacaises et des Jonzacais, j’ai décidé qu’à compter de ce jour, seront mis en ligne non seulement les comptes rendus des délibérations, mais également les procès-verbaux complets des séances, restituant l’intégralité des débats. Cette décision vise à renforcer encore la clarté et la confiance dans la vie démocratique locale ».


samedi 27 septembre 2025

Montguyon et Port-des-Barques rejoignent le réseau « Villages de Pierres et d’Eau »

En Charente-Maritime se côtoient « la pierre », avec un patrimoine bâti remarquable et typique, et « l’eau » sous des formes variées : océan, fleuve, marais… Le label « Villages de Pierres et d’Eau », créé et porté par le Département de la Charente-Maritime en 2009, distingue les communes où le patrimoine architectural, l’eau et la richesse paysagère forment un ensemble cohérent et vivant. Il vise à protéger, valoriser et transmettre, mais aussi à donner de nouveaux moyens aux communes pour développer un tourisme maîtrisé, respectueux des habitants et des milieux naturels. En ce mois de septembre 2025, Port-des-Barques et Montguyon rejoignent le réseau et portent à 16 le nombre de villages labellisés.

Remise du label à Montguyon (©Dept 17)

à Port les Barques (©Dept 17)
Le réseau des "Villages de Pierres & d’Eau" met en valeur la richesse du patrimoine des petites communes emblématiques du département et permet de tisser des liens entre le littoral et l’intérieur des terres. On y retrouve en effet deux caractéristiques incontournables : des ensembles bâtis remarquables et typiques, ainsi que l’eau sous toutes ses formes : océan, fleuves, marais, sources, étangs…

Le réseau des "Villages de Pierres et d’Eau" permet de découvrir ou de revisiter d’une façon originale le département tout en parcourant les sites d’Ars-en-Ré, l’île d’Aix, Brouage, Clion-sur-Seugne, Crazannes, La Flotte, Loix, Montguyon, Mornac-sur-Seudre, Mortagne-sur-Gironde, Port-d’Envaux, Port-des-Barques, Saint- Sauvant, Saint-Savinien, Saint-Trojan-les-Bains, Talmont-sur-Gironde.

"Villages de Pierres et d’Eau", c’est…

Un village de moins de 3 000 habitants, riche d'un ensemble architectural de qualité, représentatif du département de la Charente- Maritime, situé à proximité d'une ressource en eau, et dynamique sur le plan touristique. Pour obtenir ce label, les communes ont dû déposer un dossier de candidature et justifier des conditions d’éligibilité concernant l’ensemble architectural avec un élément aquatique à moins de 300 mètres. Elles doivent valider des engagements urbains, paysagers, assurer de la restauration, ou encore l’accueil touristique. Le dossier est soumis à l’approbation technique d’évaluation composée du Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement (CAUE) et celui de l’Environnement et Architecte des Bâtiments de France.

En recevant ce label, les communes s’engagent à entretenir leur patrimoine bâti en restant fidèles à l’esprit du lieu, à protéger les paysages côtiers et à poursuivre leur sensibilisation auprès du grand public.

Grâce à ce label, les villages bénéficient d’un accompagnement du Département pour préserver le bâti ancien, restaurer et mettre en valeur les espaces publics, mais également d’une meilleure visibilité touristique au sein d’un réseau reconnu (mise en place de parcours découverte, signalétique et animations).

vendredi 26 septembre 2025

Saintes/Société archéologique : « Cartographie d’Aunis et Saintonge, 2000 ans de représentations »

La Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime vous invite à sa prochaine conférence intitulée « Cartographie d’Aunis et Saintonge, 2000 ans de représentations », avec Thierry Bouyer, géomètre retraité, passionné de cartographie. Rendez-vous vendredi 17 octobre à 18h30, à l’auditorium de la salle Saintonge, rue Chapsal à Saintes


Cette conférence présente une aventure cartographique de 2000 ans en 22 cartes. D’abord les cartes sont très grossières, tirant leurs exécutions des astronomes, des informations des voyageurs et des interprétations d’artistes peintres. Après un Moyen-âge perturbé, au début de la Renaissance, sont découvertes des cartes antiques présentées dans des atlas. On ne s’intéresse pas encore aux provinces, mais à la France. Puis viennent les cartes régionales avec leurs différents découpages des institutions, pour en venir aux cartes thématiques religieuses, politiques et administratives. La présentation est accompagnée d’une vidéo projection montrant les cartes dans leur intégralité et permettant de zoomer sur les détails.

Le conférencier Thierry Bouyer est un géomètre retraité, passionné de cartographie et admiratif devant les réalisations de ces cartographes qui, avec les moyens de leurs époques respectives, ont su accomplir ces travaux colossaux d’interprétation de nos provinces.

L’auteur présentera son ouvrage de 84 pages dans lesquelles on découvre 32 cartes couvrant 2000 ans de cartographie.

Jonzac : Le Moyen-âge, une valeur sûre des journées du patrimoine !

Enorme succès samedi et dimanche pour les journées du patrimoine ! Châtelet restauré, à toi de manier l'épée ! 

Les animations étaient nombreuses autour du campement médiéval, sur la place du château, avec les compagnies Au Grès des Armes, Angoulême Behourd et les Emprunteurs de temps. S'y ajoutaient le marché, la visite du jardin médiéval, la forge, une déambulation avec l’ensemble musical Soñj, la prise du château (spectacle haut en couleurs), un défilé de mode médiéval, des artisans d'art dans la rue de Champagnac (Point de Bayeux, le tissage aux cartes et baltique, la toison au fil), sans oublier des concerts, conférence, ouverture du jardin de la sous-préfecture, des expos (archives, cloître des carmes, Micro-Folies), la déambulation de Chris le Jongleur, la découverte du château par l'office de tourisme, les ateliers de la Corderie, de Pierrot la Lune, artisan verrier, une parade de véhicules anciens, voitures et motos avec les Cagouillards casqués, etc. Bref, des beaux moments en hommage à l'architecte et à l'histoire ! 

Combat entre preux chevaliers

La forge

• Défilé de mode (XVe siècle)

Avec hennin s'il vous plaît !
Très élégant !
La dame de Jonzac

Comédiens participant à la prise du château
Métiers d'art
Une bonne soupe chère à Gil Pras !
Le jardin médiéval : Romane, Jocelyne et Christophe

mercredi 24 septembre 2025

Montendre/Gisèle Mérillac : Une femme courageuse et engagée nous a quittés

Gisèle Mérillac s'est éteinte lundi soir à la maison de retraite de Montguyon à l'âge de 94 ans. Ses obsèques seront célébrées en l'église de Montendre par le père Bergson vendredi 26 septembre à 14 h 30. Nous adressons nos sincères condoléances à sa famille.

Boulangère durant des décennies dans la cité des pins, elle s’était largement investie dans la paroisse. Il y a quelques années, nous avions évoqué avec elle ses souvenirs de jeunesse à Clérac, sa commune natale.

Aux côtés de Gisèle, son frère Michel, prêtre ouvrier
de la Mission de France, décédé en 2023

Portrait publié en décembre 2020

Gisèle n’est pas du style à baisser les bras. Le Covid-19, elle y fait face comme les autres en respectant les gestes barrières. Douillettement blottie dans son fauteuil aux côtés de son frère cadet Michel, prêtre ouvrier de la Mission de France, cette travailleuse infatigable coule des jours paisibles dans la cité des pins. Active, elle l’a été et le restera. 

- « Vous souhaitez que je parle de mon enfance à Clérac pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi pas ? » dit-elle avec un sourire. Et d’ajouter avec son franc-parler, répondant à ceux qui comparent la période Covid à un épisode de guerre : « on voit bien que ceux qui utilisent ce terme n’étaient pas là dans les années 40 ! ». 

Née en 1931 à Clérac, Gisèle Grolleaud est l'aînée de quatre enfants, un frère et deux sœurs. Ses parents, Anatole et Marguerite possèdent une exploitation agricole au Grand Village. En 1939, elle a 8 ans. « Nous autres, enfants de la campagne, n’avions pas vraiment conscience que l’Allemagne nous avait déclaré la guerre. Papa avait été appelé. Il est resté une semaine à La Rochelle avant de revenir auprès de nous car il était soutien de famille. Nous étions soulagés de le retrouver car son départ nous avait grandement attristés. La vie a continué, l’école, les jeux avec les voisins et l’aide apportée aux parents dans les vignes, pour les foins, le linge lavé à la fontaine. Nous étions également chargés de garder les vaches. Parfois, on les faisait paître le long des fossés. Il y avait moins de voitures qu’aujourd’hui ! Personnellement je voulais être couturière et je regardais souvent ce que faisait le tailleur de Clérac près de l’église, nids d’abeille, smocks. Mes ambitions se sont arrêtées là car l’argent manquait pour financer mes études après le certificat ». 

« Chacun se débrouillait comme il pouvait, on faisait du troc »

La période est compliquée. Dans ce contexte de pénurie qui place de nombreux Français dans une grande précarité, la ferme présente un avantage. Elle produit suffisamment de nourriture - le lait des vaches, la viande du cochon, les volailles, les œufs - pour offrir une certaine indépendance. Le broyage des noix permet d’obtenir de l’huile. Pour le chauffage, le bois de la forêt alimente les cheminées. « Nous n’avons jamais souffert de la faim, mais nous étions habitués à peu. Seul mon père, qui se livrait à un travail de force, avait besoin d’une bonne ration de pain, les tickets ne suffisant pas. En conséquence, il a acheté un concasseur qui nous a permis de faire notre propre farine ». 

Lorsqu’il grandit avec la guerre, l’enfant est sensible à son environnement et s’adapte. « Pour le 14 juillet, des courses au sac étaient organisées et ce rendez-vous nous amusait. Les aînés se souciaient peu de nos loisirs et nous ramenaient aux réalités de la vie quotidienne comme rentrer les gerbes de foin. Ils avaient besoin de nous et pas question de rechigner ! Nous n’avions pas de télé et encore moins de téléphone. Les infos nous étaient apportées par le journal et la radio. Personne ne se plaignait. Compte-tenu de la dureté des temps, régnait une véritable solidarité. Les villageois s’entraidaient. Nous pensions à ceux qui étaient sur le front, aux prisonniers pour qui nous réalisions des colis et bien sûr, à l’église, nous faisions des prières à leur intention. Quand les gens de la ville arrivaient dans les hameaux pour acheter des victuailles, on faisait du troc, du tissu par exemple ou des objets qu’on ne trouvait pas sur place. Par ailleurs, nous vendions les peaux de lapin à des marchands ambulants ». 

Elle évoque des moments qui ont marqué son esprit : « le soir, au retour des veillées, nous n’étions pas tranquilles en raison du couvre-feu. La Kommandantur se trouvait au château de Clérac.  Au moindre bruit sur la route, on se cachait dans le fossé. Une fois, je me souviens que ma tante, qui rentrait à bicyclette, avait heurté une vache qu’elle n’avait pas vue en raison de la nuit noire. Deux hommes emmenaient la bête pour l’abattre clandestinement. Il y avait aussi des bals clandestins. Pour un 1er de l’An, deux jeunes gens ont tambouriné à la porte de la maison, attirés par la lumière. Quand il ont vu l’Abbé Chauvin en soutane assis à la table, ils ont réalisé qu’ils s’étaient trompés de lieu. Par contre, la vue de mes cousines a semblé leur plaire ! ». 

« Durant la guerre, des amitiés se sont liées entre citadins et ruraux »

Pour les grandes occasions, la famille se rend à Bordeaux. Gisèle vient d’avoir son certificat d’études et elle accompagne son père dans la capitale girondine. Cette sortie est joyeuse car les occasions sont rares ! Dewachter est le grand magasin de vêtements de la rue Sainte-Catherine. Contre des œufs et de la farine, la famille fait des emplettes. « A cette époque, des amitiés se sont liées entre des citadins qui n’avaient rien à manger et des ruraux comme nous qui pouvaient les aider ». Au retour, il n’y a plus de place dans le car. Comment rentrer à Clérac ? « Mon père a demandé à une voisine qui avait la chance d’avoir un siège de prévenir ma mère de notre retard. Nous sommes allés vers le Pont de Pierre où un camion allant vers chez nous a accepté de nous emmener. Il nous a déposés à Simonneau, à 4,5 km de la maison. Nous n’étions pas les seuls à rentrer à pied ! Nous sommes arrivés en plein drame. Le voisin venait de se suicider dans son puits et ma mère avait été obligée de tirer la corde avec les gendarmes pour sortir le corps. Elle était bouleversée ». 

Parmi les personnes qui surgissent de la mémoire de Gisèle, figurent le docteur Péry de Cercoux qui effectuait ses visites à vélo ainsi que l’abbé Denis, curé qui parcourait des kilomètres lui aussi à bicyclette (les roues du vélo étaient remplies de bouchons). « C’était un saint homme, d’une belle intelligence et féru d’archéologie. Il a fait des découvertes dans la région »

L’engagement chrétien de Gisèle ne date pas d’aujourd’hui. La première communion où les adolescentes, vêtues de tulle et de dentelle, ressemblaient à des mariées était une cérémonie importante. « Ces robes magnifiques étaient pieusement conservées. La mienne, que ma grand-mère m’avait offerte, a servi huit fois ». A cette époque, ils étaient entre 30 et 40 chaque année à faire leur profession de foi. A l’église, son père jouait de l’harmonium et Gisèle, initiée à cet instrument, chantait « comme un pinson qui pinsonne » plaisantait l’Abbé Denis. « Nous aimons le chant dans la famille et plus largement la vie artistique. J’ai une nièce qui est danseuse professionnelle et un neveu compositeur ». 

La guerre avançant, les nouvelles du front parviennent dans les foyers. Des prisonniers commencent à parler des camps de concentration et la résistance s’organise. « Le grand-père d’une copine d’école a été interpellé. Ses deux fils se sont dénoncés à sa place et ils ont été internés dans des camps » souligne Gisèle. « Comment oublier la libération de la poche de Royan ? » ajoute son frère qui fréquente alors le Séminaire de Saintes : « Il se trouve que la Charente avait débordé et l’eau formait une sorte de lac. Un pilote allié a survolé Saintes et j’ai appris par la suite qu’il s’apprêtait à y lâcher des bombes, pensant se trouver sur la côte »… Durant la même période, des forteresses volantes américaines sont abattues du côté d’Expiremont et de Montlieu La Garde. Les soldats survivants sont pris en charge par les différents réseaux. 

La paix enfin revenue, Gisèle a la vie devant elle. Elle devient Mme Mérillac et travaille avec son époux boulanger. Le couple s’installe à Montendre en 1965. Les journées sont bien remplies entre l’accueil de la clientèle et les tournées de pain. En résulte un important tissu relationnel. Rejoindre la paroisse, une fois la retraite venue, était pour elle une évidence. Elle en est devenue l’un des piliers, assurant la catéchèse pendant 27 ans et assumant moult fonctions auprès des prêtres successifs. Durant de nombreuses années, elle a animé un atelier de couture, donnant des conseils dans cette discipline qui l’a toujours attirée. 

La boulangerie Mérillac à Montendre dans les années 1970 : Gisèle aux côtés
de son mari Hubert et sa fille Sylvie

« Durant la guerre, se sont créés des liens et de véritables amitiés. Certaines personnes que nous avons aidées sont toujours en contact avec nous. Malgré le temps et la distance » conclut-elle avec un optimisme qui ne la quitte pas malgré les épreuves endurées. 

mardi 23 septembre 2025

Saint-Sigismond de Clermont/L'abbaye : le clou de la Tenaille ! Affluence pour les Journées du Patrimoine

Patrimoine en péril abandonné pendant de longues années, l'abbaye et le château de la Tenaille, situés sur la commune de Saint Sigismond de Clermont, s'apprêtent à tourner une page grâce à un acquéreur de la région qui souhaite redonner à ce site renommé le renouveau qu'il mérite. Pour les journées du patrimoine, le public est venu nombreux découvrir ces lieux qu'entourent champs et bois. Lors de conférences organisées samedi et dimanche, l'historien Marc Seguin a rappelé le riche passé de l'abbaye qui possédait à son origine l'un des clous de la croix du Christ. Objet de vénération qui attirait, comme on s'en doute, moult fidèles... 

L'abbaye : le clou de La Tenaille !

Comme le souligne Charles Connoué « ce monastère a été fondé en 1137 par Guillaume de Conchamps, auquel on doit également l'Abbaye de Fontdouce, près de Saint-Bris-des-Bois, établissement bénédictin également ». Il est érigé au lieu-dit La Tenaille. Nous nous situons au XIle siècle, période de prospérité encore accentuée au XIIIe dont portent témoignage les églises romanes de la région.

Cette abbaye était assez riche, mais pauvre en prieurés, à l'exception d'un minuscule, Bourdenne (Clion sur Seugne) et de sa domination sur les églises voisines de Saint-Sigismond et de Saint-Genis. Outre des terres proches, elle avait la chance de posséder des marais salants et l'exploitation agricole de « l'île d'Erablais » à proximité d'Hiers (Brouage). Ces salines, qui avaient été données par le seigneur de Broue, étaient la cause de différends avec la puissante Abbesse de Saintes. Les moines disaient exploiter « à leur main » ces propriétés d'un bon rapport.

La Tenaille détenait une relique exceptionnelle, le « saint Clou », l'un des clous de la croix du Christ, sans doute arrivé dans le flot des reliques pillées à Byzance lors du saccage de 1204 par les Croisés (le rapprochement se fit spontanément avec la Tenaille !) Ce saint-Clou bénéficiait d'une large renommée puisque, jusqu'au milieu du XVIe siècle, le parlement de Bordeaux envoyait des plaideurs y prêter serment ; il était l'occasion de pèlerinages et il est probable que de puissants personnages demandèrent à être inhumés au plus près. Rainguet y avait vu « une quantité de tombeaux ». 

Au sommet, le clou et la tenaille, symboles de l'abbaye
En 1354, alors qu'un quart de la population européenne vient de mourir de la peste, l'abbaye recevait le testament de Pernelle de Mosnac, dame de Jonzac, qui accordait 125 livres (somme alors fabuleuse) à l'abbaye pour acheter une rente et fonder des messes hebdomadaires, à perpétuité.

Autre particularité : l'abbaye se trouvait sur le « Grand Chemin de Saint-Jacques » qui conduisait les pèlerins vers la Galice, mais était aussi l'un des axes nord-sud allant de Poitiers vers Blaye-Bordeaux (l'actuelle N 137 a été déplacée vers l'ouest). La Tenaille contrôlait cet itinéraire majeur à partir de son ermitage-chapelle de Recroze (5 km après l'Hôpital de Pons) jusqu'à Petit-Niort, en passant par la Bergerie (qui veut dire "hébergement" et non abri à moutons !). On trouvait-là un « hôpital de St Jacques du Chemin », puis un autre « hôpital Notre-Dame du Chemin en Mirambeau ». En 1791, il y avait encore une chapelle à La Bergerie. vendue comme bien national et démolie.

La belle époque fut le XIIIe siècle, le temps du gothique et du rayonnement français. La Tenaille bénéficiait de protections prestigieuses : « deux actes de concession, l'un de l'an 1214, de Léonor, reine d'Angleterre, duchesse de Normandie et de Guyenne, et le second, de l'an 1265, de Jean, roi d'Angleterre, duc de Normandie et de Guyenne. Les seigneurs de Mirambeau ne se montraient pas indifférents avec « une donation de l'année 1294 avec permission d'exploiter des landes pour le four banal de Saint-Sigismond ». Pendant la guerre de Cent-Ans (1337-1452), l'abbaye se situait à l'intérieur de la zone « frontière » qui séparait les adversaires, lesquels, en principe, n'attaquaient pas les ecclésiastiques. Ses revenus furent affectés par le conflit. En 1401, on déplorait « pauvreté et calamité ».

A partir de la Trève de Tours (1444), les abbés s'employèrent à repeupler leurs domaines avec les immigrants qui arrivaient d'Anjou et du Poitou ; ils renonçaient à exploiter directement leurs marais salants, mais étendaient leur emprise vers la Seugne, ses affluents et leurs moulins. Un exemple : la baillette du 17 janvier 1470 « du moulin d'Isaac à Clion de 2 journaux de terre, verger et vergnée faite par les abbé et religieux à Pierre et Jacques Marsaud, au devoir de 30 quartières de blé froment, 2 gélines, une oie grasse et un gâteau le jour de l'Epiphanie ». La violence était alors quotidienne avec les seigneurs du voisinage, par exemple en 1467 avec Guy de Pons à cause de la « palu » de Saint-Paul à Clion. Le dénombrement rendu en 1539, à un moment où le fisc était agressif, montre un établissement assez riche, mais qui souffrait, comme tous les autres, du fait que la vie religieuse contemplative n'attirait plus.

Marc Seguin, historien

La troisième guerre de Religion (1568-1570) fut fatale à toutes les abbayes locales (sauf l'Abbaye aux Dames) à ceci près que Jean de Pons, seigneur de Plassac, un chef huguenot, la joignit à ses propriétés. Là comme ailleurs, l'automne 1568 vit la destruction d'une partie des bâtiments (dont le fronton, plus tard restauré par les Jésuites). Connoué écrit que des moines furent tués en 1582, ce qui n'est pas assuré car cela correspond à une séquence de paix.

Un très grand personnage, le Duc d'Epernon (Jean-Louis de Nogaret de La Valette 1554-1642), acquit Plassac et donna l'abbaye au collège de Jésuites de Saintes dont l'objectif était de dispenser un enseignement de qualité et ramener les élites au catholicisme. Louis XIII accepta, les 12 novembre et 7 décembre 1615, après l'accord de Rome du 3 août 1615. L'abbaye devenait domaine de rapport ; il fallut des années de procès et de poursuites pour rentrer en possession d'une partie des biens usurpés par les Protestants et les voisins.

En 1650, le catalogue des abbayes et prieurés conventuels de l'ordre de Saint-Benoît situés dans le diocèse de Saintes et de leurs dépendances énumérait huit abbayes (sans compter l'Abbaye-aux-Dames de Saintes), plaçant La Tenaille en cinquième position : « maintenant possédée par les pères Jésuites qui ont supprimé tous les offices, il n'y a à présent aucun moine ». Il y avait jadis « le prieur claustral, le sacristain, le cellerier, l'hostelier et l'infirmier ». 

En 1762, l'expulsion des Jésuites fit que l'ensemble fut confié à la Congrégation de Saint-Maur.

Magnifique dôme
Confisqué à la Révolution, le domaine devint bien national et comme tel vendu aux enchères le 21 décembre 1793. Le temps passant, l'abbaye entre dans une période de solitude. Le regard désolé et nostalgique que porte Pierre-Damien Rainguet sur la situation vers 1864 est révélateur : « les fenêtres, dépourvues de leurs verrières, donnent maintenant accès à une colonie de pigeons qui gémissent au milieu des ruines du temple d'où, jadis, s'élevaient, pour le ciel, des hommages pieux et des chants graves et solennels ».

Dimanche, concert avec Sylvain Meillan, violoncelle

Le château date probablement du XIX siècle

« Une fort belle maison de maître » et sa suite de « bâtiments de servitudes, de promenades, jardins potager et fruitier, parterre, pièce d'eau », avec une maison pour le « colon » et une centaine d'hectares de terres, telle se présentait la propriété de la Tenaille en 1832, au moment où elle était adjugée devant le tribunal de Jonzac.

L'intérieur n'était pas moins luxueux avec sa tapisserie de laine du salon, un grand lit de « taffetas cramoisi », des tableaux et trois statues dans l'escalier.

Bel ensemble
Parfois attribué au XVIIIe siècle finissant, le château date plus sûrement du début du XIXe siècle, le domaine ayant été vendu en 1793 à Armand-Bernard de La Barre, époux d'Elisabeth Mersier dont la famille avait des possessions à Saint-Domingue.

L'époque révolutionnaire n'était guère favorable aux belles constructions. La documentation connue s'avère assez pauvre ; heureusement, nous avons la ressource de nous appuyer sur l'indispensable travail de Frédéric Chassebœuf, le meilleur spécialiste dans ce domaine, et le mieux informé.

Sans doute cette construction, modifiée par la suite, est-elle l'œuvre de la famille de La Barre pour l'essentiel sous la Restauration. On a du mal à imaginer décor plus conforme à l'idéologie dominante des années qui suivirent la chute de l'Empire, ce temps du « mal du siècle », soumis à l'emprise du Romantisme hérité de la fin du XVIIIe siècle, issu d'Europe du Nord et répandu en France par Châteaubriand, Lamartine et de leurs semblables. Les admirateurs d'un Moyen-Age redécouvert et fantasmé n'auraient pu rêver site plus idéal : ériger un château en pleine nature, avec son parc, son étang, sa forêt, et, surtout, à l'arrière, les ruines et le cimetière de son abbaye... Au moment où Walter Scott écrivait son célèbre roman historique Ivanhoé (1819), il n'était pas déraisonnable d'imaginer une jeune fille, tout de blanc vêtue, en train de déclamer, au clair de lune, des vers des poèmes d'Ossian, venus d'Ecosse ou d'autres importés d'Allemagne ? Quand on ne les possédait pas, on n'hésitait pas à dresser de pseudo-ruines moyenâgeuses pour venir, la nuit, s'y asseoir et rêver, méditer sur la condition humaine et l'inexorable fuite du temps. A La Tenaille, nul besoin d'innover : tout cela existait !

Mais le XIXe siècle fut aussi celui de « propriétaires » plus réalistes que les jeunes gens, de ceux qui avaient la chance d'exploiter de vastes domaines et de diriger de nombreux domestiques. C'était une époque où tout coûtait cher, sauf le travail manuel. La Tenaille était dans ce cas ; les Jésuites n'en profitaient plus, mais une famille de la classe triomphante : la bourgeoisie intégrée à l'ancienne aristocratie, vraie ou fausse. On ne s'était pas contenté d'y construire un château, on avait aussi soigné les bâtiments agricoles qui affichaient pareillement la réussite des possédants, en particulier une vaste grange et son fronton où sont représentés les outils aux ruraux de la Monarchie de Juillet ou du Second Empire. Il ne faut pas omettre les compléments considérés comme secondaires, en particulier une « basse-cour » exceptionnelle qui conserve ses boulins de terre cuite destinés à abriter les pigeons car on se souvenait que leur élevage était un privilège cher à l'ancienne noblesse.

Bon exemple de l'architecture de la Restauration, le château, conçu tout en longueur, présente deux façades à peu près identiques, de part et d'autre d'un avant-corps central d'une travée couronnée par un fronton triangulaire. La façade de ce corps de logis était, écrit Frédéric Chassebœuf, « accompagnée en 1832 par de vastes parterres ainsi qu'un miroir d'eau rond pourvu au centre d'une petite île et alimenté par le Tort ».

En 1832, l'ensemble fut adjugé à Alexis-Jules-Charles Martin de Bonsonge (1813-1888), marié à Catherine-Célestine Baynaud de Langlardie (1813-1896), bon exemple de l'aristocratie rurale saintongeaise pendant la période faste du Second Empire (le traité de libre-échange avec l'Angleterre et le cognac !). La Tenaille appartint ensuite à leur petite-fille, Marie-Thérèse de Fleury qui épousa à Saintes, en 1894, le comte Edmond Lunet de la Jonquière (1861-1933), officier dans un régiment d'infanterie de Marine dont l'essentiel de la carrière se déroula sans doute en Afrique et en Indochine.

Le château a subi des modifications au cours de la Belle Epoque avec l'addition d'une aile en retour d'équerre sur la cour, de balustres masquant la toiture et de guirlandes végétales. On respectait l'air du temps, pour la dernière fois...


Lors du recensement de 1851, juste avant la période si faste du Second Empire, au moment où la population rurale saintongeaise atteignit son maximum, le domaine de La Tenaille abritait 10 personnes : les propriétaires Jules de Bensonge (45 ans) et Raymonde Langlardie (42 ans), son épouse ; 4 domestiques: Jean Morillet (42 ans), Jacques Doublet (31 ans), Jacques Charles (14 ans) et Jacques Basil (14 ans) ; 4 servantes: Anne Rousseau (53 ans), Jeannet Perraud (31 ans), Julie Ménard (25 ans), Françoise Calier (25 ans). 

Balade en carriole pour les journées du patrimoine

jeudi 18 septembre 2025

La paroisse de Montendre s'agrandit ! Première messe célébrée à Châtenet le 20 septembre

 Cinq nouveaux clochers pour le Père Bergson, curé de Montendre

La paroisse de Montendre s’agrandit avec cinq nouveaux clochers situés anciennement sur le secteur de Montlieu : Chepniers, Châtenet, Polignac, Mérignac, Le Pin. Le Père Bergson dira une messe dans l'une de ces nouvelles paroisses une fois par mois. 

Samedi 20 septembre à 18 h, une cérémonie sera célébrée en l'église de Châtenet par le Père Bergson, avec verre de l'amitié en clôture. Venez nombreux.

• Retour en photos de la cérémonie saluant la fin des travaux de l'église de Montendre et de la place en août dernier. Vin d'honneur servi en présence des élus du conseil municipal (photos Clémentine Bodet)

Cérémonie célébrée par le Père Bergson et le doyen, le Père Camille Coly

Le verre de l'amitié sur le parvis

Châtenet : Historique de l'église Saint-Symphorien (site diocèse de La Rochelle)


Implantée sur une déclivité de terrain, l’église de Chatenet est toujours entourée de son cimetière. Cette église remonte au XIIe siècle. Profondément mutilée, elle fut modifiée et restaurée successivement aux XVe, XVII et XIXe siècles. La façade romane a été reconstruite dans les parties hautes lors de ces campagnes de travaux. Le registre inférieur comprend un portail bas et large à quatre voussures nues, flanqué de deux baies aveugles aux cintres très surélevés. L’ensemble de ces arcs est porté par des colonnes à petits chapiteaux. Le registre supérieur terminé par un haut pignon pentu est juste percé d’une petite baie étroite axée portant sur l’arc en plein cintre les dates de reconstruction de 1665 et 1897. Le mur gothique du chevet est très élevé. Il paraît d’autant plus haut qu’il est accentué par un pignon très pentu bordé de rives à crochets. Il est percé dans son axe d’une large baie en arc brisé dont le remplage a disparu. A la base du clocher située à la croisée, s’ouvre sur le côté nord entre deux contreforts une petite porte renaissance finement moulurée et surmontée d’un blason compris dans un arc en accolade.

P.D. Rainguet signale qu’une pierre du clocher porte une inscription: « ANNO 1686, EXTINCTA EST HAERESIS », fin de l’hérésie dans la région.

L’intérieur de l’église, entièrement refait en 1897, est un ensemble étroit et de volume assez haut. Le chœur, comme la travée sous clocher, ont des voûtes sur croisée d’ogives supportées par des colonnes flamboyantes. Près des marches de l’autel, un escalier mène à une crypte-chapelle d’apparence très archaïque. C’est une longue salle basse voûtée en berceau sans ornementation. Côté sud, un trou s’enfonce dans le sol. D’après C. Connoué, il s’agirait d’un ancien puits ou de l’orifice d’un souterrain. Souterrain décrit dans le « Recueil de la Commission des Arts et des Monuments de la Charente Inférieure », qui s’étendrait jusque sous le presbytère et dont l'entrée obstruée aurait été sous le mur du cimetière.