550 baigneurs évacués,
quatre personnes hospitalisées
Mercredi après-midi, seize personnes, baigneurs et personnel, se trouvant dans la partie lagon des Antilles, ont été victimes de malaises. Quatre d’entre elles ont été hospitalisées. Quelle est l’origine de ce « phénomène » ? Des analyses sont en cours.
Mercredi 15 août, jour férié. Chouette, on va s’amuser aux Antilles ! Il y a donc affluence au centre aquatique de Jonzac où les baigneurs se pressent dans les bassins. Soudain, ce qui devait être un agréable moment de détente se transforme en mauvais rêve.
Il flotte dans l’air une drôle d‘odeur d’ammoniac. Certains, dont des baigneurs, des maîtres nageurs et du personnel, commencent à souffrir de la tête. Ils ont les yeux qui pleurent et envie de vomir. Le phénomène se produit dans la partie lagon, celle qui accueille généralement un large public.
Le lagon des Antilles
Devant cette situation préoccupante, le responsable du site prévient aussitôt les sapeurs-pompiers qui décident l’évacuation. Entre 15 h et 16 h, quelque 550 personnes se retrouvent ainsi sur la plage, à l’extérieur de l’établissement. La partie remise en forme, quant à elle, n’est pas touchée.Sur les seize victimes présentant des symptômes, deux enfants, fragiles des bronches, sont transférés au service pédiatrique de l’hôpital de Saintes tandis que deux maîtres-nageurs sont transportés au CH de Jonzac. Six personnes se rendent d’elles-mêmes aux urgences et six autres sont examinées sur place par un médecin. « Toutes ont pu rentrer chez elles dans la soirée, leur état de santé étant devenu rassurant. Quant aux baigneurs retenus sur la plage, ils ont regagné le lagon qui a rouvert ses portes de 16 h 15 à 19 h, avec une surveillance accrue des maîtres nageurs et des sapeurs-pompiers » souligne Karine Wilfart, directrice des services de la CDCHS. Et personne n’a été malade. Le problème était donc « évacué ».
Une curieuse odeur d’ammoniac
Les baigneurs auraient donc inhalé « quelque chose » qui les a incommodés. Des analyses ont été effectuées. Dans un premier temps, on a cru que ces malaises pouvaient être liés à des émanations de chlore. « Il n’en est rien, des concentrations de gaz ou de chlore n’ont pas été relevées » remarque Jean-Michel Rapiteau. « Les analyses de l’air sont négatives. D’autres analyses, plus approfondies, sont en cours dans un laboratoire bordelais. Des prélèvements ont été réalisés au niveau du local technique et du lagon » précise le lieutenant Benjamin Belleuvre, adjoint au chef du centre de secours de Jonzac.
Des analyses supplémentaires, plus approfondies, sont en cours dans un laboratoire bordelais
Un problème technique est venu se greffer à l’affaire. Il concerne le bassin sportif dit à débordement car il recrée le mouvement des vagues. On s’est aperçu qu’une ligne d’eau (qui sert à délimiter le canal où évoluent les nageurs) avait été aspirée par l’un des trous d’évacuation des eaux (reprise de goulotte), aucune grille ne protégeant ces orifices des éventuels « intrus ». C’est ainsi qu’on y a retrouvé la fameuse ligne d’eau, mais également des bonnets de bain.
Conséquence, ces objets ont bloqué la vanne qui alimente les pompes et la filtration ne s’est plus faite. Le chlore manquait également. La société Dalkia, chargée de la maintenance, est donc venue faire le nécessaire (du chlore liquide a été utilisé) et le bassin sportif a été fermé pour réaliser ces opérations.
Voilà les objets qui empêchaient la filtration : une ligne d’eau (carrément !) et des bonnets de bain. Ils sont entrés dans l’un des trous d’évacuation des eaux qui entourent le bassin sportif.
Mais les odeurs d’ammoniac, direz-vous ? Dès mardi soir, les femmes de ménage auraient présenté des maux de tête, mais elles n’auraient pas prévenu la direction. Mercredi après-midi, les troubles seraient-ils dûs à une combinaison incluant une forte chaleur (le temps était orageux), le manque d’air (les baies étaient fermées en raison du vent) créant une atmosphère pesante ? Faut-il y ajouter les vapeurs des produits d’entretien servant au nettoyage (les détergents contiennent de l’ammoniac) mêlées aux odeurs de chlore ? Interrogés, les personnels d’entretien ont toutefois déclaré ne rien avoir changé dans leur façon de travailler, ni dans les produits, ni dans les doses employées.
Sur place, Jean-Michel Rapiteau, vice-président de la Communauté de Communes de Haute Saintonge et Christian Balout, adjoint au maire de Jonzac
Avec les sapeurs-pompiers, Jean-Michel Rapiteau, vice-président de la Communauté de Communes, Patrice Maisonniaud, directeur du complexe et Christian Balout, adjoint au maire de Jonzac recherchent activement les causes de ces désagréments. Jeudi matin, la partie remise en forme a ouvert ses portes normalement et le lagon devait suivre.Si les choses sont rentrées dans l’ordre, la vigilance est mère de sûreté : « les évacuations sur la plage correspondaient au principe de précaution. De larges moyens ont été déployés. Nous avons eu une forte mobilisation, il n’était pas question de faire courir le moindre risque à la clientèle ».
Tous les centres aquatiques sont un jour exposés à ce type d’incident et l‘on sait que les bactéries ont le chic pour s’inviter là où on ne les attend pas. Dans le cas de Jonzac, on en saura davantage quand les compléments d’analyses seront parvenus. Toutes les victimes sont rentrées chez elles, ce qui est plutôt rassurant. Plus de peur que de mal, semble-t-il, mais quel brouhaha...
• En décembre 2011, le bassin de remise en forme s’était entièrement vidé dans le local technique. 800 mètres cubes d’eau avaient noyé les pompes et le matériel servant à la filtration de l’eau et à la ventilation du site. Conséquence : deux jours de fermeture totale.
• Au total, une dizaine de gendarmes, trois médecins du Smur, deux médecins pompiers, un infirmier et 35 sapeurs pompiers étaient mobilisés mercredi dernier. Les renforts sont venus de Saintes, Pons, Archiac, Mirambeau, Montguyon, Royan et La Rochelle.
• Le lagon et le bassin sportif ont rouvert normalement vendredi 17 août.