mardi 1 juillet 2025

Jonzac/Bilan du stationnement de la zone bleue : Ecoute ce disque et il te dira...

La zone bleue remise en cause places de l'église et du marché ?

Les arrêts minute vont-ils passer de 10 à 30 minutes ? 

Comment partager l'espace public entre commerçants, clients et résidents ?

Réactivée par Christophe Cabri pour dynamiser le commerce de Jonzac, la zone bleue en centre ville (stationnement réglementé non payant) a débuté en novembre 2024, avec une période de sensibilisation, pour être effective en janvier 2025. Le maire, Christophe Cabri, avait annoncé un premier bilan fin juin. Il a tenu sa promesse en organisant une réunion lundi 30 juin aux côtés de Ludovic Chaleroux, directeur IDcité intervenant dans le cadre de Petites Villes de Demain, réseau auquel appartient Jonzac. Pour info, rappelons que la zone bleue est active tous les jours sauf les dimanches et jours fériés de 10 h à 18 h pour les places limitées à 2 heures et de 8 h à 19 h pour les « arrêts de 10 minutes »

Effective depuis 1984, la zone bleue n'est pas une nouveauté. Elle a été appliquée sur une courte durée avant d'être ignorée, selon le souhait du maire de l'époque Claude Belot. La période était alors plus propice à l'activité commerciale, les magasins étant nombreux en centre ville. Christophe Cabri, premier magistrat depuis 2020, n'est pas dans ce cas de figure. Jonzac, comme tant d'autres villes de France, souffre de la disparition de commerces en son bourg. Les causes sont généralement liées à la concurrence. La façon de consommer a changé avec l'essor des ventes en ligne sur internet et des grandes surfaces en pleine expansion. Devant le nombre de vitrines vides rue de Verdun par exemple, on mesure l'ampleur du phénomène. 

Que Christophe Cabri cherche à aider les boutiques ayant résisté à la vague relève du bon sens. Le client doit se sentir à l'aise, d'où la démarche entreprise en 2024 avec la réactivation de la zone bleue : « l’objectif est de mieux accéder au centre-ville et d’améliorer les déplacements du quotidien dans le cadre du programme Petites Ville de Demain. Il s’agit de rendre lisible la centralité par une amélioration des accès, une optimisation du stationnement et des parcours apaisés en cœur de ville » expliquait lors d'une précédente rencontre Ludovic Chaleroux, chargé d'élaborer une feuille de route pour les années à venir. Les craintes de l'assemblée se résumaient par cette interrogation : « à quelle sauce les automobilistes vont-ils être mangés ? ». Quelles seront les nouvelles normes en vigueur quant au stationnement en ville à partir du 14 novembre et quel sera le montant des amendes si infraction ? Réponse : 2 h gratuites avec disque sur le tableau de bord, arrêt de 10 minutes aux endroits sensibles, 35 euros d'amende en cas de non disque ou dépassement du temps imparti. 

Christophe Cabri et Ludovic Chaleroux

Christophe Cabri : « Je cherche un point d'équilibre »

Six mois après l'application de cette réglementation, où en sommes-nous ? Si l'on en croit l'ambiance qui régnait lundi soir dans la salle municipale, la population, non divisée jusqu'à présent sur un sujet aussi banal que le stationnement, l'est désormais. Plusieurs camps apparaissent, chacun tenant ses positions. Prenons la personne qui vient faire ses courses : elle a de la place pour stationner et peut flâner deux heures si le cœur lui en dit (sinon elle doit mettre son véhicule sur un autre emplacement en modifiant l'horaire d'arrivée). Certains commerçants (pas tous) sont pleinement satisfaits : leurs clients peuvent se garer n'étant plus en concurrence avec les voitures ventouses des salariés et des résidents. Quid de leurs chiffres d'affaires ? « Des baisses seraient liées au contexte économique et non à la zone bleue ». Venons-en aux résidents sans garage (réunis en collectif), que font-ils ? Fini la douce époque où ils pouvaient se garer devant chez eux. Ils doivent privilégier les espaces gratuits, parkings du 8 mai, Paul Bert, une partie du champ-de-foire, etc. Quelquefois, ils agissent « de manière sauvage » en trouvant refuge dans la rue descendant au parc des expos, partie engorgée par des voitures sans domicile fixe. Pour les personnes âgées (on peut avoir un handicap important sans carte de handicap) et les curistes logeant en centre-ville, ces dispositions peuvent devenir très contraignantes. Au point que certains curistes disent qu’ils ne reviendront pas. Pour une femme seule avec des enfants en bas âge, c’est le parcours du combattant : aller chercher à pied sa voiture à 300 mètres avec ses enfants pour faire quelques courses, se garer au retour à proximité du domicile pour laisser les paquets, repartir à 300 mètres place du 8 mai pour refaire dans l’autre sens les 300 mètres à pied avec les enfants... Une habitante de la rue Sadi Carnot résume clairement sa situation personnelle : « désormais mes amies me demandent de venir chez elles car elles estiment que stationner à Jonzac est trop compliqué. Elles ont peur d'écoper des fameux 35 euros »

François Perrogon, membre de l'association des résidents

Les intérêts des uns n'étant pas ceux des autres, le sujet est particulièrement délicat. A quelques mois des élections municipales, Christophe Cabri se trouve sur un échiquier. D'ailleurs, Claude Belot, premier adjoint et président de la CDCHS, n'était pas présent. Pas sûr qu'ils écoutent le même disque ! En face, le dr François Perrogon, dont l'épouse possède une galerie d'art place du château, n'entend pas s'en laisser conter. « Le matin, où dois-je stationner ? Je me dirige vers le parking du 8 mai, souvent plein. Alors je reviens en ville et je mets le disque deux heures. Lorsque ce temps est écoulé, je retourne vers le parking du 8 mai en espérant y trouver une place libre. Si je venais à rester devant la galerie sans disque, le montant de l'amende serait de 33.600 euros par an. Ce qui pose d’ailleurs une question : en cas de maladie - voire hospitalisation - rendant impossible le déplacement de son véhicule d’une place en Zone Bleue, serait-on dispensé des amendes qui, en 15 jours, culmineraient à 1.400 euros ? Le membre du Collectif des Résidents de Jonzac propose une partition de la zone bleue et de la zone blanche en ciblant sur toute la commune et non pas seulement le centre-ville, les besoins des commerçants et des résidents riverains ». Le fruit de ces amendes allant au Département, il aurait au moins la satisfaction de participer à la vie charentaise-maritime ! Les résidents sans garage ont-ils la possibilité d'obtenir un macaron (un par famille) moyennant une participation financière annuelle leur délivrant l'octroi d'une place libre de stationnement comme le font Royan, Saintes, etc ? Pour Christophe Cabri, ce n'est pas possible, d'une part parce qu'il n'y a pas de parking payant à Jonzac et d'autre part, les macarons dépasseraient le nombre de places disponibles dans le secteur. La distribution de kleenex, afin de consoler les esprits chagrinés par cette décision, sera-t-elle envisagée ? La question n'a pas été posée !

Globalement, les places Fillaudeau et de la République offrent une fluidité de rotation en raison de la zone bleue. Par contre, la situation est différente sur les places de l'église et du marché, lesquelles sont souvent vides. Depuis janvier, 85 procès-verbaux ont été dressés par mois pour absence de disque (90%) ou dépassement des deux heures. Les débats ont été fournis. Le calme a été maintenu grâce aux participants et au maire qui a conduit les échanges avec diplomatie, ce dernier voulant éviter que la réunion, déjà caniculaire, ne se termine en éruption. On a bien entendu des applaudissements quand l'intervenant était favorable à la majorité du conseil, mais sans plus. Ludovic Chaleroux a pris note des propositions et des ajustements auront lieu. Il en fera la synthèse d'ici une quinzaine de jours. Josée Couprie attend une compréhension mutuelle quant au partage de l'espace public. 

Pour son image, Jonzac, ville thermale, a tout intérêt à afficher son dynamisme et sa fraternité. « On va plancher. Il ne doit pas y avoir de divisions, on va chouchouter les habitants, c'est mon métier » assure Ludovic Chaleroux tandis que Christophe Cabri « cherche un point d'équilibre ». Dernière info : à l'avenir, les contrôles seront plus importants sur les zones de tension (République, Château, Fillaudeau)...

• L'info en plus

Rappel du contexte

• Avant le Test : 1045 places de stationnement dont 750 places sur parkings et poches. 265 places en Zone Bleue limitées à 1h30 de 9h à 12h et de 14h à 18h + Arrêts Minute. Une offre plutôt bien dimensionnée et un cadre réglementaire adapté, mais des lacunes de gestion et des habitudes de stationnement « au plus près » notamment les pendulaires.

• Test de réactivation de la Zone Bleue :

Lancement le 14 novembre 2024 avec verbalisation à partir de janvier 2025. Resserrement de la Zone Bleue du cœur de ville. Création d'une offre Zone Bleue sur des parkings non réglementés en tension. 216 places en Zone Bleue limitées à 2 heures de 10h à 18h, 34 Arrêts Minute limités à 10 minutes de 8h à 19h tous les jours sauf dimanches et jours fériés. 198 logements dans le périmètre de la Zone Bleue (source Insee)

Une première réunion a eu lieu avec les commerçants le 26 juin. Voici la synthèse des principales demandes d'ajustement

• Place du Marché / Eglise : Révision du périmètre de la Zone Bleue place du Marché/Eglise pour bénéficier d'une offre de stationnement longue durée non réglementée. Un participant souligne que ce secteur est le plus souvent vide (en dehors des marchés) « et que certains commerçants vont le quitter en raison de la zone bleue qui les pénalise ».

• Arrêt Minute : vers les 30 minutes

Allongement de la durée de stationnement des « Arrêt Minute » avec une majorité des participants favorables à 30 minutes

• Le lundi : Proposition de suppression du dispositif Zone Bleue les lundis, sauf pour les « Arrêt Minute »

• Verbalisation : Renforcement de la verbalisation pour « dépassement de la durée autorisée » sur les zones en tension (Fillaudeau, République)

• Information / Jalonnement : Développement de la communication sur le périmètre et les principes de fonctionnement de la Zone Bleue et sur les parkings non réglementés à vocation longue durée.

• Marquages au sol : Renforcement des marquages au sol de la Zone Bleue : n'en faites pas trop toutefois, le vélo devant la Porte de Ville classée n'étant pas une réussite picturale et patrimoniale...

• Rue Sadi Carnot (partie haute) : Mise en Zone Bleue des places situées en partie haute de Carnot (après l'intersection avec la rue du Four). 

• Méthode de collecte des données : Similaire à celle utilisée pour les enquêtes d'octobre 2023. Deux jours de collecte des données mardi 15 avril et jeudi 17 avril 2025. 10 à 15 circuits de collecte par jour de 8 h à 19 h, plus deux visites nocturnes

• 4 critères ont été retenus pour évaluer le dispositif : taux de rotation, d'occupation, part des véhicules ventouses, taux de respect de la Zone Bleue