Alors que les sphères politiques s'agitent pour savoir qui détiendra le pouvoir, l'agriculture, celle qui nous nourrit, traverse une période très difficile compte-tenu des aléas climatiques. Un sujet grave qui devrait interpeller chacun d'entre nous. Ainsi, cette analyse de Benoît Biteau, exploitant bio à Sablonceaux, qui tire la sonnette d'alarme et dénonce « des
politiques publiques irresponsables, ne préparant pas l'avenir des
générations futures » :
« Je lis les posts des uns et des autres, souffrant de la chaleur. J'avoue ne pas souffrir du même mal qu'eux. Ce qui est insupportable pour moi, c'est de voir nos productions, que
nous avons eu tant de mal à réussir cette année, littéralement brûler
sur pied.
Nous avions réussi à merveille une trentaine d'hectares
de lentilles noires, sur lesquelles nous avions observé une floraison
très prometteuse. Les températures de ces trois derniers jours sont en train
de sceller définitivement l'avortement de toutes les graines. Les gousses
seront donc vides.
La première vague de sécheresse en mai avait déjà anéanti 11 ha de pois de printemps.
Le gel de ce même mois avait également totalement anéanti 12 ha d'un mélange de caméline et de lentilles vertes.
Nous avions donc resemé, à la suite des 7 ha dès le début prévu en production dans cette espèce, avec du sarrasin.
C'est donc à nouveau 30 ha de productions qui sont en train de brûler
sous les rayons du soleil. 11 ha sont déjà ce matin totalement grillés.
Les presque 20 autres le seront irrémédiablement à la fin de cette
semaine.
Ajouté à l'absence totale de veaux cette année, en raison
de l'andropause très précoce de notre taureau, je ne vous cache pas ma
vive inquiétude sur le devenir de notre ferme, qui avec une telle série
risque de rencontrer de grandes difficultés pour passer l'année 2017.
Et que les tenants du modèle productiviste ne viennent pas se servir de
ce témoignage pour justifier l'usage d'eau d'irrigation. L'irrigation
n'a jamais réglé les problèmes de températures. Et l'eau, il n'y en a
pas. Si les retenues de substitution avaient été en place cet hiver,
elles seraient restées vides !
Enfin, les dizaines de milliers
d'euros d'aides (environ 70 000 €) non versés à notre ferme posent de
très graves soucis de trésorerie, contribuant à nous mettre en
difficulté en raison des importants intérêts à verser à la banque sur
les avances de trésorerie, et contribuant également à ajouter des
soucis, aux soucis.
Voila, je ne vous cache pas mon pessimisme pour l'avenir de notre ferme.
Le paradoxe de la situation, c'est que nous sommes dans des logiques de
production qui, et c'est démontré, participent à l'atténuation du
changement climatique, en diminuant significativement nos émissions de
gaz à effet de serre, mais surtout en nous attachant à ce que chaque
mètre-carré soit mobilisé pour séquestrer des gaz à effet de serre,
faisant de notre modèle, un modèle refroidissant le climat.
Et nous
allons être parmi les premières victimes de ce climat hostile, austère,
par manque de soutien des dispositifs publics pour services rendus aux
équilibres, aux ressources et l'eau en particulier, aux biodiversités
sauvages et domestiques, au climat et à la santé.
Et pendant ce
temps-là, ceux qui polluent, monopolisent la ressource en eau,
continuent de détraquer le climat, de dévaster les biodiversités et
d'impacter notre santé, continuent aussi de se gaver des aides publiques
dans des proportions indécentes et sans scrupules, en réclament encore
davantage pour stocker l'eau et la monopoliser dans cette fuite en
avant qui nous conduisent tous dans le mur.
Et si j'assume
pleinement les difficultés que nous rencontrons, je dénonce aussi des
politiques publiques irresponsables, ne préparant pas l'avenir des
générations futures ».
1 commentaire:
La sitatuation économique est-elle aussi critique pour toi ? Tu as tout de même plus d'une corde à ton arc. En traversant les campagnes, on voit partout l'irrigation fonctionner à plein régime. Comment font-ils ? Allez, courage Benoît ! Amitiés. JF Saunoi.
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