mardi 20 janvier 2015

Si nous défendons la liberté,
nous ne sommes pas forcés
de tomber dans la provocation

Nous avons été des millions à protester contre la liberté assassinée par des fanatiques se prétendant religieux. Fanatisme, religion et blasphème sont une vieille affaire qui a mené souvent fort loin l’humanité. Lorsque nous défendons la liberté et la République qui doit l’incarner, nous défendons en même temps la tolérance et l’humanisme.
Nous ne sommes pas descendus en masse dans la rue pour porter au bout d’une pique ou d’un crayon la caricature de Mahomet en sachant qu’elle est de nature à offenser un milliard et demi de croyants sur cette planète. Si nous devons défendre la liberté, nous ne sommes pas forcés de tomber dans la provocation. Dans le passé, les guerres de religion ont enflammé les esprits pour moins que cela. Certes, en France, depuis 1905, la libre pensée a pris l’habitude de « bouffer » du curé, sans beaucoup de résistance. Ironie, la liberté pensée risque de mourir de faim puisqu’il n‘y a presque plus de curés à manger et que les imams semblent être plus coriaces à croquer.
Que notre pays soit devenu agnostique est une chose, et pourquoi pas d’ailleurs ? Toutefois, l’agnosticisme n’empêche pas le respect des peuples et des autres. A force de mélanger sans cesse Arabes et Musulmans alors que de nombreux Juifs sont arabes, comme le souligne Michel Boujenat, on finit par créer un racisme spécifique qui devrait tomber sous le coup de la loi comme les propos de Dieudonné.
Récemment, Fleur Pellerin, ministre de la culture, déclarait que pour opérer cette délicate distinction, il fallait commencer tôt à l’école et faire de la pédagogie afin d’expliquer que ce qui était permis ici se trouvait interdit là. La pédagogie sera dure à réaliser puisque les distinctions juridiques, qui font l’actuelle jurisprudence, sont particulièrement subtiles. Et les juges ont du mal à peser au trébuchet les propos tolérables à l’encontre d’une religion et ceux qui ne le sont pas à l’encontre d’une autre.
Ne tombons pas dans le juridisme franco-français ! La France se veut engagée dans le vaste monde : elle est au Niger, elle est au Mali, elle est en République Centrafricaine, elle intervient en Irak. Ne donnons pas l’impression que nous prenons la tête d’une croisade et n’aboutissons pas à ce paradoxe que l’horrible exécution d’incroyants notoires nous fasse passer pour les défenseurs de la sainte foi.

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